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Salzbourg : la désunion européenne

La crise migratoire n’en finit plus de diviser (l’Union européenne. Le tout récent sommet de S Salzbourg l’a très clairement souligné. 

La situation de l’UE est aujourd'hui d'autant plus critique que la question des migrants - ou des réfugiés, c'est affaire de vocabulaire... - n'est que la pointe visible d'un iceberg sur lequel Bruxelles pourrait bien, si elle refuse d'y prendre garde, se fracasser.  « Les discussions ont confirmé que des divergences persistent... » Telle est, parmi les diverses déclarations qui ont ponctué la fin du sommet de Salzbourg, celle qui résume sans doute le plus exactement l'état actuel de la question des relations entre les États-membres sur les sujets qui fâchent. D'aucuns veulent se féliciter de ce que, sur la question du Brexit au moins, l’unanimité des Vingt-Sept serait effective. C'est sans doute aller un peu vite en besogne. Disons que chacun commence à s'agacer des atermoiements de Theresa May sur la gestion exacte du divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, au point que même ses compatriotes ne semblent plus trop savoir ce qu'elle veut.

Le président du Conseil européen Donald Dusk, qui a le défaut d'être un des rares Polonais à croire encore à l'avenir de Bruxelles - dans le schéma actuel du moins - a eu beau supplier ses partenaires d'oublier leurs divergences pour devenir constructifs, rien n'y a fait. Il est vrai que, à quelque point cardinal que l'on fixe les yeux, les peuples semblent rêver plutôt d'identité nationale. Et donc de déconstruction européenne !

Il est vrai qu'un certain nombre de ses interlocuteurs avaient de quoi être agacés par l'espèce de déni de démocratie dont Bruxelles s'est désormais fait la championne depuis qu'elle croit en incarner plus pleinement la réalité que les peuples européens.

Calmer le jeu de la démocratie

Il suffit, pour s'en convaincre - si ce n'était déjà fait - de voir comment le Parlement européen a décidé le lancement d'une procédure de sanction à rencontre de la Hongrie au mépris des règlements européens. Les traités européens prévoient en effet qu'une telle décision ne peut être votée par ledit Parlement qu'à la majorité des deux tiers. Elle n'a, en l'occurrence, obtenu que 448 voix sur 693 exprimées. Soit un peu moins de 65%.

C'est peu de choses, sans doute. Mais si une voix n'est plus égale à une voix, la démocratie n'existe plus, et Bruxelles devient visiblement la dictature qu'elle exerce de plus en plus réellement ces dernières années.

Le problème, pour les européistes de tous bords, est que la distribution de mauvais points a dépassé les bornes. Pour être idéologues, les dirigeants de Bruxelles n'en ont pas moins conscience de cette tension grandissante, de ce fossé qui les sépare chaque jour davantage des peuples. Au point que Bruxelles, qui comptait, quelques heures avant le début du sommet de Salzbourg, annoncer la saisine de la Cour de justice de l'Union européenne à propos de la réforme de la Cour suprême polonaise qu'elle conteste, a préféré reporter sa décision.

Devant la confirmation des tensions que les projets européens - pour ne pas dire le projet européen - continuent à faire naître un peu partout, il n'y a plus guère qu'Emmanuel Macron pour vouloir continuer à foncer tête baissée dans le mur. Sans-crainte de menacer, au passage, ses partenaires « Les pays qui ne veulent pas davantage d'Europe, ils ne toucheront plus les fonds structurels et donc il faut qu'au printemps prochain nous ayons cette discussion en vérité. »

Plus guère que Macron pour aller contre les peuples. Même Angela Merkel, fait profil bas. Le chancelier allemand n’était pas présent lors du sommet, se contentant d'apparaître pour le dîner.

Il suffit de regarder une carte de l'Union européenne pour voir combien les peuples, en ce moment, protestent. À l'est, le groupe de Visegrad ; puis, en descendant vers le sud, l’Autriche l’Italie, et même l'Espagne; Au nord, la Suède. À l'est, le Royaume-Uni. Même l'Allemagne est secouée...

Le Français (LR) Joseph Daul, qui préside aujourd'hui le PPE, y met lui aussi de la mauvaise volonté : « La pressé ne peut pas me forcer à rejeter M. Orban. » La presse, en l’occurrence, a bon dos !

Et Emmanuel Macron a tort de s'énerver, car il ne faudrait sans doute pas grand, chose aujourd'hui pour que ceux qu'il menace prennent la porte. Son ambition est-elle donc de revenir aux belles années de la CECA dans l'immédiat après-guerre ?

Hugues Dalric monde&vie 27 septembre 2018

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