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Pas Sibeth que ça

6a00d8341c715453ef0240a4777f49200d-320wi.jpgJusqu'ici le pouvoir macronien fonctionnait sur une dose considérable de communication pure. Depuis 2017, l'annonce tenait lieu de résultat. Ceci a pu faire dire à un brillant économiste, Nicolas Lecaussin, interrogé par Le Figaro, que "Macron réussit à discréditer le libéralisme sans le pratiquer !"[1]

Avec l'accession de Sibeth Ndiaye au rang de porte-parole du gouvernement le travail des cellules de communication, qui ont toujours fonctionné à l'Élysée, mais auparavant de façon discrète, va se dérouler à ciel ouvert. On ne pourra plus mettre au débit d'un collaborateur inconnu du grand public telle formule malheureuse. Les feux de la rampe crépiteront et les ricanements du Canard Enchaîné fuseront au moindre faux pas.

Immédiatement, d'ailleurs, cette nomination a fait jaser. Au début elle avait fait rire, à commencer par l’intéressée elle-même. La première fois qu'elle fut évoquée, le 13 mars, le propos fusa au cours d'une réunion très informelle. Le sujet tournait autour de sa reconversion dans le privé. Un tel transfert a déjà été accompli par plus de 40 collaborateurs de Jupiter en moins de 21 mois de présidence. Moins de 3 semaines plus tard, le 31 mars, la réalité avait dépassé ce qui semblait une fiction. Aux yeux de son maître, prophète du Nouveau Monde, il fallait qu'à tout prix cette jeune personne demeurât dans le dispositif, quitte à en faire une ministre.

Son parcours, au-delà de ses jolies jupes bariolées, pourrait lui conférer en effet un statut de caution de gauche. Le gouvernement souffre cruellement de se voir accusé par les belles consciences, aussi bien sur le terrain de la répression que sur celui d'une fiscalité très superficiellement toilettée mais qui vaut toujours à son maître l'étiquette de président des riches.

Son origine gauchiste, passé par les restes de l’Unef, puis dans la mouvance strauss-khanienne, qu'elle rejoint en 2006, où elle fait connaissance d’Ismaël Emelien et de Benjamin Griveaux, puis sa collaboration au cabinet de Claude Bartolone, au département de la Seine-Saint-Denis, désastreux laboratoire de la subversion sociétale, voilà autant de garanties aux yeux des bons esprits.

Elle alimente déjà la controverse et ses adversaires lui reprochent, parfois même des propos qu'elle n'a pas tenus, mais qui lui ressemblent à merveille. Elle nie par exemple avoir dit, à la mort de Simone Veil : "Yes la meuf elle est dead". Une peu trop n'est-il pas[2]? Quant au "pognon de dingue" la phrase a fait scandale. Resituée dans son contexte, elle se révèle en partie plutôt légitime : le narrateur y regrette en effet l'inefficacité des aides puisque "les gens sont toujours pauvres". Avec elle, on est certes sorti de la langue de bois érigée en système. Les professionnels de l'opposition fulminent. Chacun son métier.

Une communicante triviale voila qui sied au service d'une équipe déjantée. Reste à savoir si le beau royaume de saint Louis y gagnera en crédit. On peut en douter.

JG Malliarakis  

Apostilles

[1] cf. le texte de cet entretien sur le site de l'IREF.
[2] Lire aussi l'intelligente chronique de Tugdual Denis et Louis de Raguenel sur le site de Valeurs actuelles le 1er avril : "Et si Sibeth Ndiaye n’était pas celle que l’on croit ?"

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