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Nous avons tant besoin de héros

6a00d8341c715453ef0240a45e0496200c-320wi.jpgOn a donc rendu, ce 14 mai dans la cour des Invalides un hommage officiel et national à deux magnifiques soldats morts au combat. Après les cornemuses, on entendit le vieux chant "loin de chez nous en Afrique". Une très ancienne émotion se réveille. Elle témoigne d'une inébranlable détermination de notre jeunesse : lutter contre "ceux qui pillent et qui tuent". À ceux-là il faut rendre "la vie très dure"... écho d'un autre chant, remontant aux mêmes années de guerre, porteur de la même nostalgie, dira-t-on.

Je le répète : je ne chercherai pas, quant à moi, à entrer dans la polémique qui envahit actuellement ce qu'on appelle les réseaux sociaux à propos de la qualité des otages, accueillis plutôt froidement par Jupiter. Un soldat tombe toujours pour défendre des civils, des gens que l'argot militaire désigne pour des pékins – et dont l'auteur de ces lignes, très au-delà de la limite d'âgé, définitivement inapte au combat fait partie. Ce qui l'amène à vouer une grande reconnaissance pour tous ceux grâce auxquels nous survivons, et un grand respect aussi pour les hommes des Forces spéciales comme des services du Renseignement qui agissent, jour après jour, pour barrer la route aux assassins djihadistes.

Toute unité militaire, on doit en être conscient, exécute des ordres. Elle obéit, fidèle l'adage antique[1], au pouvoir civil, quel que soit le gouvernement. Elle combat avec plus ou moins de courage, avec plus ou moins d'habileté. Pas toujours avec succès. Les Français éprouvent une certaine difficulté à surmonter leurs échecs.

Il en va de même, d'ailleurs pour les policiers, gendarmes, CRS Toute une galaxie de médias irresponsables les vilipende aujourd'hui. Ils se sont trouvés eux-mêmes aux premiers rangs pour défendre l'ordre public, exécutant les consignes fluctuantes données par le ministère de l'Intérieur.

Que la société manifeste si peu de reconnaissance à ses défenseurs, héros, ou simplement fonctionnaires, me révolte au moins autant, et même un peu plus, que le prix fiscaliste des carburants.

Que vaut dans ces conditions l'unanimité d'un jour ?

Pour la quatrième fois au moins en quatre ans, nous nous sommes mobilisés dans le cadre d'une semblable émotion nationale. En 2015, les attentats islamo-terroristes avaient fait, en janvier, 17 victimes et les 6 attaques du 13 novembre 130 morts et plus de 350 blessés. En mars 2018 l'acte héroïque du lieutenant-colonel Beltrame émeut la France entière. Et maintenant coup sur coup : après l'incendie de Notre-Dame le 15 avril, survient la mort héroïque de Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello en Afrique, honorés aux Invalides.

Que reste-t-il de ces sursauts émotionnels ?

La popularité de la police française en 2015 a fait place à un dénigrement systématique.

Mais concrètement aussi, par exemple, où en est-on avec Notre Dame ? Comme si la page était tournée, comme s'il ne restait plus qu'à répartir des honoraires.

Défendue par Franck Riester, ministre de l'Inculture, la loi permettant de déroger aux règles de construction n'a été votée le 10 mai, en première lecture à l'Assemblée nationale, que par 32 députés pour, 5 contre et 10 abstentions, soit 9 % de présents.

Le soufflé passionnel pourrait paraître ainsi retombé aussi vite qu'il était monté. Un peu plus de 300 amendements avaient été déposés, en vain. Un député breton, M. Thierry Benoît, avait parlé d'une "question cruciale" et s'était privé de rentrer dans sa circonscription en cette fin de semaine. Hélas ses collègues n'ont pas su accomplir le geste symbolique du même acte de présence. Je sais : la bataille parlementaire n'est pas terminée, pas plus que le débat pratique. Prochaine étape le 27 mai, au Sénat, gardien, nous assure-t-on des territoires et de certaines libertés. On pourra le mesurer.

Ce 13 mai sur RTL j'entendais Amélie de Montchalin, secrétaire d'État aux Affaires européennes, reprocher à son adversaire François-Xavier Bellamy ce qu'elle appelle son romantisme. Voilà un argument de campagne électorale qui donne à réfléchir et qui me semble se retourner contre son utilisatrice.

La question des chrétiens d'orient, la défense de la famille, l'identité profonde de la France et de l'Europe, cela ne préoccupe guère nos technocrates. Méprisant ces préoccupations "romantiques", ils bafouent sans remords nos libertés.

Que valent donc les hommages de ces gens-là ?

JG Malliarakis 

Apostilles

[1] En latin : "cedant arma togae".

https://www.insolent.fr/

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