Roue de secours de la bien-pensance, l'Écologie semble porter la poisse aux politiciens qui prétendent la mettre en avant pour sauver la Planète. Cet objectif ridicule ne fait pas encore partie des haines interdites, pourchassés par la loi Avia. Qu'on se rassure : on verra bientôt venir le jour de la répression de l'écophobie. On remarque déjà l'apparition, d'ailleurs, d'une tentative de reconnaissance de l'écocide. Ce mot semble inconnu du grand Littré, mais on n'arrêtera pas le progrès de l'enrichissement de la langue française.
Tout cela semble en très bonne voie, du moins dans le sérail des gens qui se réclament du progressisme, un terme qu'on utilisait autrefois pour étiqueter les compagnons de route du parti communiste mais qui ne déplaît pas aux jupitériens.
Hélas, hélas, hélas, quand on passe aux questions concrètes, le diable perturbe, selon sa bonne vieille habitude, les détails dans lesquels, comme chacun devrait le savoir, il aime à résider.
C'est sans nul doute Belzébuth, épaulé en la circonstance par le diablotin au derrière rouge Edwy Plenel, qui après avoir tenté le couple Rugy avec un plat de homards, infiniment plus cher pour le contribuable que la fameuse pomme d'Adam et Ève, s'est employé à le disqualifier.
Doit-on souligner que la remarquable nullité du personnage avait fait jaser lorsqu'il occupait, jusqu'en octobre 2018, le perchoir de la présidence de l'Assemblée nationale. Et c'est à cette époque qu'il s'était permis, au grand scandale rétrospectif de Sibeth Ndiaye de ne pas régaler ses invités des excellents kebabs qu'elle semble juger recommandés pour son efficace régime.
Or, l'information supposée décisive a définitivement éclaboussé, non pas l'ancien occupant de l'Hôtel de Lassay, alors quatrième personnage de l'État, mais le numéro deux du gouvernement qu'il avait accepté de devenir au lendemain de la fracassante démission de Nicolas Hulot.
C'est bien le ministre de la Transition écologique qui s'est vu touché, coulé, comme englouti dans les algues vertes du lisier de cochons.
Libération a donc beau jeu d'évoquer le "ministère maudit".
On ne compte plus, en effet depuis le départ en 1974, de Robert Poujade du ministère de l'Environnement, créé en 1971, le nombre de ministres qui se sont succédé. Libé, dont la mémoire ne va pas beaucoup plus loin, se contente de constater qu'une "quinzaine de ministres se sont succédé depuis 1995." En fait, c’est infiniment plus si l’on tient compte des éphémères secrétaires d’État et autres ministricules oubliés.
C'est, surtout, faire bon marché d'un autre aspect de ce ministère. Il ne coiffe plus désormais les bonnes vieilles Directions départementales de l'équipement, fiefs du corps polytechnicien par excellence des Ponts-et-Chaussées. Grosso modo, maladie de la réformite oblige, elles sont devenues, sous Sarkozy, Directions départementales des territoires. Ça change tout bien sûr. Mais en dehors de l'objectif qui, entre une série d'autres priorités, leur est assigné de promouvoir le développement durable, elles n'ont fait qu'étendre leur pouvoir aux activités agricoles et maritimes. La transition écologique reste un slogan à l'usage des gogos et surtout un argument réputé imparable en faveur des nouvelles taxations qui contredisent la promesse maintes fois réaffirmée par les princes qui nous gouvernent de ne pas créer de nouveaux impôts.
On voit bien que, de plus en plus, les dirigeants de l'Hexagone se payent de mots, d'éléments de langage et de demi-vérités.
Nous nous trouvons de la sorte dans le royaume de la Communication.
Or, l'exercice va se révéler particulièrement difficile pour la nouvelle promue Élisabeth Borne. Compétente sans doute, en particulier dans le domaine des Transports, courageuse à ses heures, cette estimable personne, qui, au moins, n'a jamais fait semblant de militer chez les Verts, manquait, jusqu'ici, d'une qualité essentielle au fonctionnement du régime actuel, le sens, précisément, de la Communication.
Jupiter, en moins de deux ans, a donc usé deux ministres de cette transition écologique, inventée en 2017, adossée à la prétendue urgence climatique. Dans combien de temps la nouvelle titulaire de ce maroquin glissant se trouvera elle-même, marin rejeté par la mer, hors d'usage ? Les paris sont ouverts.
JG Malliarakis
https://www.insolent.fr/2019/07/un-ministere-e-haut-risque.html