La France reste inégalitaire, néanmoins, notre système de redistribution est efficace : nous sommes sans doute dans le top 10 des nations luttant le mieux contre la pauvreté. D’abord, balayons un mirage : toutes les sociétés actuelles, passées ou futures sans aucune exception ont été, sont ou seront inégalitaires. Dans celles qui se sont prétendues socialistes ou communistes (Cuba, Corée du Nord, Chine, Venezuela, URSS, bloc de l’Est), le contraste était saisissant entre une petite élite disposant de privilèges exorbitants et la masse du peuple maintenue dans la misère. Quant au slogan « faire payer les riches », il est absurde et injuste. En réalité, il ne vise que les membres des classes moyennes supérieures (au-dessus de 3.000 euros par tête), qui sont partout surtaxés en Occident. Quant aux très riches, ils sont certes une source potentielle considérable de revenus pour les budgets : taxer 10 % des revenus des 5 % des Français les plus fortunés rapporte 12 milliards d’euros, mais les moyens tout à fait légaux qu’emploient les « super-riches » limitent drastiquement les prélèvements sur leurs revenus. Et si une nation devient trop intransigeante, les « très riches » changent de pays sans aucun état d’âme. Tout l’art d’un gouvernement est de déterminer le taux maximum que les « très riches » acceptent de payer sans fuir.
Notre système est redistributif : 13 % de nos concitoyens ont un revenu inférieur à 1.068 € mensuels, et 6,5 % à 854 €. Près de 7 millions de personnes perçoivent des aides sociales non contributives (sans cotisations préalables) : RSA, minimum vieillesse, allocations pour handicapés. Le coût total est de 27,6 milliards d’euros (1,2 % du PIB). L’efficacité est notable. Les personnes du 9e décile (1 décile représente 10 % de la population) ont un niveau de vie 3,4 fois supérieur à celles du dernier décile. Cette différence serait de 6,2 sans aides. Ces dispositifs réduisent de 49 % la pauvreté des couples avec 3 enfants, de 38 % celle des personnes seules avec 1 enfant et de 34 % celle des couples avec 2 enfants. Revers de la médaille : les aides constituent 20 % des revenus des personnes gagnant 1.530 € par mois et 41,6 % de celles touchant 1.026 € par mois.
Et on retrouve l’éternelle polémique : les plus pauvres qui ne travaillent pas recevraient des coups de pouce invisibles (cantine et transports gratuits) que n’ont pas les travailleurs pauvres, d’où un sentiment grandissant d’injustice en partie à l’origine de la révolte des gilets jaunes. En outre se pose le problème le plus souvent occulté du poids de l’immigration. Chaque année, 250.000 personnes venant de l’étranger sont régularisées. Du fait de leurs difficultés à s’exprimer en français, de leur manque de compétences, ils s’insèrent très difficilement dans le marché du travail malgré leur bonne volonté. En Allemagne, où règne le plein-emploi, on estime que 65 % des réfugiés entrés en 2015 seraient encore au chômage. En 10 ans, combien avons-nous introduit, en France, de personnes qui n’étaient pas persécutées dans leur pays d’origine et qui ne vivent que des aides sociales, même si, sans doute, elles préféreraient travailler ? Quel est le coût total de cette générosité ? Très difficile de le dire !