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Histoire du populisme occidental, de Périclès à Donald Trump (2)

Partie II – Le populisme ancien et l'invention du discours public (suite)

  La République romaine : la sécession institutionnalisée, levier de la puissance militaire

  En dehors d'Athènes, dans le monde antique les tentatives d'instaurer un régime démocratique se sont soldées dans la violence, déclenchant la guerre civile ou institutionnalisant une lutte entre gouvernants et gouvernés. Les épisodes les plus célèbres furent les multiples sécessions de la plèbe romaine, ayant débouché sur une construction politique originale qui mêlait à la fois des éléments aristocratiques, monarchiques et démocratiques.

  À l'incertitude de règles changeantes qui minait la démocratie grecque, les Romains ont vite préféré un antagonisme clair et frontal entre plèbe et patriciat. Avec toute la gravitas qui leur seyait, leur auctoritas irrévocable et leurs senatus consulte ultimum impitoyables, en comparaison la petite démocratie oligarchique des pauvres athéniens était un havre de paix. Mais paradoxalement, la sécession et la guerre civile n'affaiblissaient pas la cité romaine et lui donnaient au contraire les moyens d'intensifier la guerre et de coloniser toujours plus de territoires. Les athéniens, bien qu'ils aient trouvé l'union en expérimentant un régime politique original, avaient perdu assez rapidement leurs alliances militaires et diplomatiques ; alors que Rome grandissait dans l'adversité et intégrait leurs alliés par le biais d'une lutte des classes interne parfois très violente.

  Il va sans dire que la majeure partie des instruments de la vie politique contemporaine proviennent du monde romain, notamment le système parlementaire bipartisan et bicaméral qui organise la division interne entre différentes catégories sociales et territoriales, ainsi que la tradition du code juridique qui régit les relations entre les personnes. Toutefois, même s'ils en ont fait une institution, il ne faut pas en déduire que la lutte des classes chez les romains était de même nature qu'à l'époque moderne, lorsque les bourgeois s'opposèrent à la noblesse, puis ensuite au prolétariat. En aucun cas la plèbe romaine suivait une stratégie révolutionnaire pour renverser l'ordre établi et elle adhérait aux mêmes valeurs que les classes dirigeantes. C'est justement en cela que l'histoire romaine intéressa tout particulièrement les théories du gouvernement de la science politique moderne.

  Comme à Athènes au VIème siècle av. J.-C., l'esclavage pour dettes dans lequel tombaient les citoyens les plus pauvres provoquait des révoltes populaires menaçant les autorités. Face aux intransigeances du patriciat (noblesse) de céder leur droit d'asservir et de mettre à mort des débiteurs insolvables, les plébéiens refusèrent de défendre la cité et se réunirent sur la colline du Mont Sacré (494 av. J.-C.). Grâce à un accord avec les sénateurs, il fut convenu que de nouveaux magistrats issus de leur rang, les tribuns de la plèbe, soient dédiés à la défense de leurs pairs et reconnus comme sacrés et inviolables. Ils pouvaient rejeter une loi sénatoriale et s'interposer (par intercessio et plus tard par provocatio) aux attaques engagées par les magistrats curules, exclusivement patriciens. Dans les décennies qui suivirent, les plébéiens formèrent une assemblée distincte des comices tributes qui rassemblaient tout le populus, afin d'élire les tribuns et les édiles de la plèbe et voter des lois les concernant.

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