Réponse de Sarah Knafo, n°3 sur la liste de Marion Maréchal, dans une interview accordée à Causeur :
Causeur. Toute l’histoire politique française montre que si on veut être élu, il faut savoir mentir.
Sarah Knafo : Et toute l’histoire politique montre où cela nous a conduits d’avoir voté pour des menteurs ! Je vous pose une autre question : à quoi sert de gagner les élections sans dire la vérité ? Vous pensez que la vérité n’est pas payante, que les Français préfèrent un mensonge rassurant à une vérité inquiétante. Je ne suis pas d’accord !
J’ai une haute estime du peuple français : les Français ne sont pas des aveugles, ni des défaitistes, ni des paresseux. Les politiciens misent sur leur résignation. Nous misons sur leur courage et leur clairvoyance. Reconquête prend le risque de la vérité. C’est un risque. Mais l’alternative, c’est là où nous sommes aujourd’hui.
Sauf que Marine Le Pen est arrivée au second tour. Et pour la prochaine, compte tenu de l’écart, ça n’est pas gagné…
Il reste trois ans et c’est énorme. Les vainqueurs proclamés trois ans avant n’ont jamais été élus. Chaban-Delmas, Rocard, Balladur, Jospin et Juppé. Ils étaient les candidats des médias et des sondages, ils ne sont même pas arrivés au second tour. Ils se disaient : « J’appartiens au système, mes cadres siègent au Palais Bourbon, mon équipe de gouvernement est prête. » Résultat, ils n’ont plus pris de risques, n’ont rien dit qui pouvait surprendre ou choquer. Les Français n’aiment pas ces ronronnements.
Donc, vous affirmez que Marine Le Pen ne sera jamais élue ?
Je n’ai pas de boule de cristal. Mais je connais l’histoire de la Ve République et je dis simplement que, quand on se croit déjà élu, on n’est plus dans la conquête, on ne bouge plus une oreille. Alors, on se dévitalise, et on cesse d’être un vote de contestation, notamment pour les classes populaires.
En somme, vous êtes plus populiste que Marine Le Pen ?
Nous n’appartenons pas au système. La question n’est pas qui est le plus populiste, mais qui est le plus réaliste.
Commentaires
Sarah Knafo oublie un détail : sous la Ve République, le mensonge est constitutionnel, c'est-à-dire systémique. Voter, c'est se mentir à soi-même, quel que soit le candidat pour lequel on vote puisque la constitution a été conçue par une petite clique gaulliste mafieuse (cf. françafrique) pour priver le parlement de tout pouvoir ; quelques députés macronistes vierges, après avoir été dépucelés par un premier mandat, ont reconnu et témoigné que les assemblées sont des chambres d'enregistrement. point.
La Ve République est donc un régime bonapartiste déguisé en démocratie, qui se paie le luxe d'une représentation nationale factice et coûteuse.
Le deuxième détail que S. Knafo occulte, est que le pouvoir personnel du chef de l'Etat, soutenu par les principaux oligarques français, ce pouvoir il l'a remis à la faveur de la crise sanitaire de 2020 entièrement entre les mains de la Commission européenne. Les efforts d'E. Macron pour se distinguer sont du pur bluff électoraliste, comme ceux de G. Meloni et V. Orban.
Les Gilets jaunes ont fait un premier pas, en faisant apparaître aux yeux des Français les moins endormis que l'opposition est conçue comme une nasse pour protéger l'oligarchie, que cette opposition soit de gauche ou de droite, ou même syndicale.
Ce qui est plus difficile, c'est de guérir les Français du réflexe qui consiste à s'accrocher à l'Etat, que la droite préfère mettre en valeur sous le terme de "nation".
Pourtant quand l'Etat n'est plus qu'un Titanic, mieux vaut s'en détacher. La constitution de la Ve République n'est plus qu'une carcasse rongée par la rouille.