Le système électoral impose des gouvernements de coalition, à l’issue des élections, qui sont formés sur la base d’un « accord de gouvernance ». Une véritable feuille de route dans laquelle les partis gouvernementaux annoncent clairement le programme politique de la coalition.
Cette coalition qui vient de se mettre d’accord est composée de partis de droite tels que le PVV, le VVD [Volkspartij voor Vrijheid/Parti populaire pour la liberté et la démocratie, NDLR], le NSC [Nieuw Sociaal Contract/Nouveau Contrat social, NDLR] et le BBB [BoerBurgerBeweging/Mouvement agriculteur-citoyen, NDLR]. Cet alignement politique, selon les partis eux-mêmes, devrait apporter des changements bienvenus aux Pays-Bas, reflétant une orientation clairement conservatrice et axée sur la restriction de l'immigration, la réforme fiscale et l'ajustement des politiques sociales.
Mesures anti-immigration drastiques
Sur le front de l'immigration, le gouvernement propose des mesures drastiques pour réduire le nombre de migrants entrant dans le pays :
- une loi temporaire sur la crise de l'asile qui durera au maximum deux ans. Pendant cette période, le traitement des demandes d'asile sera suspendu et l'accueil des demandeurs d'asile sera « fortement réduit » ;
- le permis d'asile à durée indéterminée sera aboli ;
- les Pays-Bas demanderont à Bruxelles une sorte d'option de retrait des règles existantes, pour définir leur propre politique d'asile ;
- les réfugiés ukrainiens devront payer une contribution personnelle plus élevée ;
- les employeurs qui embauchent du personnel étranger seront responsables des nuisances et des coûts, par exemple d'hébergement, lorsque ce personnel n'a pas de logement ;
- il y aura un plafond sur le nombre d'étudiants étrangers autorisés à venir étudier aux Pays-Bas.
En termes de politique fiscale et économique, le gouvernement promet de réduire les charges fiscales pour les travailleurs et d'offrir une garde d'enfants presque gratuite, pour stimuler le pouvoir d'achat et soutenir les familles. L'augmentation de la taxe sur l'énergie sera partiellement annulée, avec une baisse de 2,8 centimes par kilogramme de gaz. Les récentes augmentations d'impôts pour les personnes aisées seront également partiellement annulées.
Pour ce qui concerne l'environnement et la crise agricole qui a longtemps dominé l'agenda politique néerlandais, le gouvernement promet :
- de ne pas procéder à des expropriations forcées de fermes ;
- il ne sera pas non plus question de réduction forcée du cheptel, mais plutôt de maintien des zones naturelles importantes ;
- enfin, « là où c'est possible », il sera de nouveau permis de rouler à 130 kilomètres par heure sur les autoroutes.
Apres discussions avec l’Union européenne
D’autres mesures intéressantes concernent :
- une injection de 600 millions d’euros en faveur de la santé des personnes âgées ;
- la construction de quatre nouvelles centrales nucléaires ;
- la suppression des subventions pour l’achat des voitures électriques d’ici 2025 ;
- la réintroduction de mesures d’exonérations fiscales pour les petites entreprises ;
- le transfert de l’ambassade des Pays-Bas en Israël de Tel Aviv à Jérusalem.
Globalement, le nouveau gouvernement néerlandais engage une période de transformation profonde, avec des politiques qui vont redéfinir l'équilibre social et politique du pays. Des politiques annonciatrices d’âpres discussions avec l’Union européenne, notamment sur l’immigration et l’environnement.
Cet accord de gouvernement aux Pays-Bas ouvre d’intéressantes perspectives, avec des implications politiques, au-delà du niveau national, à l'échelle européenne et internationale. La volonté des électeurs néerlandais a été respectée. Et avec elle, la transformation de l’Europe tant attendue semble enfin débuter.