L'avis de Jean-François Touzé
Après bientôt 20 ans passés sans interruption à la tête de la Russie —soit en tant que Président, soit comme Premier ministre en charge effective des responsabilités — Vladimir Poutine vient d'ouvrir un vaste chantier constitutionnel destiné à renforcer la la fois les pouvoirs de l'exécutif et ceux de la Douma. Mais l'objectif réel de cette réforme est bien plus ambitieux. Il est clair. Il est légitime. Il est vital pour la Russie et sans doute pour l'Europe : créer les conditions du maintien de Poutine au pouvoir au delà de la fin de son mandat que l'actuelle constitution ne permet pas de renouveller.
Vladimir Poutine est un homme d'Etat. Il sait que les grandes choses ne se font que dans la durée. Un temps long que le totalitarisme démocratique occidental ne peut appréhender.
Pour leur salut, la France, l'Europe et la civilisation ont besoin, elles aussi, de disposer de cette maîtrise dans la stabilité que seuls les pouvoirs forts sont en capacité d'assurer.
En France, la monarchie de droit divin a permis cette vision haute et pérenne de l'État. D'une certaine façons, la troisième République, au delà des crises politiques inhérentes à la démocratie, a su installer dans la durée un régime certes altéré et corrompu par la philosophie qui y présidait, mais encore imprégné d'une volonté nationale et patriote marquée par la grande aventure coloniale, le développement de l'Empire et l'élan bleu blanc rouge de 14/18 hélas tourné vers une guerre fratricide. En Italie, en Allemagne, en Espagne, des régimes d'autorité ont voulu inscrire leur action dans une perspective millénaire.
La Cinquième République, mystification absolue de l'organisation de la chose publique, par le caractère bancal et illusoire de ses institutions, par ses alternances et ses ruptures, n'a dans les faits su, quant à elle, que conforter l'instabilité de la République qui l'avait précédée. En pire !
Il existe pourtant un temps long que le Système a institué : celui de la dictature de la finance, de la spéculation, des lobbies, des droits de l'homme, du mondialisme et de l'immigrationnisme. Un Reich prévu pour durer mille ans.
Nous devons nous aussi nous engager dans une perspective longue d'action en profondeur par l'instauration de modes de gouvernement d'autorité durable dégagés des aléas d'alternances hasardeuses.
Notre combat politique n'est pas un combat politicien. Il est un engagement de long terme destiné à substituer un Système à un autre, un régime à un autre, un édifice à un autre
Pleinement... Et durablement.