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Une jeune nation de 2000 ans

Les Celtes.jpegLe peuplement de la France, tel qu'il était encore au début des années 1970, avant que ne commence l'immense vague migratoire extra européenne que nous subissons, est issu en ligne directe des peuples celtes qui, sous l'appellation de Gaulois, après avoir fusionné avec quelques populations préexistantes mal connues ont mis en valeur les territoires allant de l'Ibérie au Rhin et de l'océan Atlantique aux montagnes alpines. Le réseau urbain et routier, dans ses fondements date de cette période antérieure à la conquête romaine. Celle-ci n'a pas modifié en profondeur ce peuplement et, les modifications intervenues résident principalement dans la pacification de peuples turbulents, l'architecture venue de Rome et de Grèce, la généralisation de la langue latine. Cette dernière, toutefois, s'est trouvée adaptée, apprivoisée par des populations qui lui ont imposé la syntaxe de leur langue originelle aboutissant ainsi à la langue française qui, par exemple, à rencontre du latin comporte des articles.

Les « grandes invasions » de la fin de l'Empire romain n'ont pas modifié en profondeur la nature de la population, les arrivants étant numériquement faible comparés aux occupants gallo-romaines. En outre, ces populations d'origine germanique étaient de proches parentes des Gallo-romains et, rappelons-le, l'on ne les distinguait pas toujours nettement des Gaulois.

Du VIe siècle à la fin du XIXe siècle, soit durant quatorze siècles, ce peuplement n'a connu aucune modification : les Français du Second Empire étaient les descendants des populations mérovingiennes. L'immigration qui se produisit, par suite de la faiblesse démographique des régnicoles jusqu'aux années 1950 n'y apporta que des modifications marginales ; et là encore, qu'elles vinssent du Piémont, de Pologne ou de Belgique, voire de la Péninsule ibérique, il s'agissait de populations ethniquement voisines et de même civilisation cette civilisation helléno-chrétienne par laquelle tout l'héritage culturel des peuples d'Europe avait été en quelque sorte accompli et transcendé par le christianisme qui en est imprégné dans une symbiose telle que vouloir enlever le christianisme à l'Europe revient à ôter le mortier d'un mur en moellons et le détruire.

Une telle stabilité dans la durée, tant ethnique que culturelle et civilisationnelle ne peut s'appeler un conglomérat, c'est-à-dire une agglutination de matériaux disparates mais bien un peuple, une nation autrement dit une communauté de destin forgée et confirmée par l'Histoire et la longue durée.

Une identité territoriale pluri-millénaire

À la fin du Ve siècle, la Gallia, entité administrative héritée de l'Empire romain, se coule dans les contours de cette fédération de peuples celtes conquis par César. Déjà les évêques s'efforcent de reconstruire une autorité politique dans ce territoire dévasté par les grandes invasions et divisé entre Gallo-romains catholiques, royaumes ariens des Burgondes et des Wisigoths, « barbares païens » tels les Francs.

L'unification de toutes ces composantes fut réalisée par le Franc Clovis qui, après s'être fait baptiser à Reims en 496, constitua le territoire la Gaule en un ensemble unique, le « regnum francorum », le royaume des Francs, premier royaume catholique d'Europe, donnant ainsi à la France sa spécificité catholique.

Même partagé entre les héritiers de Clovis, le regnum francorum demeura l'unité politique toujours présente dans les esprits et la renaissance carolingienne, avec pépin le Bref et Charlemagne montra combien cette réalité était vivante.

Le démantèlement de l'Empire carolingien en 843 aboutit à la constitution du royaume de « France occidentale » et, lorsqu'après un siècle de troubles, le Robertien Hugues Capet fut sacré roi des Francs en 987 à Noyon, il ceignait la couronne la plus prestigieuse que puisse porter un souverain chrétien à côté de celle d'empereur.

Pourtant, le royaume dont il héritait était bien différent de la France que nous ont léguée les Bourbons, les terres situées à l'est d'une ligne Saône-Rhône relevant de terres d'Empire. Les désordres du Xe siècle avaient fait éclater le territoire en de multiples entités féodales parfois plus puissantes que le roi dont il était le suzerain.

L'action unificatrice des Capétiens

Toute l'histoire de France, jusqu'à 1789, n'est que celle d'une unique dynastie qui a œuvré pour faire respecter et reconnaître ses droits de « roi des Francs » puis de « roi de France » à partir de Philippe Auguste.

Agrandissant patiemment leur domaine royal, centré sur l'Ile de France, l'un de des régions les plus riches et les plus peuplées du royaume, ils s'attachèrent à abaisser les vassaux turbulents, à faire en sorte que ceux-ci leur fissent hommage, à intervenir directement dans les affaires des vassaux en qualité de juge en dernier ressort de litiges du royaume. Rappelons-nous la dépossession de Jean Sans terre de ses terres de Normandie, d'Anjou et de Touraine par Philippe Auguste parce que Jean avait lésé l'un de ses propres vassaux qui en avait appelé au suzerain, le roi de France. Rappelons-nous Louis XI réaffirmant ses prérogatives envers les ducs de Bourgogne qu'il finit par vaincre, réintégrant cet immense apanage dans le royaume.

En assurant la paix publique, en administrant une justice fiable, les rois de France constituèrent des réseaux d'influence et, plus encore, s'assurèrent la fidélité et la reconnaissance de populations qui avaient tout intérêt à devenir sujets du roi de France plutôt qu'être victimes de l'arbitraire d'un quelconque féodal. Saint Louis s’illustra particulièrement dans cette tâche.

Sous l'influence et le rayonnement d'un pouvoir centré sur l'Ile de France, un sentiment national commença à se manifester de manière consciente et la première manifestation tangible peut en être trouvée en 1214 lorsque, revenant de Bouvines, Philippe Auguste regagna Paris au milieu d'une liesse populaire extraordinaire.

Ce sentiment de solidarité entre toutes les populations vivant sur le territoire du royaume de France, y compris celles devenues il y a peu sujettes du roi de France comme les Franc-Comtois et les Alsaciens, les Artésiens, les Flamands wallons se manifesta encore en 1709 lorsqu'elles répondirent à l'appel de Louis XIV à sauver le royaume menacé de toutes parts en résultèrent les victoires de Malplaquet et de Denain, renversant une situation dramatique.

La continuité de la France

En dépit de la destruction de la royauté en 1792, c'est le même peuple, forgé par quarante rois qui a mené l'épopée napoléonienne, qui, au XIXe siècle, malgré l'instabilité des régimes politiques, a assuré le rayonnement culturel, économique de la France dans le monde, à travers la colonisation notamment. Les soldats de 1914 sont les fils de l'ost de Bouvines tous unis à chaque pour défendre leur sol, leurs biens, leur culture leur civilisation qu'ils savent unique, leur richesse commune et ultime, ce sans quoi ils ne sont plus eux-mêmes.

L'identité de la France, tant dans sa composante spirituelle qu'ethnique et culturelle, subit aujourd'hui une agression comme elle n'en a jamais connu de toute son histoire faite d'une continuité sans pareille et nourrie d'une tradition ininterrompue depuis des siècles. L'universalisme de la France, en tant que communauté de destin dans l'universel, a été détourné par l'idéologie républicaine qui développe depuis plus de deux siècles à partir du sol français, en l'épuisant tel un cancer, un universalisme apatride, négateur de cette identité spécifique et unique dont il se sert comme base de diffusion d'une idéologie sans racines et destructrice du réel parce qu'elle veut ignorer les lois de vie des peuples et des civilisations.

✔︎ Fonctionnaire à l'Aménagement du territoire, André Gandillon est l'auteur de nombreux ouvrages dont Les fondements du XXIe siècle (Roudil, 1992), Nouvelles considérations sur la Raison humaine (F.-X. de Guibert, 1998), Grandeur du Christianisme (F.-X. de Guibert, 2010) et Solutions nationales à la crise mondiale (L’AEncre, 2010)

Droite Ligne n°1 - mars 2010

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