Association, regroupement, fédéralisme, mutualisme… Autant de mots qui se sont incarnés par des actes, et ont permis par la lutte de transformer l'histoire du mouvement ouvrier.
Quand les hommes en ont eu marre de subir, ils ont fait le choix de la solidarité, pour se défendre, se protéger ou pour construire ensemble. Réfléchir et lutter à plusieurs, autour d'objectifs communs, fussent-ils minimalistes, afin de commencer à engranger des victoires ! Dans une stratégie du faible au fort, il est suicidaire d'avancer seul quand un mal commun ronge toute une catégorie d'hommes de femmes et d'enfants. Un homme avait bien compris que l'ennemi userait de tous les moyens pour diviser les chapelles, afin justement, d'empêcher leur unification : c'est Louis-Auguste Blanqui, l'insurgé, celui qui passera de très nombreuses années en prison, car le pouvoir devait l'empêcher de « nuire ».
Le temps d'une résistance unifiée
Blanqui, par exemple, avait fait sienne l'obsession de regrouper les résistants sincères dans des sociétés secrètes il œuvra à la création de la société des Familles, puis à celle des Saisons. Pour tenter de donner une chance aux siens il les prépara… afin d'appuyer le mécontentement populaire et d'amplifier la dynamique du moment.
Il savait bien que la raison ou la charité ne viendraient pas bousculer ceux qui les oppressaient, car cette situation leur permettait de maintenir et consolider leur pouvoir. La presse rendait déjà possible un formidable conditionnement social. L'histoire du mouvement ouvrier dans son ensemble nous rappelle donc qu'avant de vouloir porter l'offensive contre un système qui nous détruit, nous oppresse et nous asservit, il faut se rassembler.
Communautés résistantes et solidaires
Se rassembler implique d'apprendre à mettre de côté notre orgueil, afin de trouver des socles communs autour desquels on devra travailler durablement. S'associer vers un objectif commun, le porter ensemble, le défendre, mais surtout le faire grandir aux yeux de tous. Des objectifs positifs qui feront envie à d'autres et qui feront grossir les rangs. Même si rêver à un Front Commun à l'échelle nationale semble très ambitieux pour l'instant, il convient de construire au niveau local ces communautés résistantes et solidaires. Créer des embryons de fédération des diverses chapelles, autour des forces locales si nombreuses mais dispersées... Seuls nous prêchons souvent dans le vide et nos actes ont peu de portée. Regroupés, associés, fédérés nous porterons alors des initiatives, pour travailler et résister localement, loin des coups de boutoirs uniquement électoralistes d'un mouvement politique qui ne s'intéresse pas à nos destinées le reste du temps.
Retrouvons-nous autour du bien-être de nos enfants, de nos familles, et construisons une résistance à long terme. Notre communautarisme, local, quel que soit notre niveau social, sera une force incontestable pour faire face aux difficultés qui se présenteront à nous, si nous savons travailler ensemble, avec les idées et le savoir de chacun.
RF Réfléchir&Agir N° 59