Le lancement par Michel Onfray d'une revue intitulée "Front populaire" agite depuis quelques jours le Landerneau de l'intelligentsia droitiste.
Objectif affiché par le philosophe : "Fédérer les souverainistes de droite, de gauche et, surtout, d’ailleurs – à savoir ceux qui ne se reconnaissent pas dans le jeu politique bipolarisé, donc manichéen. Nous voulons contribuer au débat d’idées qui n’existe plus depuis des années. Nous souhaitons faire de telle sorte que des notions comme peuple, populaire, nation, souverainisme, protectionnisme ne soient pas des insultes mais des prétextes à débattre".
Air connu... Vieille lune... Brocanterie intellectuelle au "décrochez moi ça". Chevènement s'y est essayé avec le succès que l'on sait tandis que mille cénacles souverainistes ou anti Système ont tenté d'explorer les ultimes remises de ces rêveries poussiéreuses.
La notion même de souverainisme, conçue et voulue dans les années 1990 comme alternative à celle de nationalisme, est un leurre et un égarement. Tenter de la faire revivre aujourd'hui relève d'une action de traverse et d'une volonté de détournement servie par la confusion qui obscurcit depuis deux décennies notre camp politique.
Le fait que Michel Onfray bénéficie depuis longtemps au sein de la Nouvelle droite d'un préjugé favorable en raison de ses prises de positions populistes ne saurait suffire à reconnaître en lui un compagnon de route. Sa proximité ancienne avec José Bové, son engagement lors de la Présidentielle de 2007 auprès d'Olivier Besancenot, son soutien jamais démenti aux organisations et mouvements d'ultra gauche, ses déclarations ambiguës sur l'islam, son dédain professoral des solutions de la vraie droite nationale et son rejet de nos mouvements, devraient inciter les rêveurs du désenclavement prospectif vécu comme prolégomène d'une libération politique menant à un vaste mouvement de sursaut populaire transcendant les clivages, à la prudence et à la retenue.
Rien de bon ne peut sortir de la confusion. Les raisons qui poussent l'ultra gauche à refuser le régime au nom d'un peuple fantasmé dans sa dimension uniquement citoyenne sans jamais renier son internationalisme, ne sont en rien comparables aux nôtres dont le ciment est la foi en une Nation historique et hiérarchisée, charnelle et spirituelle.
Les inconditionnels du débat perpétuel se réjouiront de cette initiative qui occupera leurs jours et leurs nuits pendant quelques mois. Et puis ? Rien ! Comme toujours, le soufflé retombera. Un temps précieux aura une fois de plus été perdu.