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Malthus contre les délires du progrès, de la science... et du métissage 3/4

Les néo-malthusiens eux aussi seraient dans l'erreur. En tête l'écolo-économiste américain Paul Ehrlich, auteur de La Bombe P (Population) - « trop de voitures, trop d'usines, trop de détergents, trop de pesticides […]. La cause en est toujours la même : trop de monde sur la terre ». Un livre qui eut un succès considérable, fut traduit et diffusé en France, par les Amis de la Terre, très tôt après leur fondation en 1970. Cette organisation écologique précurseur qui était alors placée sous le patronage des scientifiques Claude Lévy-Strauss, Théodore Monod et Jean Rostand.

Dominique Guillet, le courageux directeur du distributeur de semences biologiques Kokopelli, énumère quelques unes des catastrophes déjà survenues.

Entre 1956 et 1996, l'érosion a fait disparaître 1,5 milliard d'hectares de terre arable dans le monde.

1 370 ha se transforment en désert toutes les heures, soit 12 millions d’ha par an, la moitié de la surface agricole française.

En 150 ans, les USA ont perdu 75 % (1,50 m) de leur humus.

En Europe, il faudra 2 000 ans pour revitaliser vingt années de production intensive de betteraves.

On pourrait y ajouter l'effondrement des réserves halieutiques des océans. Le recul de la révolution verte. Depuis 1996 la production de céréales par hectare n'a augmenté que de 1 %, contre le double au cours des 40 années précédentes. Chaque terrien en 1950 disposait d'un quart d'hectare de céréales. Réduit aujourd'hui à 10 % d'un hectare.

Barbara Rose, directrice de Future Harvest qui promeut le financement de la recherche agronomique dans le monde, écrit : « Dans le Nord, les gens pensent que notre problème agricole a été réglé et que nous n'avons pas à nous inquiéter. Nous disons que nous avons intérêt à nous inquiéter Chaque année dans ce siècle il y aura 80 millions d'habitants en plus. »

D'ailleurs, au cours du XXe siècle, la famine a été au cœur des hantises de l'administration mondialiste naissante depuis la convention du 1er août 1905 qui réglementa les marchés alimentaires et suscita la conférence internationale de 1908/09 dont émergea le premier codex alimentarius. La Commission internationale de l'agriculture de la Société des Nations. La Commission internationale agraire de 1936 de La Haye. La création dès 1943 de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, profitant du chaos de la guerre et avant même que l'ONU n'existe. Le Conseil International de la crise Alimentaire en 1946. Le Comité des produits et la Sous-Commission de l'Ecoulement des Surplus de la FAO. La campagne contre la Faim de B.R. Sen en 1958. Le Programme Alimentaire Mondial qui se poursuit depuis 1962, sans lequel les prophéties de Malthus seraient d'actualité. Les Congrès Mondiaux de l'Alimentation de 1963 et 1970. Jusqu'à l'Accord sur l'Agriculture de 2 000, la Convention Internationale sur la protection des végétaux, la création de l'OMC (1995) sur les décombres du GATT dont dépendit le Cycle d'Uruguay, etc.

Rappel : sur 6 630 000 000 de Terriens, 850 millions ne mangent pas à leur faim.

Aussi a-t-on peine à suivre les antimalthusiens. Comme l'économiste américain Julian Simon, ennemi intime de Paul R. Ehrlich et auteur d'un ouvrage qui fait toujours autorité, Ultimate Ressource. Le monde ne saurait être "fini", affirme-t-il. Les ressources naturelles, renouvelables, seraient une création de l'intelligence humaine. Charbon, pétrole, uranium... ne deviendraient des ressources qu'après avoir été transformés par elle. Pour Simon, comme pour Boserup, l'intelligence s'élèverait avec l'augmentation de la population et son degré d'instruction, la production dépasserait alors la demande, faisant baisser les prix et laissant à la société suffisamment de réserves pour lutter contre la pollution et la concentration humaine. En somme l'humanité serait confrontée à l'inverse d'une situation de crise. Ce discours, à la crédibilité de plus en plus contestée, est celui que tient depuis des générations le Système en place.

Célébré pour son opposition au « pessimisme malthusien », Julian Simon reçut le soutien des économistes de l’École de Chicago, Friedrich Hayek et Milton Friedman. Il fut un partisan enthousiaste de la philosophie dite de Cornucopia, prenant pour symbole la corne d'abondance, selon laquelle le progrès n'aurait pas de limites, non plus que la richesse. L'innovation technologique et scientifique permettrait à la civilisation humaine de se développer indéfiniment. La matière et l'énergie seraient suffisamment abondantes pour satisfaite les 9,5 milliards d'humains prévus pour 2050, seule une mauvaise répartition de la croissance et de la richesse empêchant que tous en profitent.

Simon fut un des fondateurs de l'école dite d'Environnementalisme de libre marché visant à renforcer une société libre dans une économie libre garantissant la libre propriété et la libre entreprise. Franchement opposé à l'hégémonie gauchiste dominant les Verts, l’Environnementalisme de libre marché penche vers ce qu'on appelle aux États-Unis le Libertarianisme, actuellement très à droite. Y ont adhéré des personnalités aussi remarquables que Ron Paul, Murray Rothbard ou Roger Bâte, économiste défenseur du DDT qui tient les écologistes pour responsables de millions de morts du paludisme en Afrique. On y trouve également... Daniel Cohen-Bendit, ainsi encarté dans une organisation réactionnaire dont le directeur de conscience, Julian Simon, dénonçait vigoureusement l'éventualité d'un changement climatique anthropique, affirmant que les pollutions au plomb, DDT PCB, malathion, Agent Orange et amiante n'étaient « absolument pas prouvées », de même d'ailleurs que le « pic pétrolier ». Au point de déclarer peu avant sa mort en 1998 (qu'il) « n'existait pas de raison impérieuse pour croire que les prix du pétrole puissent augmenter dans les prochaines décennies ».

On comprend que de telles déclarations rendent plus que jamais souhaitable le retour en grâce des malthusiens.

Plan B. Pour sauver la planète

Lester Brown, directeur de World Watchet du Earth Policy Institute, un des précurseurs du mouvement écologiste, reconnu par le Washington Post comme « l'un des penseurs les plus influents de notre temps » de l'aveu même de Borloo, aurait été l'inspirateur du Grenelle de l'Environnement. Or il ne cache pas son admiration pour Thomas Malthus. Et observe que si l'année de la publication de l'Essai sur la Population celle-ci n'avait cru sur la planète que de 0,2 %, l'actuelle croissance annuelle dépasse les 1 %, entre 70 et 80 millions d'habitants supplémentaires. Quand surfaces cultivées et ressources en eau potable sont restées à peu près identiques. Verts et UMP peints en vert sont loin de partager tous ses points de vue. En particulier sur la question de la surpopulation.

Auteur d'une vingtaine d'ouvrages qui font autorité, il est notamment connu pour le très controversé Plan B : sauvetage d'une planète sous pression et d'une civilisation en crise (2003). Ses analyses encouragent d'autant moins à l'optimisme qu'il les illustre d'innombrables exemples glanés dans le monde rural, notamment parmi les agriculteurs en train de perdre la bataille de l'eau contre la mégapole modèle de la société future et le tourisme. Or, sans l'apport massif de l'irrigation, il est exclu de multiplier par deux la production alimentaire d'ici à 2050, avec deux milliards d'habitants en plus.

En mai 2009, Brown publiait dans le Scientific American un long article intitulé « Est-ce que la pénurie alimentaire peut détruire la civilisation ? » Il y reprenait les grands thèmes qu’il défend depuis un quart de siècle. Rappelait l'envolée du prix des céréales entre 2007 et 2008 et l'impatience du Tiers-Monde à accéder à une nourriture carnée de type occidental. D'où une pression intolérable sur le marché mondial des céréales, lequel approvisionne l'élevage industriel dont on exige toujours plus de lait, d'œufs et de viande. Marché de surcroît réduit par l'énormité des tonnages de blé et de maïs que les États Unis détournent vers les agrocarburants. Il soulignait également que 70 % des eaux douces sont utilisées pour l'irrigation, alors que de plus en plus de nappes phréatiques et de puits artésiens s'assèchent.

À suivre

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