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L'irrésistible ascension de Discord, la plateforme sociale à l'abri de la censure

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À mi-chemin entre un réseau social, une salle de chat et une plateforme de gaming, Discord remet au centre du web, le concept de communauté semi-privée. De quoi faire peur à Facebook ?

Vous êtes un gamer invétéré ? Alors vous connaissez sans doute Discord. Créée en 2015 par Jason Citron, cette plateforme de VoIP (comme Skype) permet à des millions de joueurs de s'organiser et de communiquer vocalement durant des parties multijoueurs. Conçue comme un outil de niche, l’application est pourtant en train de devenir de plus en plus mainstream avec près de 200 millions d’utilisateurs réguliers.

Un Skype, un forum et un réseau social tout-en-un

Au-delà de sa fonction première, Discord propose tout un tas de fonctionnalités idéales pour monter des communautés en ligne. Plutôt qu'un page d'accueil unique, le réseau est composé de centaines de milliers de serveurs. Sur ces derniers on y retrouve des salons de discussion vocaux, ou bien des salles de chat, organisés comme sur un forum. À la différence de Facebook ou même de Reddit, il n’y a pas de système de likes ou d'algorithmes filtrant les contenus. L’objectif n’est pas de gagner des concours de popularité comme sur Instagram, mais bien de pouvoir trainer entre internautes réunis autour des mêmes passions. Mine de rien, la plateforme remet au goût du jour les bonnes vieilles ficelles du web d’antan avec des conversations organisées, faciles à suivre et modérées.

Sur ce dernier point, ce sont les administrateurs des serveurs qui sont en premier lieu responsables du ton et de la liberté de parole. Ils peuvent s’appuyer sur d’autres utilisateurs de confiance qu’ils peuvent nommer modérateurs, mais aussi sur de nombreux bots qui filtrent automatiquement les insultes par exemple. En fonction de la communauté, il est donc tout à fait possible de trouver des serveurs aux contenus plus ou moins No Safe For Work et des moteurs de recherche comme Disboard.org permettent de s’y retrouver parmi les milliers de communautés qui s’y trouvent.

Des communautés centrées autour des stars du web

Cet aspect communautaire est d’autant plus accentué que la plupart des serveurs sont semi-privés. Comprenez ici que pour rejoindre une communauté, il faut être invité au préalable. De quoi éviter des invasions massives de trolls qui n’ont rien à faire là. De manière générale, il n’est pas difficile de trouver ces invitations, mais cela permet de donner un côté plus « club privé » qui change des groupes Facebook. Discord est d’ailleurs devenu le canal de conversation privilégié entre certaines stars du web et leurs fans.

Comme la plateforme a connu ses premiers succès avec les gamers, il n’est pas étonnant d'y retrouver en premier lieu les streamers qui sévissent sur Twitch. En effet, Discord permet d’intégrer les flux vidéo en live et permet aux spectateurs de commenter les évènements en direct. En dehors des sessions filmées, l’application sert aussi d’outils pour garder un lien constant avec sa communauté de fans. En France, Squeezie gère par exemple un serveur qui lui permet d’annoncer ses prochaines parties en live, de promouvoir ses vidéos YouTube ou bien encore de discuter directement avec ses fans et leur donner des cadeaux. On y compte une centaine d’inscrits et plus de 3400 « touristes » qui sont de passage sans être abonnés au serveur. Et ce sont de petits chiffres par rapport à des mastodontes du streaming comme Ninja qui cumulent plus de 6000 inscrits et des dizaines de milliers de visiteurs.

Une certaine liberté de parole retrouvée

Bien que le jeu vidéo garde une place prépondérante sur la plateforme, cette dernière s’ouvre peu à peu à d’autres communautés. C’est notamment le cas des Gilets jaunes qui se regroupent sur plusieurs serveurs montant à plus de 20 000 participants. Au menu : fil de discussion politique, organisation de manifestations et débats audio centrés sur l’actualité. Sur Discord, les militants ou simples citoyens y trouvent un endroit mieux organisé, mais aussi libre de la « censure de Facebook ». Derrière ce terme se cache en fait un ensemble de règles automatiques qui désactivent les comptes quand les utilisateurs postent trop de contenus dans un court laps de temps. Comme cette désactivation se fait sans explication, les internautes ont l’impression d’être victime d’une suppression de leur parole politique.

La modération non centralisée offre une liberté d’expression importante, mais elle profite aussi à des communautés et des groupuscules beaucoup plus extrêmes. En février 2018, Discord avait ainsi banni plusieurs serveurs liés à la alt-right américaine et aux néonazis, notamment après la découverte de communautés lié aux rassemblements de Charlotsville. Mais dans un article de Slate remontant à octobre 2018, on apprend que les suprémacistes blancs n’ont aucun problème pour ouvrir de nouveaux serveurs sur la plateforme, elle-mème qualifiée de « havre de paix » pour les racistes.

Facebook louche-t-il sur Discord ?

Avec son système de communautés semi-privées faisant la part belle aux conversations privées, il semblerait que Discord ait fortement inspiré Mark Zuckerberg. Dans sa tribune, datant du 6 mars 2019, le patron de Facebook avait annoncé une véritable révolution pour l’avenir son réseau social.  « Aujourd’hui, nous constatons déjà que les messages privés, les histoires éphémères et les petits groupes sont de loin les domaines de communication en ligne qui connaissent la croissance la plus rapide », a-t-il expliqué alors que l’un des projets en cours serait la fusion de Messenger, WhatApp et Instagram. L’intention de chiffrer l’ensemble des communications des utilisateurs de Facebook est louable, mais on ne sait pas si ça suffira à contrer la mauvaise réputation de son réseau social ni l’irrésistible ascension des petits concurrents comme Discord.

https://www.ladn.eu/media-mutants/discord-plateforme-sociale-abri-censure/

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