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Pour une écologie humaine

La préoccupation écologique est revenue constamment dans les discours du pape aux quatre coins de notre planète. Est-ce un pur effet de mode ? Il suffit de l'entendre pour comprendre que l’écologie - « étymologiquement : sens à donner à la maison » - est partie intégrante du message chrétien.

« Le grand Galilée était convaincu que Dieu nous a donné deux livres celui de la nature et celui de l’Écriture Sainte ». Ainsi le pape Benoît XVI exhorte-t-il un jeune Italien, Giovanni, à ne pas avoir une foi : purement sentimentale, mais à lire ces deux livres. Pour cela, encore faut-il que le livre de la nature, qui ouvre notre raison à la connaissance de Dieu, demeure lisible.

Si le pape reconnaît qu'il intervient si souvent sur ce sujet, c'est qu'il y a urgence : « Nous partageons les mêmes préoccupations, déclare-t-il, avec Chrysostome II archevêque de Chypres, en ce qui concerne le risque de destruction de la création. L'homme l'a reçue afin de pouvoir réaliser, à travers elle, le dessein de Dieu. Mais, en s'érigeant lui-même au centre de l'univers, en oubliant le mandat du Créateur et en se refermant sur une recherche égoïste de son propre bien être, l'être humain a géré le milieu dans lequel il vit en effectuant des choix qui mettent en péril son existence même, alors que celui-ci mérite le respect et la préservation de la part de tous ceux qui l'habitent. »

Abîmer le monde, c'est abîmer l'homme

On le voit, sans se répandre en propos apocalyptiques, le pape ne veut pas d'un optimisme béat : « La création souffre. L'humanité souffre. Elle attend un monde différent, meilleur. Elle attend la rédemption. Et au fond, elle sait que ce monde nouveau qu’elle attend suppose l'avènement d'un homme nouveau, qu'il suppose l'avènement des enfants de Dieu ». Il y a ainsi une étrange solidarité entre l'homme et son monde. Abîmer le monde, c'est abîmer l'homme. Attendre un homme nouveau, c'est espérer en un monde nouveau. Mais d'ici là, nous sommes déjà « sauvés en espérance » et nous devons nous comporter comme des sauvés, non comme des condamnés qui n'ont plus rien à perdre et qui détruisent sans vergogne leur propre maison la terre.

Benoît XVI nous enseigne donc que le monde n'est pas un simple agrégat de forces et de ressources à utiliser pour la satisfaction de nos désirs toujours accrus. Certes il est mis par Dieu au service de l'homme, cet univers. Mais il envoie aussi à l'homme un message spirituel : « L’Église, en considérant avec faveur les découvertes scientifiques les plus importantes, n’a jamais cessé de rappeler qu’en respectant l'empreinte du Créateur sur toute la création, on comprend mieux notre véritable identité humaine profonde », déclare le pape à des jeunes. Et au Parlement allemand : « Il existe aussi une écologie humaine. L'homme aussi possède une nature, qu'il ne peut pas manipuler à volonté. L'homme n’est pas seulement une liberté qui se crée elle-même. Il est esprit et volonté, mais il est aussi nature et sa volonté est juste lorsqu’elle respecte sa nature. »

Le devoir de respect pour notre nature

L'idée d'écologie humaine que le pape lègue à l'Église et à son successeur renvoie à toute une anthropologie : c'est parce que l'homme se veut sans nature, parce qu'il ne reconnaît plus les lois de sa nature spirituelle et chamelle qu'il méprise la nature autour de lui. Et s'il en vient à s'occuper de la nature, on peut penser qu'après avoir fait le ménage autour de lui, il fera le ménage en lui. Les découvertes scientifiques autour du génome humain, qui semble permettre une manipulation des (Sources mêmes de la vie humaine, ne doivent pas supprimer le devoir de respect pour notre nature et pour le dessein du Créateur en nous et autour de nous, dans ce « jardin » magnifique que nous habitons.

Considérer la nature comme porteuse d'un message spirituel, répéter le magnifique psaume « Les deux racontent la gloire de Dieu », cela permet à l'homme de se souvenir de ce qu'il est lui-même : « L’espoir de construire un monde plus équitable dépend de la reconnaissance de la vocation surnaturelle de l'homme » et « quand la dimension transcendante de l'homme est mise en lumière, les cœurs et les esprits sont conduits vers Dieu et vers ce qui fait l'essence véritable de la vie humaine : la vérité, la beauté, les valeurs morales, le respect d'autrui, l'être lui-même et les amène ainsi à trouver un fondement sûr et une vision d'espérance pour la société. »

La raison a besoin de la foi

On voit que dans l'alliance renouvelée entre Dieu et la nature, ce qui compte c'est Dieu, promoteur de cette alliance dès l'origine. Mais pour que cette alliance ait lieu, il faut que « les esprits et les cœurs » se ressaisissent d'eux-mêmes. Une vision purement positiviste de la science et du savoir est insuffisante ! Il faut que la science mène aussi à la sagesse et à l'amour. La raison a besoin de la foi pour prendre une entière conscience d'elle-même et de ses devoirs vis-à-vis d'elle-même et vis-à-vis du-monde qu'elle habite. Dans le Logos qui veille sur l'homme et sur son avenir, il y a non seulement la puissance du calcul, mais la sagesse de l’amour. C’est de ce Logos qui un jour s’est fait chair, que Benoît XVI a voulu être le héraut.

Joël Prieur monde & vie 26 février 2013 n° 872

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