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Franz Stock, un archange en enfer

Une figure de la réconciliation franco-allemande

     Le 22 janvier 1963, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer signent un traité d’amitié préludant à une coopération accrue entre la France et l’Allemagne, en matière de politique étrangère, de défense et d’éducation. L’accord de l’Elysée pose les bases du couple franco-allemand, qui sera le moteur de la construction européenne, même si Adenauer, contrairement à de Gaulle, n’est pas prêt à marquer son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. Cinq mois plus tard, le 15 juin 1963, la dépouille de Franz Stock est transférée à Chartres, afin d’être inhumée dans l’église Saint-Jean-Baptiste de Rechèvres, bâtie deux ans plus tôt afin de symboliser la réconciliation franco-allemande.

     A l’occasion de ce cinquantenaire, diverses manifestations ont lieu à Chartres ce week-end, dont un colloque en hommage à Franz Stock. Qui était-il? En 1934, ce prêtre allemand est nommé recteur de la Mission catholique allemande de Paris. A ce titre, entre 1941 et 1944, il devient aumônier de trois prisons parisiennes (Fresnes, La Santé, le Cherche-Midi), apportant un soutien moral et spirituel aux détenus français, et accompagnant de nombreux résistants condamnés à mort, tel Honoré d’Estienne d’Orves, jusqu’à leur lieu d’exécution, au Mont Valérien. De nombreux témoignages prouveront qu’en bravant les ordres, il faisait passer des messages aux familles des prisonniers français, risquant sa propre vie.

     Prisonnier de guerre en 1944, l’abbé Stock est nommé responsable d’un camp où sont rassemblés, près d’Orléans, puis à côté de Chartres, de 1945 à 1947, plusieurs centaines de séminaristes allemands, dont il organise la formation. Ce « séminaire des barbelés » recevra plusieurs fois la visite du nonce en France, Mgr Roncalli, le futur Jean XXIII.

     Malade, Franz Stock meurt d’épuisement, en 1948, à 44 ans. Etant toujours prisonnier de guerre, il est enterré à Thiais, d’où sa dépouille sera transférée à Chartres en 1963. « Archange en enfer », il avait servi les Français prisonniers des nazis, comme ses compatriotes prisonniers en France. Avec lui, la charité passait les frontières.

Jean Sévillia

A lire : Franz Stock, de René Closset, Fayard, rééd. 1998.

https://www.jeansevillia.com/2015/04/11/franz-stock-un-archange-en-enfer/

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