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Stanislas Guerini au pays des pochetrons

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On connaissait l’effet, ou plutôt le double effet Kiss Cool. Une expression entrée dans le langage courant dans les années 90 et empruntée, comme souvent, au monde de la publicité. Une action provoque un effet attendu et un second, plus inattendu. Allusion aux bonbons Kiss Cool qui rafraîchissaient l’haleine (premier effet, garanti sur facture) et qui, par ailleurs, provoquait une sorte d’euphorie – enfin, c’est la pub qui l’affirmait. Le double effet Kiss Cool peut être positif comme négatif. On parlera du deuxième effet Kiss Cool des indicateurs de performance dans un séminaire d’entreprise très sérieux, viennoiseries et jus d’orange à volonté. Comme on pourrait, aussi, parler de l’effet Kiss Cool de la suppression de la taxe d’habitation, effet que les propriétaires ne tarderont pas à vite ressentir. Un effet pas très cool. Bref, l’effet Kiss Cool peut être mis à toutes les sauces. Mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui. Quoique.

Aujourd’hui, nous voudrions parler d’un autre effet qui vient de sortir : « l’effet apéro ». L’apéro, c’est bien connu, c’est sacré, en France. Champagne entouré de créatures de rêve perchées sur des talons de quinze, whisky entre hommes dans de confortables fauteuils club, pastis par temps bleu sous les pins du camping, petit blanc au coin du zinc alors qu’il pèle dehors, doigt de porto chez la grand-mère qui a fait 95 ans le mois dernier. L’apéro réussit ce que Giscard échoua à faire et que Macron ne réussira sans doute jamais, sauf peut-être contre lui : rassembler deux Français sur trois. L’apéro est un fléau… universellement français.

C’est , en charge du service après-vente de la politique gouvernementale, puisque délégué général de La République en marche, qui a bien vu le problème, au regard de la lutte contre le Covid, « virus social », selon ses propres mots, mercredi soir, sur BFM TV. L’intérêt du couvre-feu à 18 heures ? C’est de « contrer l’effet apéro, si je puis dire », explique le député de Paris. Car c’est bien connu, des millions de Français, chaque soir, à la sortie du turbin, comme autrefois l’ouvrier parisien, vont se pochetronner et boire leur paye au lieu de rentrer sagement à la maison pour se jeter sur la banquette et regarder Hanouna. Vous me direz que les cafés, débits de boissons et autres bars à vin sont fermés depuis des semaines. Mais les Français sont incorrigibles et pleins d’imagination pour contourner la patrouille. Sitôt l’ordinateur mis en veille, ils sortent du tiroir de dessous ou de l’armoire à produits d’entretien les bouteilles d’alcool et le paquet de cacahuètes ouvert depuis trois semaines (passons les détails) et improvisent des after apéro. L’alcoolisme et son cortège de misère sociale, comme on disait jadis lorsque les ministres portaient des lorgnons et la rosette à la boutonnière… Avec le couvre-feu à 18 heures, c’est pas la même limonade : tu fermes ton ordinateur, tu dis bonsoir de loin aux collègues et tu rentres chez toi. Point barre. Ou, plutôt, point de bar.

Donc, « l’effet apéro », fini.

Maintenant, le tout est de savoir si la suppression ou, tout du moins, la limitation de l’effet apéro, avec un couvre-feu à l’heure des poules, ne va pas entraîner quelques effets secondaires, autrement dit Kiss Cool : embouteillages à la sortie des agglomérations, par exemple. Pas très grave : tout seul dans sa voiture, on ne risque pas de contaminer ou d’être contaminé. Ou bien, autre exemple, transports en commun bondés à l’heure du thé. Pas grave non plus, car il paraît que ce n’est pas dans les transports en commun qu’on se contamine le plus…

Georges Michel

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