L’incendie criminel du camp de migrants de Moria, dans l’île de Lesbos, en Grèce, en septembre 2020, avait relancé les débats sur la prétendue politique migratoire européenne mais les projets annoncés avaient fini en eau de boudin. Les récents naufrages de plusieurs embarcations en Méditerranée centrale ou l’arrivée de plus de 2 000 migrants en l’espace de vingt-quatre heures à Lampedusa, en Italie, à la mi-mai, n’ont pas eu beaucoup plus d’effet sur ces discussions, reléguées au second plan alors qu’il est urgent (pour ne pas dire trop tard) de prendre des décisions fermes, face à la pandémie migratoire.
L’arrivée récente de milliers de Marocains et de sub-sahariens, dont de nombreux mineurs isolés, à Ceuta (enclave espagnole au Maroc), a rappelé, quant à elle, que des pays savent désormais user de la migration comme d’un instrument au service de leur politique internationale ou de leurs intérêts. Cela avait déjà été le cas de la Turquie, en 2015) mais, en voulant « punir » Madrid pour sa position à l’égard du Sahara occidental, le Maroc indiquait qu’il avait lui aussi bien compris l’impact d’un tel geste sur les opinions d’Européens qui ont le sentiment que, faute d’une véritable politique, l’Europe s’avère incapable de gérer la crise migratoire.
Certes, l’UE, forme et finance les gardes-côtes libyens, modère ses critiques contre la dérive autoritaire de la Turquie pour ne pas détruire l’accord conclu en 2016 sur le contrôle des flux migratoires, ou ferme les yeux sur les accusations, répétées depuis des mois, visant la Grèce, la Croatie ou la Hongrie que l’on accuse de « refoulements illégaux » (sic). Comme si refouler des envahisseurs pouvait être considéré comme illégal ! Et, si ça l’était, il serait urgent de se défaire de telles contraintes (il s’agit, vous l’aurez compris, de références à ce que nous imposent les accords dits de Dublin).
Après l’épisode de Moria, Bruxelles avait hâté la publication de son « pacte global pour la migration« , censé éviter la réédition d’une crise comme celle de 2015-2016, marquée par 2,3 millions de passages illégaux des frontières extérieures. En réalité…rien n’a changé puisque l’objectif de l’UE est resté le même, celui du
« GRAND REMPLACEMENT » des populations de souche européenne par des allogènes venus d’ailleurs.
Balançant entre « solidarité et responsabilité », comme le soulignent à l’envi ses promoteurs, ce projet introduit de nouvelles procédures pour accélérer et simplifier l’examen des demandes d’asile avant même que les migrants pénètrent sur le territoire européen. Il modifie le système de demande lui-même, renforce la protection des frontières extérieures et crée de nouveaux outils pour la gestion des crises. Résultat : ZERO !
Le texte contourne certes la difficulté des accords de Dublin, qui obligent actuellement le pays de première arrivée à gérer l’examen d’une demande d’asile. La procédure ne serait pas abolie, comme le réclament l’Italie et la Grèce, mais la situation d’un migrant serait examinée avant son passage de la frontière. Il passerait ensuite par la procédure d’examen, avant d’être admis – ou renvoyé – plus rapidement. Une usine à gaz, incapable d’effet réel puisqu’il faudrait examiner la situation de chaque migrant…au Maghreb, en Libye ou en Turquie !
Les pays d’Europe centrale et orientale reçoivent quand même, eux, la promesse d’un renoncement aux mécanismes de relocalisation obligatoire et aux quotas par pays proposés par la Commission présidée par Jean-Claude Juncker (2014-2019). En échange, on leur demanderait de participer activement aux retours et d’apporter une « contribution flexible », notamment financière, à cette nouvelle politique, censée se concrétiser en 2024…
Alors que la seule véritable solution est l’objectif ZERO MIGRANTS, s’il le faut par la force.
L’ensemble a un objectif très politique, résumé à l’époque par Margaritis Schinas, le vice-président chargé de la controversée « promotion » du mode de vie européen : « Dire aux populistes que l’Europe apporte des solutions aux problèmes migratoires. » Avec une allusion transparente à la prochaine présidentielle française. Mais, comme toujours avec cette association de malfaiteurs, ce ne sont que « Paroles, paroles, paroles« .
La négociation a-t-elle progressé, ce projet verra-t-il le jour ? A Bruxelles, les plus optimistes parlent de… « légers progrès ». D’autres évoquent la persistance d’un blocage organisée par les pays du groupe de Visegrad (Hongrie et Pologne en tête, qui refusent carrément le sujet, République tchèque et Slovaquie, dans leur ombre, défendant le statu quo actuel). Le noyau dur de la protection de la civilisation européenne. Hélas, nous n’y trouvons pas la France qui a baissé pavillon depuis longtemps.
L’actuelle présidence portugaise de l’Union a rapidement manifesté sa volonté de ne pas faire du pacte l’une de ses priorités. Il est très probable que la Slovénie, qui prend la suite, de juillet à décembre, ne s’en souciera pas davantage. Le pays ayant à sa tête le premier ministre Janez Jansa, proche de Viktor Orban, son homologue hongrois.
L’Allemagne elle-même n’est pas parvenue à faire vraiment bouger les lignes durant sa présidence, en 2020, et a refusé l’idée d’une action limitée à une « coalition des volontaires ». Aux yeux de Berlin, c’eût été l’abandon des principes de coopération et de solidarité avec, à la clé, une fragmentation supplémentaire du bloc communautaire.
Hélas, quatorze Etats membres de l’UE ont approuvé le « mécanisme de solidarité » pour la relocalisation en 2019 et, à la fin de 2018, 152 pays (hormis les Etats-Unis, dirigés alors par Donald Trump, et le groupe de Visegrad) ont signé, à Marrakech, le pacte global pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Une escroquerie, signée par la France et que nous avons dénoncée (https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2018/12/07/leffet-boomerang-du-pacte-de-lonu-sur-les-migrations/ et aussi https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2019/01/03/pourquoi-avoir-signe-un-pacte-mondial-sur-les-migration-qui-parait-il-ne-sert-a-rien/).
Cette inertie des instances dirigeantes de l’UE a, paradoxalement, des conséquences favorables dans la mesure où, en ces périodes pré-électorales dans plusieurs pays européens (et comme le montrent déjà quelques sondages d’opinion), le thème de l’immigration-invasion comme celui du « Grand Remplacement » pourraient très rapidement s’inscrire à nouveau en tête des préoccupations des citoyens.