Enfin, les Français ont été entendus ! Et c’est par la voix de leur inestimable Président, Emmanuel Macron, que la nouvelle a été rendue publique dans une joie et une allégresse visible de toute la classe dirigeante française : la Commission européenne vient de confirmer la possibilité pour les États membres d’interdire les réseaux sociaux sous un certain âge ! Youpi !
Pas de doute, comme le dit l’actuel locataire de l’Élysée, c’est une véritable victoire pour ce qu’il présente être « la protection de nos enfants » (enfin, les nôtres, pas les siens puisqu’il n’en a pas – et ce n’est pas un hasard). Assurant dans la foulée que « la France sera au rendez-vous », Macron semble donc frétiller à l’idée qu’un contrôle strict va être mis en place sur internet (et, par voie de conséquence, sur les réseaux sociaux – ça tombe bien, non ?).
La nouvelle semble d’importance puisqu’avec Macron, c’est toute la médiocratie qui s’est réveillée en pleine frétillance : allumée comme un jukebox de bar-PMU des années 70, Cunégonde Valérie Hayer s’est fendu de l’un de ces tweets inénarrables dans lequel elle se réjouit donc de la prochaine interdiction des réseaux sociaux au moins de 15 ans poussée tant par la France de Macron qu’au niveau européen :
Passons bien vite sur l’aspect technique de cette interdiction dont on attend avec gourmandise la mise en place pratique. Entre l’usage évident, simple et déjà démocratisé d’un VPN qui rendra une bonne partie de ces mesures parfaitement caduques, il apparaît assez clair que n’importe quel gamin accèdera à internet au travers d’appareils qui seront, plus que probablement, enregistrés au nom de leurs parents.
Il est dès lors évident que toute contrainte qui se voudrait efficace devra reposer sur les adultes, les parents ou tuteurs des enfants prétendument ciblés ici : ce seront ces adultes qui devront autoriser ou non l’accès, ce seront ces adultes qui seront rendus responsables en cas d’infraction – pensez « amendes » comme pour HADOPI jadis mais en plus complexe et plus futile – et ce seront ces adultes qui, très concrètement, subiront les emmerdements qui vont être mis en place pour faire mine de sauver les enfants des horreurs des intertubes.
L’idée que les problèmes observés – enfants qui accèdent à des ressources pour adultes sur internet, harcèlement en ligne, etc. – pourrait provenir d’un abandon de la responsabilité parentale au profit de l’État ne semble effleurer personne : d’une part, cela irait contre le discours dominant qui fait des enfant la propriété de l’État du berceau au cercueil pour en faire de bons citoyens formatés et obéissants. D’autre part, cela reviendrait à rappeler leur responsabilité aux parents, effort supplémentaire rarement compatible avec le besoin d’un électeur-contribuable mou et docile.
La suite est évidente : on va devoir pister les adultes !
On commence d’ailleurs à entrevoir les contours de ce qui va se mettre très concrètement en place : moyennant l’utilisation imposée et pas du tout intrusive d’une identité numérique délivrée par une instance de l’État – qui ne coûtera pas trop cher, rassurez-vous – les individus pourront (ou pas) accéder à certaines ressources sur internet.
Apparemment, un projet pilote incluant la France, l’Espagne, l’Italie, le Danemark et la Grèce va être lancé prochainement avant que son application à l’ensemble de l’Europe ne soit proposée pour fin 2026 et rassurez-vous, aucune fuite de données des tierces parties qui vérifieront les âges ou stockeront ces identités numériques n’aura jamais lieu : tout a été pensé et taillé comme la plupart des autres projets informatiques gérés par les États.
Bien sûr, cette étape ne sera pas la dernière puisqu’avec quelques technologies simples (VPN notamment), l’ensemble de ces barrières sera contourné rapidement. En toute bonne logique, l’Europe, cornaquée par la France, réclamera l’interdiction de ces outils.
La différence avec ce qui se passe en Chine, derrière le Great Firewall, ne sera alors même plus marginale mais ne déclenchera aucune prise de conscience : ceux qui ne veulent pas comprendre ne comprendront pas qu’il s’agit bel et bien de censurer les intertubes et notamment les réseaux sociaux, tant ces derniers permettent d’échapper au matraquage propagandiste des médias traditionnels.
Chaque mois qui passe est l’occasion pour les dirigeants actuels, notamment en France, d’ajouter de nouvelles contraintes à la liberté d’expression, et toutes vont dans le même sens : tout est fait pour enfin faire cesser l’expression d’opinion – notamment politiques – dissidentes.
La caste politique actuellement au pouvoir en Europe a compris qu’étiqueter leurs opposants avec des qualificatifs aussi infâmants que possibles (nazis, fascistes, racistes, extrémistes, complotistes, pro-Poutine et j’en passe) fonctionne de moins en moins bien : petit-à-petit, les peuples maltraités, insultés par leurs dirigeants, finissent par ne plus porter attention à ces stigmatisations qui ne marchent que par ostracisation notamment dans les médias traditionnels, qui, bien malheureusement pour la caste dirigeante, perdent leur pouvoir au profit d’internet et notamment des réseaux sociaux.
L’attaque de ces réseaux est donc logique, tout comme l’interdiction des partis qui se lèvent contre les narratifs officiels : judiciarisation politique contre le Marine Le Pen en France, interdiction pure et simple ou détournée pour l’AfD en Allemagne, ostracisation d’Orban, … les exemples abondent.
L’Union européenne et la France sombrent dans la dictature. Oh, on n’y est pas encore évidemment, mais on s’y coule doucement, petit-à-petit comme on rentre dans une mer trop froide, un pied après l’autre, lentement, jusqu’aux genoux d’abord, puis plus haut jusqu’enfin au nombril où, à ce moment, on se décide à rentrer tout entier ; le pays n’en est peut-être qu’aux genoux, encore qu’avec la période COVID, il a largement mouillé les cuisses, pour ensuite se dire qu’après tout, il était encore trop tôt et reculer un peu.
Mais avec les dernières décisions et projets de lois de plus en plus consternants dont ces colonnes se faisaient l’écho récemment, avec ces dernières déclarations, avec ces dernières expérimentations, avec la pénalisation de l’enquête sur X – tellement réalisée à charge que la direction de la plateforme s’est fendue d’un communiqué à ce sujet – et cette volonté d’en finir avec des réseaux sociaux ouverts à tous sans le contrôle du Grand Frère État, comment ne pas voir la trajectoire prise ?