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« Un sentiment d’insécurité » : les Français assassinés ces dernières semaines ont-ils eu « le sentiment » d’être protégés ?

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Ainsi donc, Emmanuel  a entamé son tour de France pour essayer de prendre le pouls de la population. Courageux mais pas téméraire, il s’est rendu dans l’un des villages préférés des Français, Saint-Cirq-Lapopie, dont les ruelles médiévales ravissantes et très entretenues attirent, chaque année, plusieurs centaines de milliers de touristes, mais où vivent quelque deux cents âmes à l’année. La visite du Président était encadrée par une escorte impressionnante, le village bouclé, les journalistes interdits d’entrée sans accréditation. La carte postale politique parfaite pour montrer une France bucolique, apaisée, sûre, idéale : la France des années 80, celle de mon enfance, où les adolescentes ne se faisaient pas poignarder à 14 ans, les policiers égorger et les  décapiter, les vieilles dames violer et dépouiller.

Ou si peu, si rarement.

Une France où soufflait un vent de  et d’insouciance, une France sûre et prospère. Une France qui n’est pas celle d’aujourd’hui.

Quelques heures plus tard, à Martel, dans le Lot, Emmanuel Macron s’exprimait au micro de BFM TV et déplorait une montée de la violence : « Ce que notre nation vit, c’est un sentiment d’insécurité mais en quelque sorte où tout rentre en harmonique. C’est l’inquiétude sur “Est-ce qu’on va réussir à financer ceci ou cela”, c’est l’inquiétude sur le sujet climatique, c’est l’inquiétude face au fait migratoire, c’est l’inquiétude culturelle, et c’est l’inquiétude liée aux faits divers. Tout correspond au même sentiment dans notre pays, le fait qu’on ne maîtrise plus les choses et que l’on vit dans un  qui n’est plus le même. » À ces propos iréniques et un peu confus, à ce ton paternaliste pour s’adresser aux Français, on objectera avec Alain Bauer qu’« un profond mouvement de retour de la violence physique est en train de se produire, particulièrement en Occident. Il est ignoré ou sous-estimé » (Le Figaro).

Par le chef de l’État, certainement. Mais un sondage Elabe du 21 avril 2021 révélait que 65 % des Français (+7 points depuis le 30 août 2020) estiment que la situation en France en matière de  des personnes et des biens se dégrade depuis quelques années.

Il y a plus qu’une différence d’échelle, de degrés entre le constat du criminologue et celui du président de la République. Il y a un changement profond et réel dans la société française : les « faits divers » de la dialectique macronienne, ceux pour lesquels la France des années 80 retenait son souffle au journal de 20 heures, ont disparu : la violence, aujourd’hui, est endémique à la société française, fruit tout autant d’une  extra-européenne tellement massive qu’elle en est inassimilable que de la destruction des politiques pénales.

En parlant ainsi de « sentiment d’insécurité », Emmanuel Macron pense montrer aux Français qu’il partage leurs inquiétudes, quand il ne fait que preuve d’une cécité coupable. Le maître des horloges veut remonter le fil du temps dans une narration datée, un logiciel d’analyse volontairement bloqué à la France des années 80 : on est passé, dans ce discours préélectoral, de la start-up nation à la France de Mesrine et du gang des postiches.

Voici quelle fut la réponse d’Alain Bauer, ce matin, sur BFM TV : « Tous les gouvernements minimisent la problématique de la violence, ce qui fait qu’ils se font toujours rattraper par la patrouille de la réalité […] Le “sentiment d’insécurité”, ça n’existe pas. L’insécurité n’est pas un sentiment, c’est un élément rationnel et structuré autour d’un climat particulier dont l’élément majeur est la violence, et en ce qui concerne la violence homicide, nous sommes dans un état tout à fait historique de dégradation de la vie sociale. »

Marie d'Armagnac

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