« Nazisme et fascisme issus de la “gauche” ? Les affirmations contestables d’Éric Zemmour » : ainsi s’intitule l’article anti-Zemmour paru dans AFP « Factuel », ce 25 juin.
L’AFP convoque des historiens chargés de contester l’affirmation d’Éric Zemmour selon lequel nazisme et fascisme seraient issus de la gauche. Le tout est servi par le talentueux approximateur M. Tordjman, du « service de vérification AFP Factuel ».
Les propos de M. Zemmour sont, certes, ici plus ceux d’un polémiste que d’un véritable historien. Ils ont cependant le mérite de mettre un grand coup de pied dans la lourde fourmilière de la bien-pensance historique.
Ainsi, selon Mme Matard-Bonucci, chercheuse associée à Science Po, notre sainte Mecque de la pensée officielle, Mussolini ne peut être présenté comme un ancien socialiste quand il crée le fascisme, puisqu’il avait depuis longtemps cessé d’être socialiste et qu’il considérait la gauche comme l’antithèse de la nation… C’est négliger un peu vite les variations de la politique économique et sociale du pouvoir fasciste, ni totalement de gauche ni totalement de droite, avec une succession de phases libérales et de phases keynésiennes. Affirmer que la politique de Mussolini n’est pas de gauche est une approximation aussi consternante que d’affirmer qu’elle ne serait pas du tout de droite.
Bon, mais les fasci étaient une « force réactionnaire » qui allait « durement réprimer le mouvement ouvrier » ! Donc, réprimer des mouvements ouvriers ferait de vous un réactionnaire de droite ? La révolution bolchevique a largement écrasé du prolétaire, socialiste-révolutionnaire ou paysan. Personne ne s’aviserait de la classer comme un mouvement de droite réactionnaire.
Bon, mais le fascisme se situerait aux antipodes des « valeurs de la gauche et du socialisme : l’internationalisme » ! L’internationalisme a bon dos quand il cache mal, sous son vertueux manteau, un expansionnisme impérialiste impur et dur. Qu’ils étaient beaux, les « internationalismes » soviétiques des années 30 et de la guerre froide… Quelques centaines d’assassinats de membres des Brigades internationales par les sbires de Staline par-ci, quelques millions d’Européens de l’Est écrasés sous la botte soviétique par-là…
Et le « pacifisme », cette autre belle valeur de la gauche combattue par les fascistes ! C’est, une fois encore, ignorer sciemment que ledit pacifisme de l’entre-deux-guerres n’était pas plus de gauche que de droite, et qu’il fut souvent instrumentalisé par Hitler.
Un autre « expert », M. Chapoutot, espérant prouver que le nazisme ne tire pas ses racines de la gauche, affirme qu’Hitler n’a jamais été de gauche. Le nazisme est né au sein du « Parti national-socialiste des travailleurs allemands ». Il est impossible d’effacer d’un simple revers de plume ce fait lourd d’implications. Et encore moins possible d’affirmer péremptoirement qu’Hitler était purement et simplement « d’extrême droite », tout en évitant soigneusement de définir l’extrême droite. La vérité ? Ces extrémismes n’étaient pas plus pleinement de gauche que de droite et ils empruntaient leurs fondamentaux aux deux côtés de l’échiquier politique pour aboutir à des mélanges aussi monstrueux que détonants.
Enfin, pour conclure en beauté, M. Tordjman fait un parallèle audacieux entre le petit Satan français, Zemmour, et le grand Satan américain, ces parlementaires trumpistes qui comparent le parti démocrate au parti nazi. Comme s’il suffisait à un procureur de dénoncer le propos caricatural de personnes sans liens avec l’accusé pour obtenir sa condamnation pour diffamation…
Petite question : de quelle tendance politique était issu Jacques Doriot, fondateur du Parti populaire français pro-nazi ? N’était-il pas, jusqu’en 1936, un tout petit peu l’un des dirigeants du PCF ?
Cela ne dit probablement rien à M. Tordjman… Ce n’est pas assez « Factuel »…