Le 15 juin, le Parlement hongrois vote une loi relative à la protection de l’enfance. Deux volets, dans cette loi : d’une part, l’alourdissement des peines encourues par les pédophiles et, d’autre part, l’interdiction de la présentation de documents à caractère pornographique et de la propagande homosexuelle ou en faveur du changement de sexe dans les écoles ou par le biais de la publicité accessible aux mineurs. On n’y trouve aucune stigmatisation des homosexuels.
Cependant, l’opposition socialiste-libérale crie à l’homophobie. À défaut d’obtenir un soutien dans le pays (une manifestation pro-LGBT organisée quelques jours avant le vote n’a réuni qu’une dizaine de milliers de personnes), elle fait appel à l’Unin européenne pour tenter de faire mettre Orbán au pas. Les réactions ne tardent pas, puisque la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, parle d’une honte, tandis que le Premier ministre belge Alexander De Croo voit une loi arriérée et discriminatoire. Le Premier ministre hollandais Rutte va même jusqu’à affirmer que la Hongrie n’avait plus rien à faire dans l’Union européenne. Et lors du Conseil européen du 25 juin, ce ne sont pas moins de 17 pays qui ont critiqué la loi hongroise qualifiée d’homophobe.
La meilleure défense étant l’attaque, le 29 juin, Orbán fait paraître dans plusieurs journaux conservateurs de l’Ouest européen, dont Le Figaro, un publi-communiqué détaillant quelques propositions de la Hongrie pour l’avenir de l’Union européenne. On y trouve, en particulier, le refus que l’Union européenne s’érige en super-État auquel personne n’a donné mandat, avec des décisions prises par des organismes non élus, le rappel que l’immigration de masse sera l’un des principaux défis de la décennie qui vient et l’affirmation que le Parlement européen est une voie sans issue et qu’il faut donc renforcer les pouvoirs des Parlements nationaux. Il est à noter que plusieurs quotidiens conservateurs ont refusé cette publicité payée par le gouvernement hongrois.
Le 1er juillet, alors qu’il prend la présidence tournante du groupe de Višegrad (Pologne, Tchéquie, Slovaquie et Hongrie), Orbán hausse encore le ton en appelant à mettre fin au diktat européen. En réponse à Rutte, dont il qualifie la mentalité de coloniale, il indique qu’on ne peut tolérer qu’un membre de l’Union européenne dise qu’il faut mettre à genoux un pays du groupe de Višegrad. Il fait, par ailleurs, allusion à la loi du 15 juin, critiquée par tout le camp progressiste de l’Europe occidentale, en déclarant qu’on ne pouvait accepter que d’autres pays de l’Union européenne disent à la Hongrie comment elle doit élever ses enfants.
Pour Orbán l’Union européenne doit demeurer une zone de coopération économique dont son pays tire d’énormes avantages, compte tenu du bon niveau de formation de ses travailleurs et de salaires modestes. Mais il n’est pas question de se laisser imposer une intégration sociétale et culturelle et de se soumettre à l’impérialisme moral occidental sous couvert des droits de l’homme.