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Giorgia Meloni, l’autre visage de la droite conservatrice italienne

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« Io sono Giorgia, sono una donna, sono una madre, sono italiana, sono cristiana, non me lo toglierete ! » (« Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne, vous ne m’enlèverez pas ça ! »). Cette phrase clamée par Giorgia Meloni lors d’un meeting à Rome à l’automne 2019 est, depuis, devenue un jingle : remixés, ces propos ont enflammé les boîtes de nuit italiennes. Joli succès pour cette Romaine pur jus, orgueilleuse de ses racines et de ses convictions droitières, inchangées depuis ses 15 ans.

Mais ce qui la rend aujourd’hui bien plus fière, ce sont sûrement les derniers  d’intentions de vote qui la donnent au coude-à-coude avec la Ligue de Matteo Salvini. En effet, selon le dernier sondage SWG pour le journal télévisé de LA7, le parti Fratelli d’Italia est le premier parti d’Italie. Avec la Ligue et le parti Forza Italia de , en déclin, l’alliance de centre droit est cependant majoritaire dans le pays. Mais pour pouvoir s’exprimer et gouverner, encore faudrait-il qu’il y ait des élections…

Dans une autobiographie intitulée, justement, Io sono Giorgia, parue au printemps et qui caracole en tête des ventes, l’une des personnalités politiques les plus tenaces d’Italie se raconte, se révèle : son militantisme dès l’âge de 15 ans au Front de la jeunesse puis à Alliance nationale (Alleanza Nazionale, héritier du MSI, le Mouvement  italien), son élection comme députée à 29 ans, puis son ministère dans le gouvernement de Silvio Berlusconi, la création de son parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie).

Longtemps, Giorgia Meloni a porté son parti à bout de bras. Aux législatives de 2018, Fratelli d’Italia triple son score, passant de 1,9 % à 4,3 % des voix. Cette législature est toujours en cours, mais le dernier sondage la crédite de 20,6 % d’intentions de vote… Elle bénéficie sûrement, dans le Sud, de l’écroulement du Mouvement 5 étoiles et, ailleurs, de l’érosion des intentions de vote en faveur de la Ligue de Matteo Salvini. Ce dernier paie sûrement un choix ingrat, et pas toujours compris de sa base électorale, de participer au gouvernement d’union nationale de . Pour Salvini, l’idée était simple : cela lui permettait à bon compte de renvoyer Giuseppe Conte à son cabinet d’avocat et de participer, notamment par des ministres de la Ligue, à la relance économique du pays et à la gestion de la crise sanitaire, aussi désastreuse là-bas qu’ici.

Giorgia Meloni a préféré rester dans l’opposition, refusant à tout prix de gouverner avec le Parti démocrate (PD, gauche). « Ce choix de la cohérence » qu’elle revendique sans cesse semble payer, du moins dans les sondages, et celle qui est la présidente du parti des  et réformistes européens (CRE) se prend à rêver d’être le futur Premier ministre… plutôt que Matteo Salvini, ultra annoncé pour ce poste. On a dit, à ce sujet, que la Ligue avait « glissé » vers le centre, quand Giorgia Meloni était restée fièrement ancrée à . Si la Ligue est en effet un parti assez hétéroclite dont l’unité tient à la personnalité de son chef, les différences des programmes entre les deux partis semblent, pour un œil français, bien minimes. La défense de l’ italienne et la lutte contre l’immigration ainsi qu’un conservatisme sociétal étant ce qui les lie le plus étroitement.

Or, les difficultés rencontrées entre les deux alliés-rivaux dans le choix des candidats aux prochaines élections  qui ont lieu en septembre à Naples, Rome, Milan et Turin, entre autres, a mis au grand jour des rivalités qui, très instrumentalisées par les médias, nuisent grandement à l’esprit de concorde qui, bon an mal an, régnait dans la droite italienne.

Une question, insidieuse, commence à se poser : la Ligue et Fratelli d’Italia seront-ils vraiment capables de ne pas tomber dans le piège de la « droite la plus bête du monde », faite d’anathèmes et d’exclusions qui en font une parfaite machine à perdre ?

Marie d'Armagnac

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