On connaît la parole de Jésus à ses disciples : « Il est impossible qu’il n’arrive pas des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent ! »
Vendredi dernier, à Lourdes, notre Président a provoqué, par sa seule présence, un nouvel incident en plein sanctuaire marial. Vers 17 heures, alors que la troupe de la comédie musicale Bernadette de Lourdes interprétait devant lui un hymne à la Vierge compassionnelle, un individu a brutalement interrompu ce moment de grâce, en criant : « Honte à vous ! C’est un scandale ! Vous êtes un athée, un athée primaire, vous n’avez aucune raison d’être là », avant d’être maîtrisé manu militari par les services de sécurité. Emmanuel Macron serait-il à ce point enfant de Caïn pour déchaîner à son encontre les passions contraires et le dégoût ?
Disons-le tout net : cette agression verbale gratuite à l’encontre du président de la République est malvenue et déplacée. Les catholiques qui s’en réjouiront – qu’ils soient de gauche, de droite ou d’ailleurs – feront fausse route, une enceinte sacrée, chrétienne de surcroît, ne pouvant devenir l’agora populacière de l’expression des rancœurs frustrées et des règlements de comptes instinctifs.
Évidemment, on pourra toujours ergoter sur le défaut d’épaisseur régalienne – hélas réel, mais déjà connu – d’un Président qui amoindrit la fonction par certains de ses actes publics et par un comportement de calcul électoraliste qui l’apparente aux plus triviaux des démagogues d’Athènes : le billet gagnant pour vol sur Alpha Jet accordé à deux clowns du sérail, dont l’un n’est que le surgeon du faux rebelle Guy Carlier, en est le dernier témoignage indécent du 14 Juillet !
Mais, sans jeu de mots, évitons la mauvaise foi. Lorsque Gilbert Collard évoque l’invective de Lourdes comme venant d’un « manifestant lucide » qui aurait apporté la réponse appropriée à « l’immense mépris que le Président exprime pour la religion catholique », et qui serait venu sur les terres de Bernadette par « racolage électoral », on pourra lui retourner le compliment. Une pensée qui rejoint étrangement celle du prévisible Mélenchon, comparant le voyage de Macron à celui de Pétain et tweetant que « les hypocrites sont au pouvoir ».
Car, en vérité, que sait-on de la pensée religieuse d’Emmanuel Macron ? Athée primaire ? Bien sûr, 62 % des catholiques (et 71 % des pratiquants réguliers) ont voté pour le candidat d’En Marche ! en 2017. Pour le coup, le racolage au suffrage catholique pourrait encore lui profiter, l’année prochaine ; même s’il n’est guère tendance, aujourd’hui, de s’afficher pour ami du chrétien. N’oublions pas, tout de même, que cet homme – notre Président, chanoine de Latran quoi qu’il nous en coûte –, issu d’une famille non pratiquante, fut baptisé, à 12 ans, et à sa seule demande, par « choix personnel ». Athée primaire n’ayant pas sa place à Lourdes ? Qui, sinon Dieu, peut sonder les reins et les cœurs ou se faire juge en la matière de l’homme du « en même temps » ?
Quoi qu’il en soit, la venue du président de la République aux sanctuaires de Lourdes n’est pas anodine. N’est-ce qu’une manœuvre machiavélique pour justifier d’autres gestes de complaisance – peut-être envers l’islam – et l’expression d’une laïcité en actes ? À voir. En attendant, Emmanuel Macron est le seul président de la Ve République à s’être rendu officiellement sur les lieux des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette ; qui plus est, le jour même de la 18e et dernière d’entre elles. Peut-être un symbole à gloser en ces temps de doute national.
À Lourdes, ce 16 juillet, le Président s’est, une fois de plus, confronté au dérapage du bain de foule. Espérons que le Président en tirera leçon, à l’issue de son « tour de France des territoires ». Car « il est inévitable qu’arrivent les scandales ; cependant, malheureux celui par qui le scandale arrive ! »
Pierre Arette
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