Lundi 2 août 2021, la nouvelle carte d’identité nationale, comportant des données biométriques stockées dans une puce électronique, est entrée en vigueur dans toute la France. A en croire le gouvernement et le ministère de l’Intérieur, elle serait à la fois plus sécurisée, plus pratique et plus moderne. Marlène Schiappa s’est d’ailleurs fendue d’un tweet à ce propos : « Aujourd’hui 2 août, la nouvelle carte d’identité peut être demandée partout en France ! Plus sécurisée et d’un format plus pratique, 500 000 exemplaires ont déjà été produits depuis le 15 mars. Et pour votre vieille carte, elle est toujours valide jusqu’à péremption. »
La nouvelle carte d’identité nationale a la taille d’une carte bancaire et remplace la carte d’identité à laquelle nous sommes pour l’heure encore habitués, une carte datant de 1995. Cette nouvelle carte est le point d’orgue d’une harmonisation européenne : chaque Etat membre est, selon le ministère de l’Intérieur, « obligé de mettre en circulation un nouveau format de carte d’identité ». L’objectif ? Empêcher la fraude à l’identité, un crime perpétré environ 45 000 fois en 2019, à en croire le ministère de l’Intérieur.
Quelles différences ?
La carte d’identité en question n’est pas nouvelle uniquement parce qu’elle remplace l’ancienne. Elle l’est aussi parce qu’elle présente des éléments inhabituels. D’abord, la nouvelle carte d’identité n’a plus de national que le mot. Bien sûr, elle comporte le drapeau tricolore mais il est dessiné en forme de symbole de la République : ce n’est donc pas de la France qu’il s’agit mais de la République française. Par ailleurs, et à égalité de traitement, la nouvelle carte d’identité comporte le drapeau de l’Union européenne, avec les lettres FR au centre des étoiles, un peu comme pour une plaque d’immatriculation automobile. Un dernier élément montre une volonté de nier la nation au profit d’une conception européiste et mondialiste : tout est traduit… en anglais. Tous les mots, comme nom, prénoms, nationalité, date de naissance, lieu de naissance, nom d’usage, taille, date d’expiration…, tous ces mots sont traduits en anglais. La nouvelle carte d’identité n’a ainsi de national que le mot, elle est de fait un document interne à l’Union européenne. Il est d’ailleurs amusant, Brexit oblige, de constater que cela demande de passer par des traductions en langue anglaise. Parmi les nouveautés aussi : chacun peut indiquer deux adresses sur sa carte. C’est avant tout destiné aux enfants en garde alternée chez leurs parents séparés ou divorcés.
Cependant, la vraie nouveauté de cette carte d’identité réside dans la biométrie, à l’instar d’un passeport. La carte contient un Datamatrix, semblable à un code-barres ou à un QR code. Ce Datamatrix a pour objectif de permettre de vérifier que le document d’identité est authentique et valable. Ce n’est pas le seul outil biométrique. La carte comporte une puce électronique qui stockera les données du propriétaire de la carte, en particulier ses empreintes digitales. Tout cela se ferait, évidemment, selon l’exécutif, dans le plus grand respect de notre vie privée… Qui ne voit que c’est un pas de plus vers la numérisation et le contrôle de nos existences ?
Paul Vermeulen
Article paru dans Présent daté du 3 août 2021