La période 2020 aura été bénéfique aux constructeurs de véhicules de loisirs. Beaucoup de Français, après avoir été privés de liberté, ont découvert que les camping-cars et vans pouvaient être une source de liberté pour lutter contre le confinement territorial. Effectivement, pouvoir circuler, visiter, découvrir la France tout en restant en « sécurité sanitaire » peut faire rêver. Les locations et achats ont donc flambé.
En revanche, selon moi, ce boom est en partie un effet de mode qui a entraîné des achats « compulsifs ». Et achat compulsif peut rimer rapidement avec déconvenues. Ce n’est, certes, pas une critique car on peut comprendre que la période difficile que nous venons de vivre ait eu une influence énorme sur ce boom. Autre cause possible, les voyages à l’étranger étant devenus difficiles ou risqués, beaucoup de voyageurs habitués à partir se sont retrouvés coincés en France.
Contrairement à ce que faisait miroiter la publicité télévisée, la liberté n’est pas aussi totale qu’on pourrait le croire dès que l’on commence à circuler. En dehors des tarifs excessifs de ces véhicules, l’entretien régulier a un coût non négligeable et pas forcément pris en compte par les néo-camping-caristes. À cela, il faut ajouter que ces gros véhicules sont plus gourmands en gazole que la voiture, que les péages sont plus chers, que les contrôles techniques ne sont pas cadeau, que l’assurance sera en plus… Pour finir sur le chapitre coûts, pour ceux qui n’ont pas la place de garer chez eux leur nouveau véhicule, il faut trouver un gardiennage qui, selon les régions, peut encore alourdir de façon significative la facture du coût annuel de possession. Si je prends mon exemple, dans le Sud-Est, les gardiennages sont rares et chers. Plus de 700 € à l’année simplement pour un parking adapté.
La pseudo-liberté est très encadrée et le sera de plus en plus dans les années à venir. En réalité, on ne peut pas faire ce que l’on veut et s’arrêter où l’on veut. De nombreuses communes interdisent de plus en plus l’accès aux camping-cars et créent aussi des zones « nature » pour justifier l’interdiction des arrêts dits « sauvages ».
Le camping-car apporte de réels moments de détente et de plaisir, c’est indéniable, mais il y a aussi des contraintes comme les vidanges régulières, les pleins d’eau, la recharge en énergie, trouver des emplacements adaptés en journée et surtout la nuit. En outre, la plupart des camping-cars se conduisent avec le permis VL mais ce ne sont pas des voitures. Le gabarit en déconcerte plus d’un… Sur le terrain, on rencontre beaucoup de gens qui galèrent à cause de contraintes qu’ils n’avaient pas imaginées.
Beaucoup découvrent également que pour voyager en camping-car, sauf pour les rares adeptes des vieilles cartes routières, l’Internet est devenu indispensable. Trouver une aire adaptée aux camping-cars, une station-essence, un distributeur GPL, les visites et activités possibles et bien d’autres choses nécessite d’avoir un bon smartphone et, surtout, une bonne connexion 4G au minimum. Et une bonne connexion, en France, ce n’est pas gagné.
Pour moi, un fort pourcentage de ces néo-camping-caristes arrêtera dans l’année suivant leur achat. D’autres résisteront un peu plus longtemps et un faible pourcentage deviendra réellement camping-cariste dans la durée. Ceux-là remplaceront les anciens qui arrêtent le camping-car pour diverses raisons. Donc, même si le nombre d’immatriculations augmente dans le futur, il se stabilisera à un moment donné.
Je pense que dans les trois ans qui viennent, il y aura un nouveau boom, mais ce sera celui du marché de l’occasion.
Sans vouloir décourager qui que ce soit (ce n’est pas mon propos), s’il y a un achat qui doit être réfléchi et non pas compulsif, c’est bien l’acquisition d’un camping-car. Je recommande donc très souvent de bien se renseigner auprès de camping-caristes aguerris et pas forcément auprès des concessionnaires, de louer, pourquoi pas, pour tester en vraie grandeur le terrain.