La majorité présidentielle réfléchit à la création d’un grand Parti Démocrate ! Mais pour quoi faire ? C’est la grande interrogation au sein de La République En Marche, du Modem, d’Agir (la jambe droite du macronisme fondée par les transfuges des Républicains), de Territoires de progrès (le mollet de la jambe gauche du macronisme issu des transfuges du parti socialiste), du futur mouvement d’Edouard Philippe (salle d’attente de l’après Macron) et de toute la galaxie des soutiens du président…
Ce qui revient, en réalité et pour tous ces braves gens, à se poser la question suivante :
« Qu’est-ce que le macronisme ?«
Et qu’en fait… ils n’en savent rien !
C’est bien sûr (et parce que nous sommes arrivés au point caricatural de la logique de la Vème République : un chef sans parti consistant), c’est bien sûr Emmanuel Macron qui décidera en tous points ce que sera son mouvement après l’élection présidentielle éventuellement gagnée.
Mais l’intérêt du président n’est pas de clarifier sa ligne au moment où la gauche apparait trop faible et divisée pour espérer atteindre le second tour ; au moment où la droite, tétanisée par Éric Zemmour, durcit ses positions sur les thèmes de l’immigration et de l’identité sans convaincre.
Il ne reste donc que le Marais, un vaste centre politique, très composite, nébuleux qui n’en n’est pas à réclamer une ligne politique limpide mais juste de la rationalité, de la mesure dans la conduite des affaires de l’Etat. Pendant que les oppositions se déchirent sans résultat sur le « Grand Remplacement » ou l’écoféminisme, Emmanuel Macron aura beau jeu de se présenter en gardien du cercle de la raison face à la conflictualité impuissante incarnée par la quasi-totalité des oppositions.
D’où l’idée de quelques uns, pour après l’élection, d’un grand Parti Démocrate à l’américaine. Il nous manquait plus que ça ! Les anywhere au pouvoir…
Mais alors, pourquoi ce modèle américain ? Parce que le parti Démocrate, tel qu’il est devenu, est une vaste auberge espagnole, composée de personnalités très diverses, pas liés par une cohérence idéologique claire, sinon une vague idée progressiste, libérale et prudemment écologiste, un pragmatisme de la raison molle, plastique, qui ne se met en branle qu’au moment des présidentielles, face à un Parti Républicain dominé par la pensée trumpiste ou par la droite évangéliste, ultra-religieuse.
Emmanuel Macron pourrait ainsi vouloir représenter une exigence politique minimale. Et faire du Merkel sans Merkel. Une prétendue grille de lecture « rationnelle versus irrationnelle« . Sa meilleure adversaire, dans ce cas, serait la désormais fameuse Sandrine Rousseau…la petite bête qui monte, qui monte.
Vous laisserez-vous abuser une fois encore par cette nouvelle imposture ?
Mais souvenez-vous de ce que nous proclamions en 2017 :
« Si Macron est élu… c’est cinq ans de foutus » !
Sauf que ça en fera DIX.
Le 23 septembre 2021. Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.