Avant même la crise du Covid, on pouvait s'inquiéter à juste titre du stupéfiant progrès de ce qu'on appelle le contrôle social dans la Chine de Xi Jinping. Il semble en effet que ce tournant ait commencé à être pensé par les dirigeants communistes de Pékin dès 2012. Les premières expérimentations remontent à 2014, autrement dit à l'époque où le prince rouge Xi prend le contrôle de l'appareil du Parti, de la commission militaire, et du gouvernement de l'État.
En 2018, on ne s'intéressait pas encore à la ville de Wuhan, à son laboratoire, à son marché aux poissons, à ses pangolins, à ses chauves-souris, et à la transmission de son virus. Mais on découvrait déjà, avec effroi en occident, le projet terrifiant de système de "crédit social" : à chaque citoyen une note de bonne conduite, en fonction de laquelle il accède, ou non, aux services, aux prêts bancaires, au logement, etc. Gare à celui qui ne traverse pas dans les clous. La reconnaissance faciale permet aux autorités de surveiller techniquement les individus à un point jamais envisagé dans l'Histoire. Or, l'Empire du Milieu envisageait de le mettre complètement en place pour l'année 2020.
Cette réalité de cauchemar mérite certes d'être comprise en fonction de l'identité véritable de cette nation. Toute son Histoire a été marquée dès le IIIe siècle avant notre ère, par le premier empereur, Qin Shehuandi et son désir d'immortalité. Mao Tsé-toung l'admirait sans réserves. Son rêve étatiste et centraliste millénaire, s'est trouvé balayé, pourtant, de dynasties en dynasties. Or, toujours se sont réaffirmé, en réaction, la diversité des peuples et des provinces composant cet immense pays, et, par-dessus tout, l'instinct individuel de ses enfants.
Rien de cela ne devrait être ignoré s'agissant du monde chinois.
Mais chez nous où en sommes-nous avec la dictature numérique rampante ? Les Français, toujours supposés "Gaulois réfractaires", et dénigrés comme tels par leurs propres dirigeants, ont-ils vraiment conservé le sens des libertés, qui faisaient autrefois leurs richesse ?
On peut en douter.
Dès le début de la pandémie, en effet, on pouvait le déplorer : "la peur a pris le pouvoir".[1]
Depuis, on a cherché à se servir de l'irrationnel, dans les deux camps, et l'incompétence de nos dirigeants et de nos technocrates coupés du peuple a multiplié les démarches anxiogènes. Y ont répondu, dans une partie de la population, environ 30 % de l'opinion, par autant de refus instinctifs.
Beaucoup de Français se sont investis, pendant des semaines, y compris au mois d'août, de se mobiliser dans la rue, les uns contre l'obligation vaccinale, les autres contre le passe sanitaire.
Comment ne pas observer, certes, le caractère passager d'un tel combat, après celui des gilets jaunes apparu à partir d'une étincelle fiscale. Cette nouvelle flambée de colère semble appelée à cesser faute de combattants, au fur et à mesure de l'augmentation du pourcentage de personnes vaccinées.
Mais d'autres libertés peut-être plus fondamentales encore mériteraient qu'on les défende, et plus encore qu'on les restaure. Citons dès maintenant la liberté de l'enseignement et le libre choix des familles françaises.
Est-ce cependant sur ce terrain que certains s'apprêtent à se mobiliser ? Je redoute qu'on laisse carrément de côté cette dimension, pourtant essentielle, dans le contexte politique actuel. Depuis le Code civil aucune existence légale à proprement parler ne semble reconnue à la famille en France : il est bien connu que l'homme postnapoléonien et post-jacobin est supposé naître orphelin et mourir célibataire.
Très légitimement, par exemple, au sein de la droite classique, on entend s'élever des voix se préoccupant à fort juste titre de réparer l'école. Ainsi, François-Xavier Bellamy, chef de file de son groupe au Parlement européen, professeur de philosophie, dresse un bilan terrible du recul éducatif français. "Je ne crains pas, dit-il très joliment, le choc des cultures, mais le choc des incultures." Il a récemment partagé un texte en 30 propositions tendant à "sauver l'Éducation nationale"[2] Et, plus significatif encore Michel Barnier, dans les 4 points qu'il affirme essentiels de sa précampagne présidentielle, souligne (point 4) le besoin de "réparer"l'école.
La dégradation a en effet atteint une proportion catastrophique dans la mesure où "un jeune Français sur cinq est illettré".
Mais pourquoi ignorer que le monopole scolaire étatisé se révèle précisément le premier ennemi de tout redressement. Il faut ainsi saluer le combat courageux et intelligent de Créer son école.[3]
Ce 30 août, sa talentueuse et combative présidente, Anne Coffinier dénonçait ainsi, dans une conférence de presse, les atteintes à la liberté scolaire qui se sont multipliées au royaume de Macronie : loi Blanquer de 2018, puis nouvelle loi en 2021, prétendant sauver les principes de la république et combattre un "séparatisme" dont le pouvoir et toute la bien-pensance répugnent à mentionner le caractère islamiste.
Le dossier de ce combat, fourni à la presse, est très riche et on peut juger stupéfiant qu'il n'ait pas été repris, ou si peu, par ceux qui prétendent "sauver" l'institution scolaire.
Dans l'éditorial de son excellente Nouvelle Lettre (N° 1443 du 24 septembre) Jacques Garello rappelle le droit essentiel des familles.
Qui dans les gros médias a osé faire écho à de telles protestations. Elles concernent pourtant des centaines de milliers d'enfants aux besoins desquels l'école d'État ne répond pas.
Qui se souvient encore que depuis la loi Falloux de 1850 la liberté scolaire est supposée conquête intangible du pays ?
Les trous dans le drapeau de cette liberté ont été multipliés depuis les lois laïcistes imposées de 1902 à 1907 par les radicaux-socialistes, jusqu'à nos jours.
Certes la liberté est menacée à Hong Kong et je suis le dernier à l'oublier, mais elle l'est aussi à Paris.
JG Malliarakis
Apostilles
[1] cf. L'Insolent du 30 mars 2020 "Quand la peur a pris le pouvoir"
[2] cf. son essai "Les Déshérités ou l'urgence de transmettre" éd. J'ai Lu n° 11329, 2016.
[3] Dossier de Presse rentrée 2021 - sur les deux sites de l'association Créer son école et Educ'France.