Xavier Eman
Après un mandat de laxisme et de laisser-faire, à l’approche des élections, le président Macron fait mine de s’intéresser aux problématiques migratoires.
Le gouvernement a en effet annoncé qu’il allait di- viser par deux le nombre de visas délivrés aux ressortissants d’Algérie, mais aussi du Maroc, et de réduire de 30 % ceux accordés aux Tunisiens par rapport à 2020. Il s’agirait d’une mesure de rétorsion face au refus des trois pays du Maghreb de rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière en France.
En effet, pour prendre l’exemple de l’Algérie, entre janvier et juillet 2021, la justice française a ordonné 7731 obligations de quitter le territoire français mais seuls 22 ressortissants algériens sont réellement repartis chez eux, soit à peine plus de 0,2 %. Un chiffre lié, selon les autorités françaises, au refus du pays de délivrer des laissez-passer consulaires, indispensables pour mener à bien une expulsion. Après des mois de négociations, la France a donc décidé de taper (enfin) du poing sur la table et d’entamer un bras de fer avec les gouvernements des trois pays méditerranéens. On ne peut évidemment que s’en réjouir même si ce tardif accès de volontarisme apparaît clairement comme un élément de stratégie électorale comme le souligne Eric Ciotti, le député LR des Alpes-Maritimes, qui affirme que « cet engagement relève plus de la promesse électorale que de la réalité » et demande « Pourquoi le chef de l’Etat ne l’a-t-il pas fait depuis quatre ans et demi ? Je réclame, pour ma part, le conditionnement de l’octroi des visas pour ces pays depuis des années. Et voici que l’Elysée se convertit à nos idées ! ».
A gauche, évidemment, on s’étrangle de colère face à cette « droitisation » du candidat Macron et on n’hésite pas à dénoncer dans cette annonce la marque de « l’effet Zemmour » sur la campagne électorale. Le Maroc pour sa part a déploré mardi la décision de la France, la qualifiant d’« injustifiée ». Tout « en prenant acte » de celle-ci, les autorités chérifiennes en contestent la justification, affirmant que « le Maroc a toujours réagi de manière pragmatique et stricte avec les personnes qui se trouvent en situation irrégulière » et attribuant à un « problème franco- français » la difficulté du rapatriement des ressortissants marocains. A Alger, la mesure prise par le gouvernement français a été jugée « disproportionnée » et « malencontreuse » par Amar Belani, envoyé spécial du gouvernement chargé de la cause du Sahara Occidental et des pays du Maghreb arabe. La Tunisie n’a pas encore officiellement réagi.
Au-delà de la démagogie électorale qui sous-tend d’évidence l’annonce gouvernementale, cette décision de simple bon sens démontre que la France dispose de moyens coercitifs pour contraindre les pays récalcitrants à collaborer en matière de politique de rapatriements et que seul le manque de volonté politique empêche de développer celle-ci dans le cadre d’une nécessaire, et même vitale, remigration massive.
Source : Présent 30/09/2021