De Christian Baeckeroot ancien député, pour le Salon beige:
J’ai fait la connaissance d’Eric Zemmour lors des élections législatives de 1997 – après la dissolution de Chirac. Il avait traité le candidat Front National que j’étais avec une parfaite courtoisie et une objectivité louable.
Depuis, j’ai gardé un contact amical avec ce dernier et j’ai pu constater que ses amis, comme beaucoup de ses contradicteurs, reconnaissent qu’il tient depuis longtemps un discours clair et courageux – qu’il partage, je crois (et le souhaite!), avec Marion Maréchal.
C’est dire ma surprise de lire sur un site ami « Eric Zemmour se rue dans la brèche» ou encore qu’il est « un ouvrier de la onzième heure ». Ces propos semblent vouloir faire croire qu’Eric Zemmour serait responsable de la baisse de Marine Le Pen dans les sondages. Or cette baisse est d’abord le résultat des erreurs et des errements du passé.
Je pense qu’il est nécessaire de revenir aux faits, de rappeler l’histoire récente pour éclairer les enjeux actuels et permettre à la grande famille nationale de renouer avec les « fondamentaux » nécessaires à la renaissance de la France.
Après l’élection présidentielle de 2002, Marine Le Pen commence une carrière médiatique très bien accueillie par les médias qui lynchaient son père quelques mois auparavant .Au congrès de Nice en 2003, Marine Le Pen, malgré le soutien de son père, se voit reléguer à la 34e place lors de l’élection des membres du Comité Central par le Congrès.
Ecartant cet avertissement, Jean-Marie Le Pen la nomme, au contraire, au Bureau Exécutif organe qui arrête les décisions qui seront soumises à l’approbation du Bureau Politique.
Ceci permet à Marine Le Pen de développer une communication médiatique toute personnelle afin de se dégager de « l’image ringarde » du FN. Les résultats de cette nouvelle ligne vont se traduire par 3 échecs :
1/ Echec aux élections régionales d’Île de France ( mars 2004 ) : Au plan national le FN retrouve, avec 15,1% des voix, le même score qu’en 1998 (15,3%), malgré la crise avec Bruno Mégret intervenue entre-temps. En revanche, en Île de France, alors que la liste FN avait réalisé 16,3% en 1998, en 2004 la liste conduite par Marine Le Pen chute à 12,3% au 1er tour, puis à 10,1% au 2e tour. Dans le même temps, par exemple, la liste conduite par Carl Lang dans la région Nord-Pas-de-Calais progresse de 16% (1998) à 18% (1er tour 2004) où elle devance la liste RPR de Delevoye puis à 20% (2ème tour 2004).
2/ Echec aux élections européennes (juin 2004) : La nouvelle ligne incarnée par Marine et reprise par Jean-Marie Le Pen assure le service minimum sur le « mariage » homosexuel de Bègles. Le 3 juin 2004, 10 jours avant le scrutin, un bref communiqué se borne à condamner « une initiative provocatrice contraire au droit civil français ». Résultat : la liste Le Pen perd 3 points dans les sondages et perd 3 députés lors du vote le 13 juin.
3/ Election présidentielle 2007 : Jean-Marie Le Pen perd 6 points. Bien que Marine et ses proches aient mené une campagne médiatique pour se désolidariser de J.-M. Le Pen en 2005, Marine Le Pen est nommée Directrice stratégique de la campagne présidentielle et inspire le discours de Valmy comme celui de la dalle d’Argenteuil où J.-M. Le Pen dénonce les « ghettos » où seraient « parqués les jeunes » qui ne seraient que des « victimes ». Jean-Marie Le Pen chute de 16,86% (1er tour 2002) à 10,44% (1er tour 2007). On peut raisonnablement estimer que cette chute de 6,4 points est due pour moitié à la campagne de Sarkozy conseillé par P. Buisson et pour moitié à une campagne « hors fondamentaux » de J.-M. Le Pen conseillé par sa fille Marine .
La vague « populiste » européenne permet au FN de rebondir. Les scores du FN-RN depuis que Marine a été portée à la présidence par son père sont dus principalement :
a/ au lien tissé entre le FN et les Français par J.-M. Le Pen et une foule de militants et, parmi eux, Marie-France Stirbois (élue député en 1989 avec 61,3% des voix) ou Jacques Bompard (réélu maire au creux de la vague de 2001 avec 60% des voix au 1er tour).
b/ à la vague « populiste » qui traduit le réveil des peuples refusant de disparaître.
La forte baisse de Marine Le Pen dans les sondages actuels est d’abord due à :
– l’abandon des « fondamentaux » (défense de nos racines chrétiennes / promotion de la famille / libre choix de l’école/ etc.) ;
– des choix « politiquement corrects » contraires à notre identité (l’islam compatible avec notre société) ou qui nous interdisent toute mesure de redressement (accepter la CEDH).
https://www.lesalonbeige.fr/zemmour-ouvrier-de-la-11e-heure-sans-blague/