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Prix des carburants, passe sanitaire : les gilets jaunes sont de retour et Macron joue au foot

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Ce samedi, la jonction a été faite en plusieurs points du territoire. Ce mot de “territoire” dont ils ont voulu, par inculture et idéologie, nous faire croire qu’il était l’équivalent édulcoré de terroir, que par ailleurs ils n’aiment pas, a repris pour beaucoup de Français, sans qu’ils en soient toujours conscients, son sens premier. Celui dont on sent bien, depuis les « territoires perdus de la République », qu’il nous parle de carte, de conquête, de frontière, de résistance et d’occupation. Donc, jonction.

Ou convergence des luttes. Ronds-points, péages, en plusieurs endroits de France, des ronds-points ont été « repris » (selon l’expression, très révélatrice, des réseaux sociaux), des manifestations liées au passe sanitaire ont rejoint des rassemblements de gilets jaunes comme, ces dernières heures, à Montpellier. Glanés sur Twitter, pêle-mêle : des opérations “péage gratuit” à Caluire dans le Rhône, à Abbeville dans la Somme, des réinstallations de gilets jaunes à Saint-Brieuc, au rond-point de Brézillet, dans les Côtes-d’Armor. De nouveau, on a assisté à des déploiements de gendarmes, comme à Montpellier, à des tirs de gaz lacrymogène, comme à Vannes.

Trois ans après, le prix des carburants bat tous les records, grevant le budget de ceux qui ne bénéficient pas des transports en commun mais doivent aller travailler en voiture. Un surcoût de plusieurs centaines d’euros, pour certains. Face à cela, les grandes déclarations ne sont pas audibles : les chiffres à la pompe les contredisent quotidiennement. Trois ans après, la crise du Covid a laminé davantage l’économie et le moral de la France périphérique, aggravant encore les fermetures de commerces ou de restaurants.

Trois ans après, Emmanuel Macron est toujours là, un jour en maillot de foot, un jour à faire repentance. Les images le montrant en train de faire la fête après son match sur l’air de « I Will Survive » n’étaient pas du meilleur goût et risquent de renforcer une hostilité latente. Pour le moment, il semble ignorer superbement un mouvement qui couve de nouveau et qui ne peut que se renforcer. Certes, après la crise Covid, beaucoup de Français verraient d’un mauvais œil le blocage du pays. Mais les gilets jaunes avaient su inventer des mobilisations très populaires.

Emmanuel Macron aurait tort de sous-estimer les colères et les frustrations qui n’ont fait qu’enfler durant son mandat et de retomber dans les mêmes ornières de communication. Tort de se rassurer par des sondages le donnant invariablement réélu. Tort de se rassurer sur la division de la droite car son meilleur allié était un statu quo. Si les choses bougent à droite, avec le phénomène Zemmour, dont tout le monde reconnaît l’ampleur inédite dans une précampagne, c’est aussi qu’elles bougent dans le pays et que des convergences, là aussi, se font. Comme le disait Edouard Philippe dans le Jdd, “la réélection d’Emmanuel Macron n’est pas acquise“. La mise sur orbite de son ancien Premier ministre comme doublure ou plan B éventuel en est d’ailleurs la meilleure preuve.

Mais faisons un rêve, un beau rêve macronien, assez réaliste d’ailleurs : Macron est réélu en mai. Paradoxalement, plus encore qu’un François Mitterrand ou un Jacques Chirac (mais souvenons-nous tout de même de la déliquescence de leur second mandat…), avec son passif, la situation de tension d’un pays aux multiples fractures et son incapacité à se réinventer sur le fond, ce second mandat pourrait être traversé par des tensions encore plus fortes. Michel Richard, dans Le Point, parle joliment du “sort inéluctable qui attend Emmanuel Macron“. Et, dans l’hypothèse Edouard Philippe, on laissera le commentaire de la fin à Christian Jacob, cité par Le Figaro : “Quand on entend les propos d’Édouard Philippe aujourd’hui, on a envie de se pincer. Quand on l’entend vouloir remettre de l’ordre dans les comptes publics, il y a de quoi tomber de sa chaise“. Pour lui, Édouard Philippe est celui qui a mis “le feu partout avec les gilets jaunes“. “Par son mépris et son ignorance“, l’ancien pensionnaire de Matignon a “mis le feu à la France entière“.

Frédéric Sirgant

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