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Macron est-il nul en économie ? 2/2

Les causes des déficits publics français devenus permanents sont doubles. La première cause est celle indiquée plus haut. Pour éviter que les délocalisations n’entraînent l’effondrement d’une grande partie de la population dans le chômage et la pauvreté, les gouvernements ont multiplié depuis quarante ans les mesures de “traitement social” extrêmement coûteuses pour les finances publiques : création d’emplois publics surnuméraires, voies de garage du sous-emploi, assistanat. La deuxième cause de la dégradation des finances publiques est l’immigration, qui représente un coût de toute évidence majeur pour les dépenses publiques. Les immigrés étant pour la plupart dans une situation socialement moins favorable que les Français de souche, ce sont eux qui bénéficient de la plus grande part des dépenses publiques : logement social, accueil dans les services publics, prestations sociales de toutes natures.  

Pour l’instant la situation de la dette n’est pas catastrophique parce que les taux d’intérêt sont faibles et que la France peut donc emprunter à des conditions favorables. Les choses deviendraient très graves dans l’hypothèse où les taux augmenteraient, ou encore si les étrangers qui financent la dette française (ils détiennent 52 % des titres de la dette publique) refusaient de continuer à prêter.

Il y a lieu tout de même de souligner ce point. Le poste du budget de l’Etat consacré au paiement des intérêts de la dette publique a diminué du fait des taux faibles. Il n’est plus que de 30 milliards en 2019 contre 40 milliards par an durant les années 2000. Le paiement des intérêts représente tout de même encore l’équivalent du produit de l’impôt sur le bénéfice des sociétés (32 milliards en 2019) ou encore près de la moitié du produit de l’impôt sur le revenu (75 milliards en 2019). Les Français qui paient cet impôt particulièrement lourd qu’est l’impôt sur le revenu auront donc du mal à considérer que la dette publique est quelque chose d’anodin.

Terminons sur la question des finances publiques en soulignant le point suivant. Comme on vient de le voir, les déficits s’accumulent et la dette se creuse. Et pourtant dans le même temps, l’Etat a vendu une partie de son patrimoine au cours des années : en privatisant des entreprises ; en concédant l’exploitation des autoroutes ; et en vendant une partie de son patrimoine immobilier, notamment dans les quartiers centraux de Paris. Or la vente d’une partie du patrimoine n’a pas permis d’améliorer l’état des finances publiques ni de rembourser la dette : au contraire, celle-ci a augmenté comme on vient de le voir. Mieux encore,  l’état des finances publiques s’est dégradé alors même que les impôts, taxes et cotisations n’ont cessé de croître, comme nous allons le voir dans le point suivant. Déficits permanents et dette constamment croissante, malgré la vente du patrimoine, malgré le niveau record de la taxation : l’incompétence des gouvernements, ou bien leur trahison, apparaissent en pleine lumière.

  • La France, record du monde des impôts, taxes et cotisations

Depuis cinquante ans, les dépenses publiques n’ont cessé de croître et atteignent désormais, en 2019, le niveau considérable de 55 % du PIB (elles étaient de 40 % en 1974 et de 35 % en 1960). 

Ce niveau énorme des dépenses est imputable avant tout à trois éléments : premièrement le “traitement social” de la mondialisation, qui a conduit, pour absorber le chômage, comme on l’a vu plus haut, à augmenter considérablement le nombre des agents publics et le nombre des étudiants ; deuxièmement l’assistanat ; troisièmement l’immigration. Pour financer ces dépenses publiques, les prélèvements obligatoires, c’est-à-dire les impôts, taxes et cotisations, n’ont cessé de croître. Jusqu’en 1974, ils étaient inférieurs à 34 % du PIB. Ils ont dépassé les 40 % en 1982 et atteignent aujourd’hui (2019) 47 % du PIB. Ce taux signifie que 47 % de la richesse créée chaque année par les différents acteurs de l’économie française est prélevée par l’Etat, les collectivités et la sécurité sociale pour financer les dépenses publiques : coût de la fonction publique, infrastructures publiques, distribution de subventions, dépenses de protection sociale…. 

Il faut souligner fortement un premier point : ce taux est le plus élevé du monde. La France est depuis longtemps dans le groupe de tête des pays à fort taux de prélèvements obligatoires mais elle était tout de même dépassée, jusqu’en 2018, par les pays d’Europe du nord les plus sociaux. Depuis 2018, le record du monde des impôts, taxes et cotisations appartient à la France. 

Il y a lieu de mettre en évidence un deuxième point. De nombreux pays riches ont un taux de prélèvement très nettement inférieur. C’est le cas en particulier des pays anglo-saxons et du Japon : pour 2018 (chiffres OCDE) le taux est de 33 % au Royaume-Uni, au Canada et en Nouvelle-Zélande ; de 31 % au Japon ; de 28 % en Australie ; de 27 % en Suisse ; de 24 % aux Etats-Unis. Ces pays, pour la plupart dans l’orbite américaine, sont des pays libéraux : les dépenses publiques y sont limitées parce qu’il y a moins de fonctionnaires et moins d’interventions de l’Etat que dans la plupart des pays européens. De même la protection sociale publique y est beaucoup plus faible : pour leur protection sociale les personnes doivent s’assurer auprès d’assurances privées. Ces pays sont tous des pays riches, mais l’existence d’interventions publiques limitées se traduit par des inégalités supérieures à ce qu’elles sont dans la plupart des pays européens. 

Mais le taux record français est aussi très supérieur à celui de pays qui sont très comparables à la France, en termes de niveau de vie, en termes de système de protection sociale et en termes de réduction des inégalités. C’est ainsi qu’en Allemagne le taux de prélèvements obligatoires n’est que de 38 %. Il n’est que de 39 % aux Pays-Bas. La raison de cet écart considérable avec le taux de prélèvement imposé aux Français est simple : ces pays ne financent pas, comme le fait la France, une administration pléthorique, un assistanat massif, des millions d’étudiants bidon et une immigration de masse. Ces différents gouffres sans fond sont la cause du matraquage socio-fiscal que subissent les Français. 

Il faut ajouter, troisième point, que ce niveau de prélèvement pèse sur la compétitivité française. De nombreux salariés de haut niveau quittent la France pour échapper à ces prélèvements confiscatoires. De même, le niveau des charges sociales décourage l’embauche, pèse sur la compétitivité des entreprises françaises et les incitent à délocaliser.

Il faut enfin souligner, quatrième point, que ce niveau record ne pèse pas de façon égale sur toute la population française. La partie de la société située en bas de l’échelle sociale contribue peu et reçoit beaucoup. La classe supérieure parvient, elle, à échapper pour partie au prélèvement grâce à de nombreux mécanismes : optimisation fiscale, expatriation fiscale, taxation des revenus du patrimoine nettement inférieur aux revenus du travail. Par exemple, M. Macron a institué une “flat tax” sur les revenus des capitaux mobiliers afin “ d’alléger la fiscalité de l’épargne”. Un taux forfaitaire de 30 % est appliqué (12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu plus 17,2 % au titre des prélèvements sociaux) et permet  d’échapper au barème progressif de l’impôt sur le revenu et à ses taux supérieurs (qui sont de 41 % et 45 % pour les deux tranches supérieures). 

Le système de prélèvement pèse surtout sur la classe moyenne. Elle ne reçoit pas les prestations dont bénéficient les ménages moins aisés. Elle est assujettie à l’impôt sur le revenu, qui n’est acquitté que par 43 % des ménages. Elle ne dispose pas comme la classe supérieure des moyens d’échapper en partie à la fiscalité confiscatoire. 

  • Du point de vue du revenu de ses habitants, la France n’est plus un pays riche

Le déclin de la France se mesure à un dernier chiffre, essentiel. Du point de vue de son PIB (ou revenu national annuel),  la France reste la sixième économie du monde. Mais sa position dans le classement mondial est beaucoup moins favorable si l’on rapporte ce PIB au nombre d’habitants. Or c’est le PIB par habitant, c’est-à-dire le revenu par habitant, qui donne la mesure du niveau de vie de la population. De ce point de vue, la situation de la France s’est fortement dégradée. En effet, le PIB de la France a augmenté nettement moins rapidement que n’a augmenté, “grâce” à l’immigration, le nombre de ses habitants. De ce fait, la France n’occupe plus que la 29e position mondiale si l’on prend en compte le pouvoir d’achat de son PIB par habitant (PIB en termes de parité de pouvoir d’achat ou PPA).

La France est désormais nettement dépassée, pour s’en tenir à l’Europe, par les pays d’Europe du nord, par la Suisse, par le Luxembourg, par l’Irlande, par l’Allemagne, par l’Autriche, par la Belgique, par les Pays-Bas et, de peu certes, par le Royaume-Uni. Parmi les six pays fondateurs de la construction européenne, la France ne devance que l’Italie.

La position de la France n’a cessé de se dégrader depuis 20 ans. La comparaison avec l’Allemagne est éclairante. En 2004, le PIB par habitant français en termes de PPA était supérieur de 10 % au PIB moyen de l’UE à 27, tandis que le PIB allemand était supérieur de 16 %. En 2018, le PIB par habitant français n’est plus supérieur que de 4 % au PIB moyen européen tandis que le PIB allemand est lui supérieur de 23 %.

Résumons d’un mot : du point de vue du revenu de ses habitants, la France ne fait plus partie des pays les plus riches. 

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Les signes du déclin français sont multiples et connus de tous : la dégringolade dans les classements internationaux des performances scolaires ; les manques dans les capacités sanitaires et médicales révélés par la crise du virus ; l’expatriation massive de salariés de haut niveau, d’ingénieurs et de scientifiques ; l’insécurité qui s’installe en tout point du territoire…. Pour ce qui est du registre économique, le déclin de la France est là-aussi indéniable, comme on vient de le voir : pour s’en tenir à l’Europe des six fondateurs de la CEE, les différents pays font mieux qu’elle sur le plan économique. Seule l’Italie est légèrement derrière, et encore seulement dans certains domaines.

Les mauvais résultats économiques de la France doivent-ils conduire à conclure que la classe dirigeante française est nulle ? Certes non : la compétence technique des principaux responsables politiques et économiques  n’est pas en cause. Est-ce à dire alors que la classe dirigeante manque de courage pour traiter les difficultés du pays ? Le problème n’est pas là non plus, nous semble-t-il. La réalité est la suivante et elle est toute simple : la classe dirigeante et les responsables politiques qui en sont partie intégrante servent les intérêts de leur classe sociale, sans se préoccuper de ceux de la majorité de la population ni de ceux du pays de façon générale.

Il faut voir en effet que la dégradation de l’économie française n’a pas les mêmes conséquences pour toutes les parties de la société. Elle se traduit par la détérioration de la situation de la majorité des Français : ceux qui ont perdu les emplois qu’ils occupaient dans les industries désormais délocalisées ; ceux, plus jeunes, qui auraient vocation à occuper ces emplois disparus et qui ont dû se rabattre sur les emplois bas de gamme offerts par le secteur des services ; ceux qui travaillent et qui subissent des prélèvements publics devenus confiscatoires. A l’inverse la situation des autres composantes de la société française s’est améliorée. Les assistés et les immigrés paient peu et reçoivent beaucoup. La partie supérieure de la société – les propriétaires et cadres dirigeants des entreprises et tous ceux qui vivent dans leur orbite – a bénéficié, elle, de la baisse massive des coûts de production permise par la délocalisation. Elle échappe aux plus lourds impôts, grâce à l’optimisation fiscale et grâce à la faiblesse des impôts pesant sur le capital. Elle s’enrichit en prêtant à l’Etat endetté et en touchant des intérêts.

Tandis que la situation globale de la France et celle de la majorité des Français de souche se dégradaient, celle de la classe supérieure, en revanche, n’a cessé de s’améliorer grâce aux évolutions survenues depuis cinquante ans, en particulier la mondialisation. On comprend pourquoi les mauvais résultats économiques de la France ne feront rien perdre de leur arrogance à E. Macron et à ses semblables.

Voir également ces chroniques :

Et le pays le plus taxé du monde est… la France !

Économie : L’oligarchie ment aux Français

Mondialisation, délocalisations, dumping

https://leblogdepaysansavoyard.wordpress.com/

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