Cinq ans après le prétendu démantèlement de la « Jungle » de Calais, organisé par François Hollande et son ministre de l’intérieur d’alors, Bernard Cazeneuve, tout s’est passé comme nous l’avions prévu
TOUT A RECOMMENCÉ ET… TOUT EST À RECOMMENCER, EN PIRE !
Car s’ajoute maintenant au nombre incessant des nouvelles arrivées de migrants, non refoulés et non expulsés, celui des tentatives de plus en plus nombreuses de traversées clandestines de la Manche. Exactement comme ce que l’on observe depuis des années en Méditerranée, en provenance de la Turquie vers la Grèce, de la Libye et du Maghreb vers l’Italie, l’Espagne et la France…
Depuis 2018, les tentatives de traversée à bord d’embarcations de fortune ont explosé, malgré les risques de mort par noyade ou par hypothermie. Cette année, 23 000 personnes ont réussi à passer en Angleterre et plus de 7 000 ont été secourues. Au point que, désormais, passeurs, policiers, sauveteurs et officines immigrationnistes, scrutent la force du vent et la hauteur des vagues. Lorsque la mer est plate, tous pensent : « C’est un temps de migrants. » Et ils se tiennent prêts. A titre de comparaison, sur la même période, 34 000 personnes ont rejoint l’Espagne par le détroit de Gibraltar et les îles Canaries ; et moins de 8 000 sont arrivées en Europe par les îles grecques. Des chiffres qui en disent long sur l’ampleur d’un phénomène qu’on croyait réservé à la Méditerranée.
Et que font Emmanuel Macron et son gouvernement ? Rien ou si peu : ils démantèlent les campement qui se reconstituent aussitôt et volent au secours de naufragés qui sont ramenés à terre et jamais expulsés.
Ne vaudrait-il pas mieux les laisser prendre la mer et… y rester ? Ce ne serait pas pire.
Car il faudra bien, un jour, prendre enfin les seules décisions utiles et efficaces si l’on ne veut pas disparaître.
Alors que l’hiver est proche, et que la température de l’eau baisse, les records de traversées continuent d’être battus. Et drainent leur lot de morts par noyade ou par hypothermie. Les courants de marée sont tels dans le détroit du Pas-de-Calais qu’ils emportent les corps vers le nord. En janvier, la police norvégienne a retrouvé sur ses côtes le cadavre d’un bébé de quinze mois qui avait disparu dans la Manche le 27 octobre 2020. Ce jour-là, toute sa famille, des Kurdes d’Iran, avait péri dans le naufrage de leur embarcation. Depuis le début de l’année, la seule SNSM de Dunkerque a ainsi réalisé 45 sauvetages, contre 19 en 2020.
Pendant ce temps-là, la préfecture du Nord a fait évacuer, mardi 16 novembre, près d’un millier de migrants installés sur une friche industrielle à Grande-Synthe (Nord) et qui ont été orientés vers des centres d’hébergement sur tout le département. Ils seront bien sûr très rapidement de retour.
La veille au soir, l’opération de démantèlement n’était encore qu’une vague rumeur sur le campement. A la nuit tombée, on y croisait ceux qui n’avaient pas eu les moyens de payer une traversée – elles se monnayent entre 2 000 et 7 000 euros – et ceux qui avaient échoué, comme cette femme kurde et ses quatre enfants, engoncés dans des combinaisons de ski, qui explique que son mari est déjà au Royaume-Uni. Ce soir-là, le passeur a refusé de l’embarquer parce que son bébé d’un an pleurait.
En vérité, au lieu de se battre la coulpe et de verser des larmes de crocodile, les autorités en charge de la sécurité ne devraient-elles pas punir sévèrement ces parents indignes pour avoir engagé leurs enfants dans un aussi dangereux périple ? Et les « crimes contre l’humanité » dont on voudrait bien nous faire le reproche ne sont-ils pas plutôt dans ces comportements scandaleux et immoraux ?
Les sauveteurs de la SNSM ne sont pas indifférents au drame qui se joue devant eux. « L’autre jour, un gars m’a tendu sa fille de 4 ou 5 ans du bout des bras, je ne savais plus où me foutre, se souvient Alain Ledaguenel, ancien capitaine de la marine marchande et président de la station de Dunkerque depuis vingt ans. On se sent tellement impuissants. Ils sont dans un état lamentable et on les laisse partir comme ça. »
Lorsque Alain Ledaguenel, président de la station locale de la SNSM, a évoqué auprès du sous-préfet de Dunkerque (Hervé Tourmente au nom prédestiné) l’éventualité que des associations apportent à manger et des vêtements aux naufragés, il n’a pas été suivi. Il sait que les autorités craignent plus que tout de créer un « point de fixation ». Et c’est en suivant les déplacements des bateaux de sauvetage sur une application de trafic maritime que l’association immigrationniste et collabo Utopia 56 parvient parfois à apporter du café, un paquet de chips et quelques changes secs aux migrants.
Une de ses équipes croise ce jour-là des Kurdes irakiens près du port de Dunkerque. Ils faisaient partie d’un groupe de 31 personnes secourues par l’Amazone, une imposante drague hollandaise de 76 mètres. « C’est la première fois qu’on fait un sauvetage et j’espère que ce sera la dernière », lâche un membre d’équipage, tandis que l’embarcation des migrants, un pneumatique de piètre allure, est déposée sur le quai. Elle avait commencé à prendre l’eau quand le groupe a été secouru. « Les embarcations sont surchargées et, souvent, les moteurs ne tiennent pas le choc, explique un policier présent au port. S’il a été mal monté, le plancher peut aussi se casser en deux. »
D’après une étude publiée mercredi 17 novembre par l’ONG britannique Refugee Council, 98 % des personnes qui rejoignent le Royaume-Uni en « small boats » demandent l’asile, parmi lesquelles une majorité d’Iraniens, d’Irakiens, de Soudanais, de Syriens ou encore… de Vietnamiens. Les autorités britanniques se disent pourtant prêtes à mettre en œuvre des « push-back » (« refoulements ») dans le détroit tandis que, côté français, le nombre de policiers et gendarmes déployés sur le littoral augmente régulièrement. « Il faudrait quasiment un policier tous les dix mètres pour empêcher les départs », se désespère un enquêteur de la police aux frontières. Le phénomène continue de s’accroître. « Notre crainte, c’est que les secours soient débordés, nos moyens ne sont pas illimités », expliquait, fin octobre, le préfet du Nord, Georges-François Leclerc.
Et si l’on mobilisait tous ces moyens pour les empêcher de pénétrer sur le territoire national ? Ne serait-ce pas plus efficace ? Après tout, il n’y aurait que 2 913 km – Espagne (623 km ), Belgique (620 km ), Suisse (573 km ), Italie (515 km ), Allemagne (448 km ), Luxembourg (73 km ), Andorre (57 km ) et Monaco (4 km ) – à border d’une barrière anti-migrants sur les modèles de la Hongrie ou des enclaves espagnoles du Maroc ! N’en sommes-nous pas capables ?
En mer, la corde s’use. « Nos moyens sont très fortement sollicités »,convient le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, l’amiral Philippe Dutrieux. « On ne fait plus que ça », lâche un policier d’une brigade de sûreté portuaire, qui s’inquiète de l’état de ses semi-rigides. Au large, ce sont un remorqueur de la marine nationale, un patrouilleur et une vedette de la gendarmerie maritime qui constituent le dispositif standard pour secourir les « small boats ». La SNSM est appelée « quand ça ne suffit pas », explique l’amiral Dutrieux. Alain Ledaguenel a le sentiment d’être « le bouche-trou des moyens de l’Etat en mer, qui ne sont pas ridicules mais très faibles ». Il craint pour ses bénévoles. « On va atteindre le point de rupture. » Sa collègue Anne Thorel croit aussi que « tout le monde en a marre ». Nous aussi !
Surtout de constater que rien de ce qui devrait être fait n’est fait et que celui qui est aux commandes de l’Etat ne pense aujourd’hui qu’à faire renouveler son mandat…*
Le 19 novembre 2021. Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.
(*) Et c’est si vrai que le président actuel de la République effectuera une visite « pré-électorale » de 3 jours dans les Hauts-de-France, à partir d’aujourd’hui vendredi 19 novembre, mais sans se rendre un instant sur la Côte d’Opale où règne la chienlit migratoire dont nous parlons !