Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La reprise économique mondiale n’est plus au beau fixe.

Tous s’étaient réjouis, après la phase aiguë de la pandémie, que la plupart des pays retrouvent plus rapidement que prévu une croissance nette de leur produit intérieur brut (PIB). Hélas, après l’euphorie du début de cette année, la plupart des économistes… en rabattent. C’est ce qu’il ressort de la dernière publication de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publiées mercredi 1er décembre.

Après un pic attendu au dernier trimestre 2021, la reprise économique mondiale va en effet ralentir nettement : la croissance du PIB mondial devrait passer de 5,6 % en 2021 à 4,5 % en 2022, puis à 3,25 % en 2023. L’économie mondiale ne devrait pas rattraper avant 2023 son niveau d’avant la pandémie de Covid-19, avec un redressement beaucoup plus rapide dans les économies avancées que chez les émergents et les pays pauvres.

 

Surtout, cette reprise est plus incertaine que jamais car menacée par de graves déséquilibres sanitaires et économiques mondiaux, prévient l’OCDE. D’abord en matière de vaccination : 147 doses ont été administrées en moyenne pour 100 habitants dans les pays riches, contre 8 dans les pays pauvres, ce qui augmente les risques d’apparition de nouvelles souches potentiellement plus contagieuses et résistantes aux vaccins, comme c’est le cas avec le variant Omicron découvert récemment et dont, avec des données incomplètes sur sa létalité et sa contagiosité, il est trop tôt pour mesurer les conséquences.

L’OCDE rappelle que « la première des priorités politiques » est de « veiller à ce que les vaccins soient produits et déployés aussi rapidement que possible dans le monde entier ». Autrement dit, la pandémie ne sera vaincue nulle part si elle ne disparaît pas partout. Un message qui peine à être entendu par les responsables politiques, de l’aveu même de Laurence Boone, économiste en chef de l’organisation : « Les pays du G20 ont dépensé 10 000 milliards de dollars (8 800 milliards d’euros) pour soutenir leur économie pendant la pandémie, et les pays pauvres ont besoin de 50 milliards de dollars pour vacciner leurs populations. Pourquoi ne fait-on pas plus d’efforts pour s’épargner un coût humain et économique si élevé ? » Ce qui n’est pas totalement faux…

Mais les trajectoires économiques des pays divergent aussi. « La perte de croissance a été proportionnellement plus importante pour les économies émergentes (…) et surtout pour les pays en développement à faible revenu », note l’OCDE, qui souligne leur fragilité en raison d’un endettement élevé en devises étrangères, ce qui obère leur marge de manœuvre fiscale et pourrait ralentir leur reprise.

Les déséquilibres se creusent enfin dans chaque économie, avec une consommation qui favorise les produits manufacturés plutôt que les services, tout en se déportant vers le commerce électronique. C’est ce que montre l’écart de croissance entre les commerces de marchandises et de services, publié mardi 30 novembre par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. Le premier a bondi de 22 % au troisième trimestre 2021, en rythme annuel, tandis que le second a progressé de 6 %. Les échanges de marchandises, d’une valeur de 5 600 milliards de dollars au troisième trimestre 2021, ont atteint un niveau record. Mais un phénomène qui n’aurait pas pris cette importance si la mondialisation des échanges commerciaux ne favorisait pas le consumérisme de façon démente…

Cette demande concentrée dans quelques secteurs crée des goulets d’étranglement et aggrave les pénuries de certains composants, comme les semi-conducteurs, qui menacent des pans entiers de l’industrie mondiale ! C’est le cas du secteur automobile. L’OCDE a calculé que, au cours des neuf premiers mois de 2021, la production de véhicules, perturbée par les ruptures d’approvisionnement, a chuté de 26 % par rapport à la même période de l’année précédente dans les pays de la zone euro, alors que le secteur contribue à 2 % du PIB de celle-ci.

Ces perturbations bouleversent à leur tour le marché du travail, puisque certains secteurs en surchauffe manquent de main-d’œuvre alors que le nombre d’actifs est inférieur à celui d’avant la pandémie. Ces déséquilibres sont aussi attribués à des changements dans la « localisation des activités » et dans les « compétences requises dans un contexte de pandémie (notamment en raison du changement soudain de la consommation de services vers les biens) ». 

Ces gens sont fous !

Ajoutez à cela les crises migratoires qui bouleversent l’équilibre économique par le biais du marché du travail : les travailleurs nés à l’étranger sont très nombreux dans certains secteurs, comme l’industrie manufacturière, où ils représentant plus de 10 % de la population active, ou dans l’agriculture, qui emploie de nombreux travailleurs saisonniers et engendrent un authentique dumping social que les pouvoirs publics refusent de reconnaître.

Aujourd’hui, le problème n’est plus tant celui du chômage que du pouvoir d’achat qui diminue du fait de ce dumping mais aussi d’une inflation qui frôle les 5 % dans les pays de l’OCDE. « En Europe et en Asie, la baisse de l’inflation relève de la responsabilité des gouvernements plutôt que des banques centrales », explique Mme Boone.

Avec la stabilisation de la demande, la disparition progressive des goulets d’étranglement et un retour à la normale sur le marché du travail, la hausse des prix devrait ralentir à 3 % d’ici à 2023, selon l’OCDE, pour qui « l’impact direct de la hausse des prix du pétrole, du gaz naturel et du charbon sur les budgets des ménages a été jusqu’à présent limité, étant donné que leurs dépenses en électricité et en combustibles sont de l’ordre de 5 % à 10 % » dans la plupart des économies développées.

La réponse à la crise ne doit pas faire oublier les défis de long terme. Dans le rapport publié ce mercredi, Mme Boone se dit « inquiète de l’absence de débat » sur l’orientation des dépenses publiques, qui passe au second plan derrière « le niveau de la dette ». Elle plaide pour que celles-ci soient davantage consacrées aux « investissements productifs qui stimulent la croissance », à l’instar de l’éducation ou des infrastructures. L’OCDE déplore enfin le flou des politiques de réduction des émissions de carbone qui freine les investissements dans les énergies renouvelables et les infrastructures.

En résumé, ne serait-il pas urgent de revenir à davantage de raison dans ce monde devenu fou ? On ne peut tout de même pas compter uniquement sur une nouvelle pandémie virale pour que les dirigeants politiques reprennent leurs esprits !

Le 2 décembre 2021.
Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.

https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/

Les commentaires sont fermés.