Jean Leclerc
Il y a quelques mois, j’assistais à la messe dominicale dans la chapelle d’une école "hors contrat", donc plus libre que d’autres quasi intégrées à l’Éducation nationale. L’évangile rappelait la parabole des ouvriers de la onzième heure. Un enseignement du Christ bien difficile à comprendre par nous autres, les militants politiques, qui nous méfions des personnages qui arrivent dans nos rangs au secours de la victoire !
Vint le temps du sermon par lequel le prédicateur voulait instruire ses jeunes ouailles de la vertu de persévérance. Nous étions alors quelque semaines après les funérailles de Jean-Marie Le Pen et je ne pus que faire le rapprochement avec l’engagement politique sans faille de notre Menhir breton ! Impressionné par le sermon, je demandai au prédicateur de me communiquer son texte. Je veux, ici, vous faire profiter de la partie la plus prégnante.
La persévérance…
Elle est une vertu annexe de la vertu cardinale de force, inséparable de la fermeté d’âme et du courage auxquels saint Thomas d’Aquin relie aussi la magnanimité, la magnificence, la patience et la persévérance.
La force est la vertu par laquelle nous surmontons la crainte des maux les plus grands, notamment la crainte de la mort. Elle nous fait dominer l’effroi que provoquent les difficultés. Elle nous permet d’entreprendre, de supporter, de faire face à l’adversité. Le courage ne consiste pas à ne pas éprouver la crainte, mais à dominer cette dernière, à ne pas se laisser paralyser par elle. Le grand Turenne ne se disait-il pas à lui-même : « Ah ! tu trembles carcasse. Tu tremblerais bien plus si tu savais où je te mène ! » Quant à la patience, elle nous fait supporter la tristesse causée par la présence d’un mal que nous sommes obligés de subir.
La persévérance nous fait tenir dans le temps, nous maintient à notre poste, malgré la longueur du combat, la durée de l’épreuve, la lassitude qui nous gagne. Tantôt nos épreuves sont momentanées dans le temps, tantôt elles durent et nous ignorons cette durée. Il faut combattre sans connaître le moment de la délivrance, tenir jusqu’au bout, tant qu’il le faut, jour après jour, heure après heure. Certains maux ne cessent qu’avec notre mort. Avancer dans le tunnel sans en voir le bout. La persévérance affermit l’âme devant cette durée des maux qui nous affectent. Elle nous permet de nous maintenir dans la pratique de la vertu en consentant aux efforts nécessaires. Elle n’est pas la vertu des assauts très durs, elle est celle des combats qui durent, des coups que l'on endure.
… contre la facilité, le dilettantisme, la superficialité
À un moment de son sermon, le prêtre cita le père Vuillermet, prêtre brancardier sur différents fronts de la Grande Guerre, qui remarquait : « Non seulement notre volonté est paresseuse, mais elle est atteinte du microbe du changement. Nous ignorons un art, sans lequel les autres ne sont rien, l’art de finir. Nous aimons à papillonner à droite et à gauche, à tout effleurer sans rien approfondir. En agissant ainsi, peut-être acquerrons-nous un certain vernis qui pourra tromper et éblouir les naïfs qui se laissent prendre à la piperie des mots, nous ne posséderons à fond aucune connaissance ».
L’abbé acheva sa péroraison par l’énumération des vices qui s’opposent à la persévérance. Il sont le danger qui nous guette : la mollesse, la faiblesse de tempérament, la recherche du succès immédiat, la démission de la volonté par le trop facile "À quoi bon !" et tout simplement, l'absence d'efforts dans la vie quotidienne. En somme, une conclusion qu’aurait pu faire sienne Jean-Marie Le Pen (ou que pourrait utiliser n’importe quel responsable politique) au terme d’une harangue adressée à ses militants.
Alors que j’écoutais ces fortes paroles, je me disais en moi-même : « Quelle chance ont ces jeunes élèves d’entendre un tel sermon, dans une si belle chapelle, dans une telle école où tout l’enseignement est exigeant et cohérent ! Une nouvelle jeunesse est là, qui se forme ! » Un sentiment d’espoir m’enveloppait. Non, tout n’est pas perdu ! Le combat continue !
Article paru dans le dernier numéro (n°70, été 2025) de la revue Synthèse nationale.
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