Il est important de le savoir avant de voter pour celle qui prétend devenir présidente de la République…
D’ailleurs, certains n’en peuvent plus et le disent. Aux Sept-Mares, un lycée de Maurepas (Yvelines), le personnel comme les huit cents élèves et leurs parents en ont assez des toits qui fuient. Des faux plafonds qui s’effondrent. Des agents malades non remplacés. Des rafistolages. Et de la région, qui multiplie les annonces sur les lycées, mais ne répond guère aux demandes concrètes de cet établissement comme les autres.
« Elle a doté les élèves d’ordinateurs portables, c’est bien, mais comme il n’y a pas de prises dans les salles et que les appareils se déchargent en une demi-journée, on ne les utilise pas, témoigne Anthony Dekhil, professeur de philosophie et membre du conseil d’administration. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une vraie modernisation des locaux, et de recrutements. » Les parents d’élèves sont en colère : « Les engagements pris par la région n’ont pas été tenus, le délabrement et le manque de personnel deviennent alarmants », s’émeuvent Nathalie Munier-Lelong (Unaape) et Christian Nieto (FCPE).
A la tête depuis 2015 de la première région française, avec 12,3 millions d’habitants, Valérie Pécresse prétend avoir fait de l’Ile-de-France une vitrine de son volontarisme et de sa gestion rigoureuse. Ce qu’elle a réussi en région parisienne, elle le fera à l’échelle du pays, « avec autant d’efficacité », martèlent ses soutiens. En juillet 2020, juste avant de se déclarer candidate à l’Elysée, elle a fait voter par le conseil régional une série de textes et affirmé que 80 % de ses promesses de campagne se trouvaient désormais sur les rails, vingt jours seulement après sa réélection. Qui dit mieux ? Pour 2022, elle garantit déjà « la mise en place de la “mutuelle régionale de santé”, de la “banque régionale des jeunes”, d’un bouclier tarifaire pour les transports ou encore de la réserve éducative contre le décrochage scolaire ».
Ses opposants, eux, soulignent le décalage entre une communication bien huilée et une réalité moins étincelante, comme au lycée de Maurepas. « Pendant sa campagne, Valérie Pécresse a annoncé 10 milliards d’euros pour l’environnement, 1 milliard pour la santé, un autre pour le Val-d’Oise, etc., mais six mois plus tard, on n’a pas encore vu la couleur de tout cela », estime Maxime des Gayets, le patron des socialistes au conseil régional. « Avec elle, on est souvent dans le mensonge caractérisé, affirme même son homologue macroniste Laurent Saint-Martin. Par exemple, elle dit sans cesse que l’Etat abandonne la région. En fait, il finance le plan de relance qu’elle présente comme sien ! »
C’est un de ses marqueurs politiques forts, comme souvent à droite : Valérie Pécresse se veut une gestionnaire « exemplaire ». Avec elle, « pas 1 euro de gaspillé », assure l’ancienne ministre du budget de Nicolas Sarkozy. A la région, elle se targue d’avoir supprimé 421 postes au siège et dans les organismes associés depuis 2016, tout en en créant 359 dans les lycées, pour accompagner la hausse du nombre d’élèves.
Autre titre de gloire, le déménagement à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) de services éparpillés dans onze implantations parisiennes, surtout dans les beaux quartiers. Au total, « l’Ile-de-France est la seule région à baisser ses dépenses de fonctionnement », affirme la présidente. Ces dépenses ont été comprimées de 20 % les premières années, et restent stables depuis 2020, précise-t-elle.
De tels efforts ont permis de dégager des marges pour accroître nettement les investissements, passés de 1,6 milliard d’euros en 2015 à 2,6 milliards en 2021, un record historique, sans pour autant faire bondir la dette. De quoi satisfaire les agences de notation : « La région a la meilleure note qu’elles peuvent attribuer », ce qui permet d’emprunter à d’excellentes conditions, se félicite Valérie Pécresse. Et la région a pu absorber le choc financier de la crise sanitaire sans drame.
En réalité, cette rigueur affichée constitue un trompe-l’œil, nuance Julien Feuille, secrétaire général de la section CGT de la région. « Entre 2016 et 2020, Valérie Pécresse a effectivement supprimé 472 postes de titulaires, indique-t-il. Mais dans le même temps, elle a créé 568 postes de non-titulaires, et la région s’est mise à recourir de plus en plus à l’intérim. Si bien que nous sommes plus nombreux qu’avant à travailler pour la région. Je ne vois pas où sont les économies. »
L’opposition, de son côté, s’alarme de la baisse de certaines dépenses de fonctionnement « qui sont en fait des dépenses d’intervention, d’action politique », juge l’écologiste Ghislaine Senée. L’élue communiste Céline Malaisé a examiné le budget 2022 à la loupe : « 33 millions d’euros de moins pour le développement économique, 10 millions de moins pour le logement, 10 millions de moins pour la politique de la ville, 5 millions de moins pour l’environnement en pleine crise climatique… » Laurent Saint-Martin (La République en marche) se montre tout aussi sceptique : « Valérie Pécresse dit vouloir mettre fin aux ghettos, et elle taille dans les aides au logement social. Quelle est la logique ? » Les seuls points, pourtant, que nous reconnaissons positifs dans son bilan !
Car, depuis longtemps, la présidente est aussi critiquée pour l’écart entre les impressionnants budgets annoncés et les fonds réellement décaissés, bien plus faibles. Seuls 25 % des investissements dans les lycées votés entre 2016 et 2019, par exemple, se sont concrétisés durant cette période, souligne la chambre régionale des comptes dans un rapport de septembre 2021. Consciente du problème, Valérie Pécresse a essayé de corriger le tir. « Avec 97 % des crédits d’investissement effectivement utilisés en 2020, l’Ile-de-France présente le meilleur taux d’exécution de l’ensemble des régions », se félicite-t-elle à présent… en prévision de sa candidature à la présidence de la République !
Valérie Pécresse se heurte par ailleurs à un problème chronique : des années s’écoulent entre la décision de construire ou rénover un lycée et la fin des travaux. C’est aussi le cas pour les infrastructures de transport, l’autre grande compétence de la région. Si bien que la présidente inaugure des projets engagés par son prédécesseur socialiste, et doit patienter avant que les siens ne voient le jour.
Le problème est accentué par les retards sur de nombreux chantiers. Les nouvelles stations de métro de la ligne 12 en Seine-Saint-Denis, par exemple, ne seront inaugurées qu’en mai, alors que le prolongement était initialement prévu pour 2017. De même, les rames du RER D et E commandées à Alstom et Bombardier par la région n’arriveront pas avant 2023, soit avec deux ans de décalage. Un « naufrage industriel » qui fait enrager sa majorité.
Décidée à accélérer le mouvement, l’ancienne ministre a eu recours à des partenariats public-privé avec Vinci pour construire deux lycées neufs à Palaiseau (Essonne) et à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Ils ont été inaugurés en septembre 2021, mais ces opérations sont très critiquées par la chambre régionale des comptes. « L’estimation initiale des coûts a été dépassée au point de pouvoir remettre en cause l’intérêt du marché de partenariat », note-t-elle.
En élue de droite assumée, Valérie Pécresse tient à agir pour la sécurité, et à le faire savoir. Problème : le sujet ne fait pas partie des compétences du conseil régional. Ce qui place la collectivité et sa présidente dans des situations juridiquement contestables.
C’est le cas pour les brigades régionales de sécurité, créées en 2019 après une série d’incendies et de dégradations dans des lycées. Ses agents interviennent à l’intérieur et aux abords des établissements. Selon la chambre régionale des comptes, cette initiative menée « sans fondement légal » est contre-productive : elle vient « brouiller la lisibilité et la cohérence des dispositifs offerts aux chefs d’établissement amenés à gérer des situations de tension au sein des lycées ». En septembre, la chambre a donc recommandé de « laisser aux services des académies, conformément à la loi, l’exercice des missions de surveillance et de sécurité des élèves ». Loin d’obtempérer, Valérie Pécresse a au contraire doublé le nombre de brigades, de cinq à dix. « Cela expose la collectivité à des poursuites », juge l’opposition.
De même, en décembre, le conseil régional a voté un amendement surprise pour financer l’acquisition de drones par les polices municipales. « En l’absence de cadre législatif pour l’usage des drones par les forces de sécurité, cette aide est illégale », estiment les élus communistes, qui ont déposé cette semaine un recours en référé. Au tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) de trancher. Mais tout cela coûte très cher alors que rien n’est fait pour réduire l’emprise de l’immigration sur les banlieues malfamées de la région : traiter de façon radicale une tumeur cancéreuse primitive est toujours plus efficace que de s’acharner sur ses métastases…(https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2022/01/11/jusqua-la-lie/).
Comme avec Emmanuel Macron, les quartiers riches deviennent plus riches tandis que les quartiers pauvres s’enfoncent dans la misère. Tel est sans doute le point le plus critique du bilan de l’action publique en Ile-de-France, même s’il ne relève pas uniquement de la responsabilité de Valérie Pécresse.
La région parisienne est de longue date celle où les inégalités sont les plus marquées, du fait de la concentration de populations très aisées et de l’existence d’énormes poches de pauvreté. Depuis le début des années 2000, « le phénomène s’accentue de façon inquiétante, notamment en raison de l’envol des prix de l’immobilier », constate Martin Omhovère, de l’Institut Paris Région. Et toutes les mesures décidées par Valérie Pécresse et ses prédécesseurs n’ont pas suffi à enrayer cet accroissement des inégalités. Nous savons pourquoi. Mais sa participations aux gouvernements de Nicolas Sarkozy n’y a rien changé. Alors, par quel miracle son élection à la présidence de la République y changerait-elle quoi que ce soit ?
N’oubliez pas notre slogan : « Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. » *
Le 12 janvier 2022. Pour le CER, Jean-Yves Pons, CJA.
(*) Ne manquez pas de relire ceci : https://conseildansesperanceduroi.wordpress.com/2021/12/09/sachez-le-et-faites-le-savoir-emmanuel-macron-et-valerie-pecresse-cest-bonnet-blanc-et-blanc-bonnet/