Au mois de décembre est sorti le livre d'André Posokhow, Immigration, l'épreuve des chiffres (cliquez ici). Dans cet entretien qu'il nous a accordé, l'auteur revient sur les motivations qui l'ont poussé à écrire, à quelques mois de la présidentielle, un tel ouvrage.
Propos recueillis par Guirec Sèvres
André Posokhow, qui êtes-vous et comment avez-vous été amené à écrire ce livre sur l’immigration édité chez Synthèse : Immigration, l’épreuve des chiffres ?
Je suis né en 1945 à Cahors dans le Lot., j’ai fait Sciences-po et dans ma vie professionnelle j’étais expert-comptable et commissaire aux comptes. Lorsque celle-ci a pris fin je me suis posé la question de savoir comment je pouvais me rendre utile. C’est ainsi que je me suis tourné vers la droite nationale et que j’ai été pendant plusieurs années contributeur pour la fondation Polémia de Jean-Yves Le Gallou, en particulier sur les questions d’immigration.
J’ai notamment publié en 2014 une étude du coût de l’immigration sur le site de Polémia que j’ai évalué, il y a près de huit années, à 84 milliards euros.
Le temps ayant passé et les flux d’immigration étant ce qu’ils sont devenus, j’ai éprouvé le besoin de procéder à un bilan en quelque sorte comptable des contributions fiscales et sociales des immigrés et de la première génération de descendants d’immigrés aux budgets français et des dépenses et des coûts de toute nature qu’ils entraînent.
La première étape a été de faire le point, au titre de l’année 2019, sur les chiffres de la démographie des immigrés, c’est-à-dire ceux des flux d’entrée et de sortie et ceux de la présence immigrée. C’est le thème de ce tome 1 : l’immigration l’épreuve des chiffres.
Pourquoi l’année 2019 ? Parce que c’est la dernière année avant la pandémie qui a pas mal chamboulé les statistiques de l’immigration et qu’au moment de la rédaction il était possible de disposer d’une documentation relativement complète de l’Insee sur cette année-là.
L’objet de cet ouvrage est donc essentiellement celui du chiffrage des flux de populations immigrées et de la présence en France de l’immigration. ?
C’est tout à fait cela. Comme je viens de le dire il s’est agi tout d’abord d’exposer ce que sont les flux annuels de l’immigration régulière comme irrégulière. En effet les controverses font continuellement rage aussi bien entre les politiques que dans les médias et même entre les experts sur ce chiffrage de flux.
J’ai donc procédé à un inventaire de l’ensemble des flux qui concernent essentiellement les immigrés et descendants directs extras européens pour arriver à plus de 600 000 entrées. Il faut cependant tenir compte, ce qui n’est pas toujours fait, des sorties d’immigrés pour aboutir à plus de 400 000 entrées nettes.
Il faut insister sur les entrées de clandestins appelés et pudiquement étrangers en situation régulière celle des mineurs étrangers isolés souvent pas si mineurs et isolés que ça et souvent accompagnés par les associations immigrationnistes.
Enfin deux thèmes sont soulignés : celui des expatriations de natifs et la réalité du solde migratoire qui a donné trop souvent lieu à une confusion entre les entrées d’immigrés notamment extras européens et le départ de natifs.
Il n’y a pas que les flux, qu’en est-il de la présence immigrée en France ?
Mon livre évalue la présence régulière d’immigrés et de descendants directs d’immigrés à environ 15 millions de personnes ; et plus de 16 millions si l’on tient compte d’un chiffre de 1,3 million de clandestins, soit 24% de la population française.
Certes ce ratio semble énorme. Il faut cependant le tempérer et distinguer les Européens des extra-européens. Ceux-ci, avec les clandestins, sont près de 11millions de personnes soit plus de 16% de la population française totale mais 21% de celle-ci hors immigrés.
En revanche, il n’a pas été procédé à une estimation des descendants de descendants d’immigrés dont le dénombrement présente des difficultés difficilement surmontables et qui sont considérés par les pouvoirs publics et les instituts statistiques comme faisant partie des non immigrés au même titre que les natifs. Il n’est pas certain que cette assimilation statistique soit pleinement justifiée dans les faits.
Cette deuxième partie de l’ouvrage présente des ratios de la présence des immigrés qui sont d’autant plus inquiétants que, chaque année, il se déverse dans notre pays le même nombre d’immigrants c’est-à-dire l’équivalent d’une grande ville française.
Y a-t-il d’autres aspects de la problématique de l’immigration à ajouter ?
Il y en a en a beaucoup qu’ont abordé de multiples auteurs comme Jean-Yves Le Gallou, Gérard Pince, Patrick Stefanini, Jean-Paul Gourevitch et bien d’autres.
Je peux citer le nombre élevé de naturalisations qui est maintenant supérieur à 100 000 personnes chaque année dans des conditions que l’on peut qualifier très souvent de laxistes.
Mais surtout je tiens à insister sur les multinationalités qui constituent une problématique grave et vitale pour l’avenir de notre pays. La question fondamentale est celle de l’assimilation et de l’allégeance envers notre pays. À titre d’exemple un Marocain naturalisé français et même relativement intégré demeure avant tout un Marocain ainsi que ses descendants. Dans ce contexte la nationalité française apparaît d’une manière générale comme une nationalité d’appoint purement utilitaire et ressentie comme secondaire par les intéressés.
Que dire d’autre ?
Ce premier tome préfigure et introduit celui qui suivra et qui traitera du bilan annuel chiffré de l’immigration en France.