Police : la mort dans l’âme
Un mois de janvier noir pour les forces de l’ordre. Depuis le début de l’année, onze policiers, un gendarme et un employé d’un commissariat se sont donné la mort à travers la France. Le mal est profond et le ministère de l’Intérieur se retrouve au pied du mur.
Un major de police âgé de 55 ans et un brigadier-chef de 50 ans sont venus compléter ce week-end la dramatique liste des policiers ayant mis fin à leurs jours en 2022.
Interrogé sur CNews, le représentant syndical Jean-Christophe Couvy (Unité SGP Police-Force Ouvrière) voit dans la situation actuelle « un échec collectif » et attend une réaction du ministère de l’Intérieur. Il note par ailleurs que les policiers sont quotidiennement confrontés à « tout ce qui va mal dans la société » mais qu’ils n’ont ni « sas de décompression » ni « liberté de parole » pour évacuer leur stress et leur souffrance.
Le SSPO (Service de soutien psychologique opérationnel) avait bien été mis en place en 1996, année particulièrement meurtrière lors de laquelle 71 suicides avaient été à déplorer, mais celui-ci semble désormais dépassé. Les psychologues, peu nombreux puisqu’on en compte un pour 1 822 policiers, sont qui plus est boudés par de nombreux gardiens de la paix, trop fiers pour aller révéler leurs troubles ou craignant parfois le regard de leurs collègues. Certains policiers peuvent toutefois profiter depuis peu du « protocole 6C », un protocole psychologique d’urgence mis en place en Israël il y a quinze ans et qui a donc fini par être adopté en France. Il s’agit de neurosciences visant à traiter le stress post-traumatique à la source. Le Figaro révèle par ailleurs le déploiement prochain de 2 000 « sentinelles », des policiers formés pour détecter les problèmes éventuels de leurs collègues.
La chaîne YouTube Livre Noir, à qui l’on doit de nombreux entretiens de qualité, a recueilli le témoignage d’un policier qui n’hésite pas à évoquer les raisons politiques et judiciaires du désarroi de sa profession. Il dévoile notamment que la hiérarchie renonce à des opérations dans des coins sensibles mais qu’elle demande une tolérance zéro envers les automobilistes ou lors des contrôles des passes sanitaires. Difficile à encaisser pour les idéalistes qui ont rejoint les rangs de la police pour servir et non pour asservir.
En 2018, l’épisode des Gilets jaunes avait déjà provoqué un profond malaise. Bien avant que les casseurs d’extrême gauche ne reprennent le mouvement à leur compte, le gouvernement avait lancé la police sur les manifestants telle une milice, milice qui éborgnait de nombreux Français, les traitant comme elle n’a jamais traité la moindre racaille de banlieue. La justice, elle non plus, n’aide pas la police en relâchant parfois le jour même les délinquants interpellés.
Entre le marteau et l’enclume, les policiers sont à bout et l’on voit mal comment Gérald Darmanin pourrait leur donner une réponse satisfaisante lors de la réunion prévue vendredi prochain avec les syndicats de policiers et deux associations de soutien. Nul doute que, pour de nombreux gardiens de la paix, la réponse se trouvera plutôt dans le programme de Marine Le Pen ou d’Eric Zemmour. •
https://www.tvlibertes.com/actus/la-une-de-present-du-02-02-2022