On n’y croyait pas vraiment. Personne n’aurait parié sur la réalité d’un relâchement de l’étreinte sanitaire dés ce 2 février. C’est pourtant ce qui vient d’être annoncé : sommes-nous en train de sortir de la dictature ? Ce qui vient de se passer au Canada – la fuite de Trudeau devant les camionneurs – a peut-être poussé à la sagesse les plus dogmatiques hygiénistes.
Depuis mercredi, le port du masque n’est plus obligatoire dans la rue, les sous-bois, les parcs, en montagne, sur les plages. On savait depuis 2020 que la mesure était aberrante, et le conseil constitutionnel avait annulé les arrêtés municipaux allant dans ce sens, en particulier à Paris, où l’obligation n’aura duré que quelques jours. Mais c’est agréable de savoir que le bon sens, l’évidence, l’ont emporté, même si la bataille a été rude. La très avisée Hidalgo, précurseur dans ce domaine, entendait bien l’imposer le plus longtemps possible. Mais c’est terminé. Finie, dorénavant, la buée sur les lunettes, en traversant l’esplanade des Invalides, déserte et froide, au petit jour !
Depuis cette même date, les entreprises ne sont plus contraintes à mettre leurs équipes en télétravail. Cela devient une simple recommandation.
Les jauges dans les établissements recevant du public sont abolies, mais les grands rassemblements continueront à nécessiter le port du masque.
Dans deux semaines, les discothèques, fermées depuis plus de cinquante jours, rouvriront, ce que réclamaient sans doute des millions de Français qui, comme vous et moi, passent habituellement leur soirée au Rex-Club ou dans ce genre de boîte tonitruante. Il redeviendra également possible de mâcher du popcorn au cinéma et de se restaurer dans les avions et les trains, en prenant son temps, masque baissé, par pur plaisir de la provocation.
Ces libertés nous sont octroyées car les hospitalisations diminuent en réanimation, les décès aussi, même si la circulation des variants et sous-variants du Covid reste plus active que jamais. Omicron se révèle bon zig, en fin de compte : contagieux mais peu dangereux. On nous parle d’ailleurs moins, depuis quelques jours, de la quatrième injection, qui faisait saliver les hygiénistes. Le pic aura donc peut-être été atteint un peu plus tôt qu’annoncé, grosso modo entre Noël et la mi-janvier.
La désincarcération sanitaire arrive en France après le Danemark et la Grande-Bretagne. Dans quinze jours, d’autres mesures de libéralisation pourraient être annoncées, en particulier un allégement du protocole dans les écoles, qui avait tant irrité les professeurs et les parents. Son application serait généralisée au retour des vacances de février, sans doute le 21 février, lors de la reprise des cours pour les élèves de la zone B.
Noyer les informations relatives à la hausse des prix
Annoncer les bonnes nouvelles dès maintenant et pas à une date plus proche de la présidentielle peut sembler une erreur, compte tenu du regain de popularité dont bénéficient toujours les gouvernants dans ces cas-là. Mais cela permet aussi de noyer un peu les informations relatives aux hausses de prix, nettement moins populaires : Le Figaro et Le Monde, qui passent à 3,20 euros, l’électricité, certes plafonnée, le gaz, les carburants, les autoroutes, le tabac etc. C’est qu’en un an les prix ont augmenté de 2,8 % ; ce qui devient sensible pour le porte-monnaie. Mais ces jours-ci on ne parlait que de la fin du masque à l’extérieur. Oui, la date de ces annonces-là était plutôt bien choisie.
Francis Bergeron
Article paru dans Présent daté du 2 février 2022