Il y a aussi ceux des produits alimentaires.
Alors, réposons la question : où sont passés les « Gilets jaunes » ?
Les consommateurs ne vont pas tarder à le savoir en faisant leurs courses : les produits alimentaires vont subir une sérieuse inflation en 2022. C’est le résultat des négociations commerciales entre industriels et distributeurs pour fixer le tarif des marques nationales, qui se sont achevées mardi 1er mars.
« Des discussions musclées », « des négociations extrêmement tendues » : alors que la date fatidique approchait, le gouvernement laissait entendre, ces derniers jours, la dureté des échanges. Soucieux de faire appliquer la loi EGalim 2, promulguée en octobre 2021 et censée répartir plus équitablement la valeur dans la chaîne alimentaire afin de mieux rémunérer les agriculteurs, il a maintenu la pression. Et n’a pas cédé à la tentation de retarder le calendrier, même si le taux de signature de contrats était en retard marqué par rapport à 2021.
Les dernières tractations se sont déroulées au Salon de l’agriculture, à Paris, sur fond de flambée des cours des matières premières, aggravée encore par la guerre en Ukraine. Les discussions avec les grands groupes ont été les plus acharnées. « Nous n’avons encore signé qu’avec Lidl et notre volonté est de trouver des accords d’ici ce soir », déclarait encore Jean-Marc Bernier, directeur général de Lactalis France, mardi matin. Il chiffrait ses besoins de hausse des prix entre 8 % et 10 %. Vous rendez-vous compte de ce que cela représente pour le consommateur ?
Mais où sont donc passés les « Gilets jaunes » ?
Selon le gouvernement, certaines négociations se sont finalement achevées mercredi à 8 heures. A ce jour, le taux de signature des contrats dépasse les 80 % dans la plupart des enseignes, à une ou deux exceptions près. Dans les cas les plus conflictuels, le médiateur est saisi et une soixantaine de médiations sont en cours. Même s’il faudra attendre fin mars pour avoir une image claire des résultats, des tendances se dessinent d’ores et déjà. Les voici.
Tout d’abord, les prix des produits alimentaires sont, globalement, en hausse, alors que ceux des produits d’hygiène, de beauté et d’entretien sont stables. Une conséquence directe de la loi EGalim 2, qui sanctuarise la part agricole dans les produits alimentaires. Les enseignes tentent ainsi de limiter l’inflation du panier de courses du consommateur en se rattrapant sur le non-alimentaire.
Toutefois, les industriels de l’alimentaire, même s’ils ont fait passer des hausses, se disent insatisfaits. « Alors que les entreprises demandaient entre 6 % et 7 % d’augmentation, elles en ont obtenu entre 3 % et 4 % », prétend Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries alimentaires. Si la flambée des matières premières agricoles n’était pas négociable, celles de l’énergie, du transport et de l’emballage ont eu plus de mal à être répercutées.
Résultat : « Les négociations qui s’achèvent vont se traduire par une hausse significative des prix en 2022, entre 3 % et 4 %, contre 0 % en 2021. Il s’agit d’une hausse inédite depuis près de dix ans, qui concernera en priorité les produits alimentaires », reconnaît pour sa part la Fédération du commerce et de la distribution. Avant d’ajouter que « les discussions ont été rendues très difficiles par la hausse de nombreuses matières premières, par l’introduction d’une nouvelle loi d’une complexité rare et par le refus de certains grands industriels de toute discussion afin de préserver leurs marges historiquement hautes ». DES RAPACES. Qui ne se souviennent évidemment pas des émeutes liées au prix du pain qui annoncèrent la révolution de 1789…
Reste à connaître l’impact réel de ces négociations sur la rémunération des agriculteurs. Les producteurs de légumes de la coopérative Eureden, propriétaire de la marque D’Aucy, savent déjà que cette année, le prix payé et contractualisé a été revalorisé de 5 % à 15 % selon le légume. Une progression répercutée dans le tarif des conserves négocié par le fabricant auprès des enseignes.
Les éleveurs laitiers attendent, eux, le verdict. « Si vous obtenez la moitié de la hausse que vous avez demandée, on peut dire aussi que cela correspond à la moitié de la hausse des matières premières agricoles », prévient M. Bernier. Pas sûr que le raisonnement soit en faveur de l’agriculteur qui risque donc, une fois de plus, d’être grugé dans l’affaire avec, à la clé, encore plus de suicides et d’abandons d’activité !
Tant que la grosse industrie alimentaire et les financiers feront la loi avec la complicité des pouvoirs publics, nos agriculteurs mais aussi le peuple français s’enfonceront dans la misère.
Pensez-vous un instant que la réélection d’Emmanuel Macron améliorera leur situation ? Quelle naïveté !