Jorge Buxadé est vice-président du parti libéral-conservateur espagnol Vox, président de la délégation de Vox au Parlement européen (groupe Conservateurs et Réformistes européens). Il a été interrogé par Olivier Bault dans Présent. Extrait :
La réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République française est-elle selon vous une bonne nouvelle pour l’Europe, par rapport à une éventuelle victoire de Marine Le Pen ?
Je ne pense pas que ce soit une bonne nouvelle pour l’Europe. Emmanuel Macron s’est caractérisé par des déclarations comme celle sur sa volonté d’inclure le faux droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux, et c’est un dirigeant qui rejoint ces élites, ces oligarchies de Bruxelles contre les intérêts des travailleurs et des classes populaires. Nous pensons chez Vox que Macron a également démontré tout au long de la crise du Covid son absence de respect des droits fondamentaux, tout comme en Espagne Pedro Sánchez quand il a déclaré deux mois d’état d’alerte que notre Cour constitutionnelle a jugés contraires à notre constitution. Nous voulons une Europe qui respecte les droits des individus et les droits des familles et qui travaille pour les entreprises européennes et les travailleurs de nos nations. Nous ne voyons pas en Macron quelqu’un prêt à défendre la souveraineté des Etats membres.
Ne trouvez-vous pas dommage que Marine Le Pen et Eric Zemmour ne puissent pas s’allier pour les élections législatives en France et que seule la gauche le fasse, ce qui en fera probablement la principale opposition à Macron dans le prochain parlement après les élections de juin ?
Chez Vox, nous ne voulons pas dire aux Français comment ils doivent s’organiser. Nous avons un maximum de respect pour nos amis français. Marine Le Pen a montré qu’elle était capable de rassembler plus de 40 % des électeurs français lors d’un second tour et le projet de Zemmour a introduit dans la politique française des débats qui n’étaient peut-être pas au premier plan. C’est une bonne chose. Et donc nous aimerions qu’ils puissent se développer au mieux de leurs capacités, mais je le répète : Vox est très respectueux des décisions de ces organisations politiques.
En France, il y a une forte diabolisation de Le Pen et de Zemmour à droite, tandis que la gauche, bien que regroupée autour de l’islamo-gauchiste radical Mélenchon, y compris avec les communistes comme en Espagne, n’est pas présentée comme une menace pour la démocratie. Est-ce la même chose chez vous ?
Oui, il se passe la même chose en Espagne et c’est fondamentalement parce que, pendant plus de cinquante ans, la droite n’a pas mené le combat. La droite politique partout en Europe, ou du moins en Espagne et en France, et aussi en Italie, n’a eu de cesse de céder du terrain à la gauche. Or, dans des mouvements comme Vox, nous sommes prêts à nous battre sur tous les fronts : pour défendre la personne, la famille, la nation, la liberté, le droit de propriété, l’ordre, les frontières… Du fait des renoncements de la droite traditionnelle, la gauche se croit aujourd’hui en position de supériorité, mais nous sommes en train de renverser la situation. Dans toute l’Europe, il y a un renouveau des mouvements qui revendiquent le respect de la nation, de ses droits, de ses compétences, et aussi une renaissance des sentiments en faveur de l’individu et de la famille face à la politique communautariste de la gauche qui veut diviser les nations et nous opposer les uns aux autres. Pour nous, ce qui constitue notre identité, c’est d’être Espagnols. La gauche met en avant d’autres caractéristiques telles que le fait d’être un homme ou une femme, la sexualité ou d’autres identités qui divisent la nation. Ils nous divisent depuis des années, en se faisant les alliés des partis séparatistes et mondialistes qui veulent briser l’unité de l’Espagne, alors que cette unité est pour nous quelque chose d’extrêmement précieux.