Depuis plusieurs jours, avouons notre perplexité devant la composition du ministère Borne. La première inconnue porte en effet sur la durée de vie de cette équipe, faite de bric et de broc ; à peine remodelée par le va-et-vient de quelques branquignols, rien n'indique si, après les élections législatives du 19 juin, à supposer la victoire de la majorité présidentielle, les mêmes gens demeureront en place. On ne sait pas ce que Jupiter envisage de décréter dans l'immédiat, encore moins ce qu'il prépare pour l'été. L'intéressé le sait-il lui-même ? Autant de questions actuellement sans réponse.
C'est dans ce contexte qu'il serait vain de prétendre discerner, pour reprendre le titre du Point, carnets du dimanche en date du 22 mai, à travers "ce que ses ministres révèlent de Macron", ce "qu’il fau[drait]t savoir des choix du président." Pour les journalistes en effet "l’entrée de Pap Ndiaye, le maintien de Dupond-Moretti", ou "ses projets pour l’écologie…" sont devenus les vrais problèmes.
Tout cela pourtant semblerait voué à s'autodétruire s'il ne s'agissait de tendances longues.
La nomination qui a fait le plus de vagues, celle d'un historien indigéniste à la tête de l'Éducation nationale, ne correspond pas seulement au discours de repentance. Celui-ci avait été affirmé dès sa campagne de 2017 par le président élu et réélu. Son propos prolonge même une attitude que l'on pouvait déceler et dénoncer, déjà, sous la troisième république : celle de l'écriture de l'Histoire de France par les ennemis de ce malheureux pays.
Faut-il même, plutôt que de juger sur pièces ses actes futurs concrets, répondre à ses anciens propos, parfois même, pas toujours, habilement tournés ? Un ministre ne fait en général que communiquer sur les desiderata de son administration quand il ne reproduit pas uniquement les impératifs des finances. Rue de Grenelle, les marxistes, les gauchistes, les destructeurs, on dit maintenant les wokistes, occupent le terrain depuis très longtemps.
Ils ne paraissent pas près de décamper, c'est vrai.
Mais les provocations du jour, ou de la semaine, ne doivent pas nous tromper.
Une provocation, en effet, peut être considérée comme pleinement réussie quand elle détourne l'attention des vrais sujets. Et, comme on peut le constater aisément, la nomination spectaculaire d'un ministre de l'Éducation totalement inattendu, non-élu et novice, assorti d'une ministre de la Culture dont personne ne soupçonnait le génie, permet au gouvernement Borne, du nom de la terne collaboratrice du chef de l'État installée à Matignon, d'aborder les élections législatives de juin sans trop se fatiguer.
C'est bien en effet sur ces deux personnalités, certes pittoresques, mais à certains égards mineures, que l'on cherche à attirer l'attention.
Le jour même de leur nomination, les gros moyens de désinformation tournaient dans ce sens à plein régime.
Ainsi, comment interpréter la "Une" du Monde, apparue la première sur le site du journal, sinon par : "ceux qui critiquent le nouveau gouvernement sont l’extrême droite"... donc les vaincus du scrutin.
Ne négligeons donc pas cette misérable manœuvre, mais observons ce que dès maintenant, avant même que soit connue la composition de l'Assemblée nationale, on annonce aussi, avec la promotion de notre [délicieuse] remplaçante substituée à Mme Bachelot, que la promesse présidentielle de "supprimer la redevance" va se transformer en sanctuarisation financière de l'audiovisuel "public".
Autrement dit, les quelque 5 milliards de subventions allouées aux chaînes d'État, colonisées par le monopole gauchiste, seront considérées comme relevant d'une mission alimentée directement par l'impôt. "L'information" d'État, se trouvant désormais fonctionnarisée, deviendra de plus en plus inamovible, comme l'est déjà la magistrature syndiquée rendant une "justice" supposée "indépendante". Et combien efficace : les victimes de l'insécurité le mesurent chaque jour un peu plus.
JG Malliarakis