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Mercredi noir au Parlement pour Emmanuel Macron

Quand ça veut pas, ça veut pas. Ce 3 août aura en effet été marqué par deux revers pour le président de la République au Parlement.

Le premier concerne la nomination d’Emmanuelle Wargon à la tête de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se fera sans pavoiser, sans tambour ni trompette. Auditionnée mercredi par les commissions ad hoc de l’Assemblée nationale et du Sénat, l’ancien ministre macroniste n’a obtenu que 43 voix, contre 48 voix contre (au Sénat, 13 voix, 20 contre, 1 blanc ; à l’Assemblée, 30 pour, 28 contre, 2 abstentions).

Certes, on est loin des trois cinquièmes exigés pour que cette candidature envisagée par  soit rejetée –  sera donc présidente de la CRE -, mais c’est un véritable camouflet pour le chef de l’État et sa candidate. En effet, il faut se souvenir qu’en 2017, la candidature de Jean-François Carenco à ce poste avait été approuvée à l’unanimité par les députés et les sénateurs. Une formalité.

C’est donc un signal de plus que l’absolutisme macronien est désormais derrière nous. Entre un Sénat majoritairement à  et reflet de nos « territoires » dans lesquels la greffe macroniste n’a jamais pris et une Assemblée nationale composite avec qui il va bien falloir composer, toutes les occasions sont et seront bonnes pour les oppositions de se faire entendre. Si l’audition de Wargon au Sénat a été, disons-le, plutôt technique et feutrée – ce qui n’a pas empêché les sénateurs de se prononcer largement contre cette candidature !-, le passage devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée a été plus « compliquée », en clair politique. Les élus du Rassemblement national et de la NUPES se sont attachés à démontrer que Mme Wargon ne présentait pas tous les gages d’indépendance requis pour ce poste. Certes, existe-t-il vraiment des postes indépendants dans l’appareil étatique, surtout si l’on est nommé par le Président ? Cette nomination, qui ressemble à s’y méprendre à un lot de consolation après le départ du gouvernement pour cause de défaite électorale, pose crûment la question.

Benoîtement, en déroulant devant la commission des affaires économiques son parcours professionnel, Emmanuelle Wargon explique qu’après l’exercice de hautes responsabilités dans l’administration, elle a « ouvert une page plus politique de [sa] vie en octobre 2018 qui s’est refermée avec la fin de la participation à un gouvernement et une candidature qui n’a pas prospéré aux législatives ». En français compris par tout le monde, on appelle ça une défaite, une déroute, une rouste électorale, pour ne pas dire plus et ne pas employer un mot qui rime avec « prospéré ». Dans le langage policé de ceux qui, à défaut d’un destin national, déroulent une carrière, on parle d’« une candidature qui n’a pas prospéré ». Donc, la page politique s’étant refermée, Mme Wargon ne voit pas de problème pour présenter sa candidature. Une hypothèse : si elle n’avait pas été ministre, aurait-elle été la candidate envisagée par Emmanuel Macron ? On passera sur sa rapide et efficace conversion au nucléaire : il y a parfois des miracles au détour d’un pilier des palais nationaux.

Autre camouflet pour le Président et son gouvernement en ce mercredi 3 août : l’Assemblée nationale, décidément rétive, a rejeté le projet de loi de règlement du budget 2021. D’habitude, cette validation des comptes publics de l’année précédente est aussi une formalité. Formalité, certes, mais qui doit faire l’objet d’une loi, le Parlement étant dans son rôle de contrôle de l’exécutif, notamment en ce qui concerne le budget. Les oppositions se sont donc coalisées et, par 173 voix contre 167, vont obliger le gouvernement à redéposer un projet de loi en Conseil des ministres avant de repasser devant le Parlement. Le ministère des Comptes publics relativise cette nouvelle péripétie en déclarant que ce projet de loi est un texte « technique qui revient sur l’année budgétaire écoulée et ne vise qu’à prendre acte de son exécution ». Technique, sans doute, mais aussi et peut-être, surtout, symbolique. Le symbole que le gouvernement est loin d’avoir la confiance absolue de la représentation nationale.

Georges Michel

https://www.bvoltaire.fr/mercredi-noir-au-parlement-pour-emmanuel-macron/

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