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Régente d’un royaume en proie à la guerre civile, Isabeau de Bavière semble dénuée de tout sens politique, ce qui se révèle rapidement désastreux.

Isabeau de Bavière, deuxième régente de France

Isabeau de Bavière est une figure historique particulièrement contestée. Les critiques vont bon train à son sujet : dépourvue de réelles qualités, épouse réputée volage du bien-aimé mais fou Charles VI, mère indigne du jeune Charles VII, alliée des Anglais étant à l’origine du honteux Traité de Troyes, son bilan à la tête du royaume ne semble guère positif.

Bien qu’il soit difficile de démêler le vrai du faux, la reine ayant été particulièrement calomniée, une chose est certaine : elle a trahi la France pour la vendre aux Anglais au détriment de son propre fils, le dauphin Charles. Désir de vengeance envers le royaume ou totale malhabileté politique, peu importe : son action a été désastreuse. Mais il est vrai que les circonstances étaient peu propices à un règne facile, en grande partie du fait de la folie de son époux, Charles VI.

Un heureux mariage au premier abord

Charles V le Sage désirant marier son fils, le futur Charles VI, il charge ses frères de dénicher une princesse allemande correspondant à ses vues. Leur choix se portera sur la fille du duc de Bavière, Elizabeth ou Isabelle, surnommée Isabeau. Le jeune Charles VI sera totalement séduit par la jeune fille qu’il épouse en 1385, après être devenu roi.

Le couple royal mènera alors grand train en organisant de somptueuses fêtes et banquets, qui aident le roi à sortir de la mélancolie qui commence déjà à poindre. Douze enfants naîtront de cette union, dont cinq fils qui seront successivement dauphins : l’avenir de la lignée semble ainsi assuré.

Épouse d’un roi fou et régente d’un royaume en proie à la guerre civile

La folie du roi, qui commence en 1392 dans la forêt du Mans lorsque Charles VI se met à attaquer sans raison sa suite, éloigne le couple royal. Si cela permet à Isabeau de devenir officieusement régente et donc d’acquérir un important pouvoir, elle semble contrairement à Blanche de Castille dénuée de tout sens politique, ce qui se révèle rapidement désastreux pour le royaume de France étant donné le chaos dans lequel il va plonger.

En effet, la vacance factuelle du pouvoir royal exacerbe les rivalités des différents clans de la cour, chacun cherchant à posséder le plus d’influence possible. La maladie du roi laisse ainsi éclore les tensions entre l’oncle de Charles VI, Philippe de Bourgogne, à la tête du camp des Bourguignons, et le frère de Charles VI, Louis d’Orléans, chef des Armagnacs. Si le premier fait partie de la régence via le Gouvernement des Oncles composé des frères du défunt Charles V, il est sévèrement concurrencé par le second, son propre neveu, qui désire également prendre part aux affaires du royaume.

Pour s’affirmer en tant que régente face aux oncles de son époux qui accaparent le pouvoir, Isabeau se rapproche donc tout d’abord de son beau-frère Louis d’Orléans et du clan des Armagnacs. Les rumeurs iront jusqu’à prétendre qu’elle entretient alors une liaison avec celui-ci et que le petit Charles, futur Charles VII, serait issu de cet adultère. On affirmera même que Jeanne d’Arc est elle aussi fille d’Isabeau et de Louis. Inutile de préciser que rien n’est avéré !

Après l’assassinat en 1407 de Louis d’Orléans par son cousin Jean sans Peur, fils de Philippe de Bourgogne, éclate la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Isabeau alternera alors les alliances entre les deux camps puis sera exilée à Tours en 1417 par son propre enfant, le dauphin Charles, excédé par les abus de sa mère et l’influence qu’exercerait Jean sans Peur sur elle. C’est d’ailleurs le Bourguignon qui la délivre et c’est à ses côtés qu’elle reprend son titre de régente.

Se trouvent alors face à face le futur Charles VII, soutenu par les Armagnacs, et sa mère Isabeau, appuyée par les Bourguignons menés par Jean sans Peur. Ces derniers prennent rapidement le dessus en 1418 lorsque Paris tombe entre leurs mains : Charles doit fuir et se réfugier à Bourges, ce qui lui vaudra le surnom de « petit roi de Bourges ».

La trahison ultime : le honteux traité de Troyes

Lorsque Jean sans Peur est assassiné en 1419, son fils Philippe le Bon reprend les rênes du clan des Bourguignons. Fort du pouvoir qu’il a acquis dans la capitale, il propose alors la Couronne de France au roi anglais Henri V. Le malheureux dauphin Charles, futur Charles VII, est alors ni plus ni moins déchu de ses droits par cette alliance anglo-bourguignonne, via le traité de Troyes de 1420. Charles VI poussé par sa femme y renie son fils et autorise le mariage de leur fille Catherine à Henri V, ce dernier étant alors nommé régent. Le jeune couple aura un fils, Henri, proclamé roi de France et d’Angleterre lorsque son père Henri V et son grand-père Charles VI meurent tour à tour, à quelques semaines d’intervalle, en 1422.

Il est difficile de comprendre et de justifier le comportement d’Isabeau. Il n’est certes pas facile de s’imposer pour une reine, épouse d’un roi fou et entourée d’intrigants ne désirant qu’une chose, s’approprier le pouvoir royal et gouverner la France. D’autant plus dans le contexte d’une guerre civile où se déchirent oncle et frère du roi !

Pour autant, imagine-t-on Blanche de Castille s’alliant avec les Anglais et déshéritant son fils Louis IX ? Isabeau semble avoir cruellement manqué à ses devoirs maternels, alors qu’elle possédait un pouvoir certain pendant les trente ans de la folie de Charles VI : elle aurait dû consacrer tous les moyens dont elle disposait à consolider le trône devant revenir à ses fils plutôt que de contribuer à l’alliance anglo-bourguignonne.

L’échec d’Isabeau et la défaite des Bourguignons

La situation politique du royaume de France, proche de passer sous domination anglaise, paraît alors désespérée. Heureusement, les erreurs de la régente Isabeau seront réparées.

D’une part, le traité de Troyes aboutira à l’édiction d’une nouvelle loi fondamentale du royaume disposant que la Couronne est indisponible : le roi ne peut ni abdiquer, ni la transmettre à la personne de son choix, ni la céder à une puissance étrangère. Cet acte ne possède donc aucune valeur juridique : le dauphin Charles est l’héritier du trône de France et nul ne peut le contester, pas même le roi son père.

D’autre part, la politique désastreuse d’Isabeau sera sauvée par une autre femme, Jeanne d’Arc, qui fera sacrer le roi Charles VII le 17 juillet 1429 à Reims après avoir été victorieuse sur le champ de bataille.

À la mort de son époux en 1422, c’en est fini du règne d’Isabeau. Retirée à Paris, vivant recluse, elle est rapidement oubliée et meurt en 1435 dans la misère, quelques jours après le traité d’Arras qui met fin à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

Souvent calomniée, à tort ou à raison, elle a en réalité surtout joué de malchance : entre un roi fou et une famille royale prête à tout pour posséder la moindre parcelle de pouvoir, il était compliqué pour notre régente de tirer son épingle du jeu. Il est néanmoins dommage qu’elle ne se soit pas plus inspirée de sa prédécesseur Blanche de Castille, à défaut de posséder son sens politique, ce qui l’aurait sans doute poussée à prendre de meilleures décisions pour son fils, et donc pour le royaume.

Diane A. Roger – Promotion Tolkien

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