Si on veut comprendre pourquoi et comment la guerre du Donbass a éclaté début 2014 après le coup d’état du Maïdan, il faut remonter aux origines du problème. Aux origines de l’instabilité intrinsèque de l’Ukraine, qui se trouve dans l’histoire même de ce pays encore jeune. Car les historiens ukrainiens ont beau essayer de réécrire l’histoire de leur pays pour lui donner plus de consistance, les faits sont têtus. Pour trouver la première mention d’un état ayant Kiev pour capitale et rassemblant ne serait-ce qu’une partie des territoires de l’Ukraine actuelle, il faut remonter 12 siècles en arrière.
La Rus’ de Kiev
Au 9e siècle, les Scandinaves s’installent un peu partout le long de leurs routes commerciales, colonisent de nouvelles terres et fondent de nouvelles villes. À l’Est, ils s’installeront et créeront ainsi les villes de Novgorod puis la future Kiev. Si les deux villes forment des principautés séparées au départ, elles seront unies à la toute fin du 9e siècle, et la capitale passera de Novgorod à Kiev.
Cet état, qui au maximum de son expansion couvre les territoires allant du Nord-Ouest de l’actuelle Russie au Centre et à l’Ouest de l’Ukraine actuelle en passant par la Biélorussie et une partie de la Pologne, de la Lituanie et de la Hongrie, sera nommé la Rus’ de Kiev (le mot Rus’ vient du surnom qui était donné aux Scandinaves à l’Est : les Rus ou Ros). Cet état existera pendant un peu plus de trois siècles, mais sera presque toujours instable.
Au départ peuplée majoritairement de différents peuples slaves et de scandinaves, tous païens, la Rus’ de Kiev sera christianisée à partir de la fin du Xe siècle, et son église sera issue et inféodée à celle de Constantinople. C’est donc naturellement, qu’après le schisme de 1054, la Rus’ de Kiev resta fidèle au rite byzantin et devint donc un état Orthodoxe. Cette question religieuse aura une importance non négligeable pour la suite de l’histoire de la future Ukraine.
La Rus’ de Kiev était une fédération féodale, c’est-à-dire un système de principautés inféodées à celle de Kiev. Le Grand Prince contrôlait la principauté de Kiev, et ses parents et vassaux, placés dans les autres grandes villes de la Rus’, lui payaient un tribut. Un tel système, de par le jeu des successions, ne pouvait mener qu’à un état instable, chaque principauté étant dirigée par un membre de la famille princière qui pouvait revendiquer un droit à la succession au trône de Kiev.
Et très logiquement, c’est exactement ce qui s’est passé. Au XIIe siècle, ces luttes intestines entre principautés entraînèrent le déclin de la Rus’ et Kiev perdit son statut de capitale. La ville fut alors saccagée par de nombreuses tribus, et en 1240, les Mongols prennent Kiev. C’est la fin de la Rus’ de Kiev, et il faudra attendre le XXe siècle, avant que Kiev ne redevienne une capitale.
Divisions et intégrations des différents territoires de la Rus’ entre les états voisins
Pendant plus de sept siècles, les territoires actuels de l’Ukraine et leurs habitants seront divisés et passeront alternativement sous domination mongole, lituanienne, polono-lituanienne (en 1569 la Pologne et la Lituanie sont rassemblées au sein de la République des Deux Nations), autrichienne et enfin russe à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle.
La domination polono-lituanienne sera marquée par des problèmes d’ordre religieux, car la République des Deux Nations est catholique, alors que les territoires de l’ancienne principauté de Kiev sont Orthodoxes. Pour échapper aux discriminations, beaucoup acceptent alors d’être rattachés à l’église de Rome, et en 1596 est signé le traité d’Union de Brest.
Si l’Ouest de l’Ukraine actuelle et ses élites se convertissent sans difficulté, c’est une toute autre histoire pour les cosaques qui vivent dans la zone autour de Zaporojié. Supportant mal la domination polono-lituanienne, les cosaques sous les ordres de l’Hetman Bogdan Khmelnitski se soulèvent au début du XVIIe siècle.
Culturellement et religieusement proches des Russes, les cosaques se rallient de manière naturelle aux Russes, et le 8 juin 1648, Bogdan Khmelnitski envoie une lettre au tsar où il dit vouloir rejoindre la Russie. Cette intégration de la Zaporoguie au sein de la Russie sera actée par le traité de Pereïaslav de 1654, et déclenchera la guerre russo-polonaise (1654-1667), à l’issue de laquelle la Pologne doit céder à la Russie la rive gauche du Dniepr dont Kiev. Le reste des territoires de l’actuelle Ukraine restera sous contrôle polono-lituanien. Ces territoires seront conquis par l’empire russe au XVIIIe siècle.
Contrairement aux mythes véhiculés par les historiens ukrainiens, il n’y a pas eu de persécution linguistique de ces territoires, la preuve en est qu’au XVIIe siècle, lors de la formalisation de la langue russe, des intellectuels de toute l’ancienne Rus’ sont appelés, y compris ceux de Kiev ou de Galicie pour perfectionner la langue russe. Certains seront même des promoteurs du concept de trinité du peuple russe qui serait réparti entre la Vélikorussie (la Grande Russie), la Malorussie (la Petite Russie) et la Biélorussie (la Russie Blanche).
À l’époque, le mot Ukraine servait à désigner une zone de bordure, la frontière de l’état auquel cette zone appartenait (en russe Kraï veut dire extrémité). On voit donc bien que ce terme ne désignait pas une nation ou un peuple en particulier. Ce sont les élites polonaises qui vont utiliser ce mot pour créer un nouveau concept et une nouvelle idéologie nationaliste, et forger de toutes pièces le mythe ukrainien.
Le but pour la Pologne était d’essayer de récupérer ses possessions que s’étaient partagées la Russie, l’Autriche et la Prusse en provoquant des soulèvements contre les « occupants ». Pour cela il fallait convaincre ces populations malorusses qu’elles étaient plus proches des Polonais que des Russes (si cela vous rappelle les arguments et slogans pro-UE du Maïdan, c’est normal, maintenant vous savez d’où ça vient).
Grâce à leurs hautes fonctions au sein de l’empire russe, certains de ces nationalistes polonais vont ainsi noyauter totalement le système éducatif de la Malorussie, et y implantent durablement le mythe ukrainien. C’est ce mouvement qui amènera à la formalisation de la langue « ukrainienne », qui est vu au départ comme sans conséquence pour l’empire russe. Et pour donner une idée de l’importance de cette langue, en 1861, le journal en ukrainien Osnova ferme, faute de lecteurs, ce qui montre bien que peu de gens lisaient l’ukrainien au XIXe siècle.
Mais après le soulèvement polonais de 1863-1864, les autorités russes comprennent enfin le danger de ce projet ukrainien, et font interdire l’impression d’ouvrages en langue ukrainienne, à cause de la collaboration qui s’était établie entre certains Malorussiens et la rébellion polonaise. C’est de là que vient le mythe de la répression de la langue ukrainienne.
L’Autriche n’est pas en reste en ce qui concerne le soutien à des mouvements nationalistes locaux. Cette fois c’est justement pour empêcher la Pologne de récupérer certains territoires comme la Galicie, que l’Autriche va soutenir la création d’une identité galicienne basée sur le peuple ruthène qui ne soit ni polonaise, ni russe. Cette opposition entre l’identité ruthène et l’identité russe (alors qu’en réalité ce sont deux branches d’un même peuple) va se retrouver plus tard dans le nationalisme ukrainien. La langue ukrainienne sera promue, et même imposée en Galicie, mais cela ne marche pas bien. Le Russe reste la langue majeure en Galicie.
Fidèles à l’Autriche lors de plusieurs soulèvements, les Galiciens recevront en cadeau l’étendard bleu et jaune qui deviendra le drapeau de l’Ukraine en 1991. En 1914, les Galiciens qui se considèrent comme Ukrainiens aideront l’Autriche-Hongrie à massacrer les Galiciens soupçonnés d’être pro-Russes (quand je dis que l’histoire bégaye souvent).
L’Ukraine sous l’URSS
Il faudra attendre 1917 et la révolution bolchevique pour changer la donne, avec l’apparition de la République Populaire d’Ukraine, crée par Mykhaïlo Hrouchevsky. C’est aussi à cette époque qu’est créée la Rada (le parlement ukrainien). Les bolcheviques puis les Allemands en 1918 briseront ce premier essai d’un état ukrainien. L’Allemagne met en place un gouvernement d’occupation, et si dans un premier temps l’armée allemande va jusqu’à Rostov et la Crimée, elle se retire, et restitue Donetsk aux bolcheviques afin ménager de bonnes relations avec eux (il faut rappeler que l’Allemagne a financé les bolcheviques jusqu’à la fin de la guerre).
Une fois vaincus, en novembre 1918, les Allemands se retirent en pillant Kiev, qui sera ensuite occupée par Simon Petlioura, les bolcheviques, le général russe blanc Anton Denikine, puis de nouveau les bolcheviques en 1920. Pendant ce temps, la Pologne essaye de profiter du chaos qui règne pour recréer une grande Pologne, ce sera la guerre russo-polonaise qui se terminera par le traité de Riga de 1921. La Pologne prend possession de la Galicie (ancienne possession autrichienne) et la République Socialiste Soviétique de Russie récupère le reste de ce qui formera la RSS d’Ukraine. Cet état correspond à l’Ukraine ante-Maïdan, moins la Galicie, la Volhynie et la Crimée.
Comme on peut le voir ce sont les soviétiques qui ont créé l’Ukraine en tant qu’état, avec des frontières clairement définies, et qui ont donné vie au peuple ukrainien des mythes nationalistes en collant l’étiquette « Ukrainiens » à tous les Russes et Malorusses qui vivaient sur le territoire nouvellement créé. Le pays a d’ailleurs dû passer par une phase d’ukrainisation forcée pour essayer de faire prendre corps au mythe ukrainien, avec enseignement de l’ukrainien obligatoire à l’école, impression de livres et d’articles en ukrainien, etc.
Si l’Ukraine existe c’est grâce aux soviétiques. Il est donc assez paradoxal aujourd’hui de voir ces mêmes Ukrainiens vouloir décommuniser leur pays et détricoter tout ce que l’URSS a fait dans leur pays. Car si on pousse cette logique jusqu’au bout il faudrait purement et simplement faire disparaître le pays.
L’Holodomor, présenté par les historiens ukrainiens comme un génocide de la Russie contre l’Ukraine, est l’une de ces falsifications de l’histoire dont ils sont coutumiers. Il faut se rappeler que cette tragédie a non seulement touché les Ukrainiens, mais aussi les Russes et les Kazakhs (voir l’article paru sur Réseau International dans les sources). Il faut rappeler aussi que la Galicie et la Volhynie, appartenant alors à la Pologne, n’ont pas subi de famine. Ces régions n’ont donc aucune raison objective de reprocher aux Russes une famine qu’elles n’ont pas subie.
Puis la Seconde Guerre Mondiale éclate, la Galicie est rattachée à l’Ukraine lors du partage de la Pologne de 1939, et le nationalisme ukrainien (dont le berceau est dans l’Ouest du pays), créé par le nationalisme polonais et l’empire Austro-hongrois, va engendrer un monstre qui va se retourner entre autre contre ses créateurs. Le fanatisme qui était responsable des massacres de Galicie en 1914, va pouvoir se déchaîner à plus grande échelle.
Des organisations comme l’OUN (organisation des nationalistes ukrainiens) et son bras armé, l’UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne) vont collaborer activement avec les Nazis en espérant ainsi se débarrasser des soviétiques et pouvoir fonder une Ukraine indépendante. Plusieurs dizaines de milliers d’Ukrainiens s’engageront aussi dans la Waffen SS Galicie. Les nationalistes ukrainiens, et les sbires de Stepan Bandera et Roman Choukhevytch, massacreront des centaines de milliers de Polonais, de juifs, de tziganes, et de Russes pour le compte des Nazis. Ils se comporteront en serviteurs zélés de ceux qui les considèrent comme des sous-hommes, de simples esclaves.
Après la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie, ces mouvements entrent dans la clandestinité en Ukraine et continuent la lutte armée contre les soviétiques. Le dernier membre de l’OUN est arrêté en 1958. Mais dès 1953, la CIA va soutenir et financer ces mouvements nationalistes ukrainiens, espérant pouvoir les utiliser comme 5e colonne en cas de guerre contre l’URSS. Que leur idéologie soit la même que celle des Nazis, peut importe, c’était la guerre froide et la fin justifiait les moyens pour les États-Unis.
Entre temps, la Galicie et des territoires peuplés de Roumains et de Hongrois ont été ajoutés définitivement au territoire ukrainien par Staline en 1945 (pour avoir des frontières communes avec la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Roumanie), et la Crimée par Khrouchtchev en 1954 (en violation des lois de l’URSS).
L’Ukraine indépendante
En 1991, c’est la chute de l’URSS. La RSS d’Ukraine devient l’Ukraine indépendante que l’on connaît, mais pas sans heurts. Car pendant toute la durée de l’URSS, l’Ukraine ne faisait qu’appliquer les directives de Moscou, résultat les dirigeants ukrainiens étaient de simples administrateurs, et ce mode de fonctionnement va perdurer après la chute de l’URSS. Seule l’origine des ordres changera, on passera de Moscou à Washington et Bruxelles.
Les relations avec la Crimée seront d’ailleurs assez houleuses. Alors que les mouvements ultra-nationalistes ukrainiens refont surface à la chute de l’URSS, un référendum a lieu en Crimée le 20 janvier 1991 qui consacre avec 94,3 % des votants, le rétablissement de la République socialiste soviétique autonome de Crimée. L’Ukraine ne deviendra indépendante que six mois après la péninsule, et va s’asseoir sur les résultats du référendum criméen, accordant juste un statut d’autonomie à la Crimée.
Un deuxième référendum aura lieu le 27 mars 1994, et portait sur trois questions: l’élargissement de l’autonomie de la République de Crimée, la possibilité de la double nationalité pour les habitants de la Crimée (russe et ukrainienne) et l’élargissement des pouvoirs du Président de Crimée. Le oui étant majoritaire pour chacune des trois questions, les mesures furent adoptées. Mais cela ne fut pas du goût de Kiev, qui le 17 mars 1995 envoya des unités spéciales pour destituer le président de la république de Crimée, Iouri Mechkov et reprit le contrôle de la Crimée.
Pendant ce temps, les États-Unis rêvaient de pouvoir mettre en œuvre les plans de l’ex-conseiller du président américain, Zbigniew Brzezinski, visant à séparer l’Ukraine de la Russie pour affaiblir cette dernière et pouvoir à terme la dépecer. La CIA, devenue experte en renversements de régimes grâce à son expérience acquise en Amérique du Sud va être mise à contribution, pour mettre en place en Ukraine un gouvernement favorable à Washington.
Ce sera la fameuse révolution orange de 2004. Les manifestants contestent l’élection de Viktor Ianoukovytch jugé plus pro-russe, face à Viktor Iouchtchenko. Résultat, la cour Suprême ukrainienne annule le résultat du vote, et un nouveau vote donne Iouchtchenko gagnant. Ce sera la première tentative de rapprocher de manière importante l’Ukraine de l’UE et de l’OTAN. C’est d’ailleurs pendant la présidence de Iouchtchenko que Stepan Bandera, le collaborateur nazi sera décrété Héros de l’Ukraine. Mais cela va tourner au fiasco.
L’alliance du nouveau président avec Ioulia Tymochenko ne va tenir que quelques mois, elle sera remplacée comme premier Ministre, Viktor Ianoukovytch, le candidat évincé occupera même ce poste, avant le retour de Tymochenko de 2007 à 2010. Ces querelles intestines au sein du gouvernement, et les conflits gaziers successifs avec la Russie vont précipiter la chute du mouvement issu de la révolution orange, et en 2010, Viktor Ianoukovytch est élu président de l’Ukraine. C’est lui qui va devoir faire face, trois ans plus tard à la seconde tentative de prise de contrôle du pays par les États-Unis : la révolution du Maïdan.
Comme on le voit, l’Ukraine est un état artificiel et fragile, parcouru de nombreuses lignes de fractures ethniques, linguistiques, religieuses, et culturelles. Pour rester unie, il lui faut maintenir un équilibre qui a été mis à mal par les États-Unis qui ont financé et soutenu les mouvements nationalistes fanatiques, dont l’idéologie doit clairement être décrite comme néo-nazie. Ces « nationalistes ukrainiens » étant contre tout ce qui n’est pas eux dans un pays profondément divisé, l’implosion du pays était inévitable. Et c’est malheureusement ce qui est arrivé en 2014 (la suite dans un prochain article).
Christelle Néant
Sources :
– Ukraine – Pourquoi la France s’est trompée, de Xavier Moreau
– Les Vikings, de Régis Boyer
–Úlfarsaga – Le temps des loups de Néant Christelle
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Rus’_de_Kiev
– https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9paration_des_%C3%89glises_d%27Orient_et_d%27Occident
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Pere%C3%AFaslav_(1654)
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_paix_%C3%A9ternelle_de_1686
– https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_des_Deux_Nations
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_sovi%C3%A9to-polonaise
– https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9publique_socialiste_sovi%C3%A9tique_d%27Ukraine
– http://reseauinternational.net/qui-a-organise-la-famine-de-1932-1933-en-urss/
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Collaboration_en_Ukraine_durant_la_Seconde_Guerre_mondiale
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Arm%C3%A9e_insurrectionnelle_ukrainienne
– https://fr.wikipedia.org/wiki/14._Waffen-Grenadier-Division_der_SS_Galizien
– http://reseauinternational.net/la-cia-travaille-a-destabiliser-et-a-nazifier-lukraine-depuis-1953/
– http://stoprussophobie.info/index.php/top-actu-menu/item/95-qui-a-annexe-la-crimee
– https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_1991_en_Crim%C3%A9e
– https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9f%C3%A9rendum_de_1994_en_Crim%C3%A9e
– https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_orange