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Cette étrange notion de « parti de gouvernement », par Maxime Tandonnet

La notion est à la mode. Dans les échanges professionnels ou privés, dans la presse il est fréquemment question de « parti de gouvernement ». En principe, le parti politique est un outil de la démocratie prévu par la Constitution. Il a pour mission de préparer un projet et de soutenir des candidats en vue de gagner les élections, de s’opposer le cas échéant et d’exercer le pouvoir. Il concourt à l’exercice du suffrage universel. A cette fin, il dispose de financements publics.

Le traitement des partis politiques sur un pied d’égalité d’un point de vue juridique est un fondement de l’état de droit. La notion de parti de gouvernement est absurde d’un point de vue démocratique. Elle suppose que certains partis ont vocation à gouverner et d’autres non. Elle opère un clivage entre partis respectables et non respectables.

Elle revient ainsi, indirectement, à introduire une inégalité entre les électeurs, selon leur préférence partisane: certains ont vocation à être représentés au pouvoir, d’autres ne l’ont pas. L’idée de parti de gouvernement est contraire à un principe de base de la démocratie et du suffrage universel selon lequel tous les citoyens sont égaux par leur vote. Pour être clair, la question est posée à propos du PS qui « ne serait plus un parti » de gouvernement dans la mesure où il s’oppose au macronisme et LR jouerait son statut de « parti de gouvernement » à travers son choix de soutenir ou de s’opposer à la réforme des retraites. Bref, le critère du parti de gouvernement est celui du ralliement partiel ou total au macronisme.

La question n’est pas de savoir si la réforme est utile et opportune. Qui ne se positionne pas en conformité avec la ligne macronienne sort du champ de la respectabilité ou de l’honorabilité, la réputation de sérieux, sésame de la légitimité à exercer le pouvoir. La logique implicite est bien celle du parti unique et de la négation de la possibilité d’une opposition et d’une alternance éventuelle. En gros, la politique moderne ne laisse de choix qu’entre l’obséquiosité et la courtisanerie ou la marginalité… Rien n’est plus fascinant que cette banalisation d’une pensée totalitaire sous le manteau tranquille de la respectabilité.

Maxime Tandonnet

Texte repris du blog de Maxime Tandonnet

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