C’est d’une journaliste de Mediapart, Ellen Salvi, dont on salue ici le sens de la synthèse. Ce dimanche après-midi, elle a posté sur Twitter l'extrait d’un article de Thibaud Métais et Ivanne Trippenbach, publié dans Le Monde le même jour. Article intitulé « Olivier Dussopt, l’écorché de la réforme des retraites ». Ces journalistes auraient été rosses, ils auraient évoqué l’écartelé de la réforme des retraites, quand on connaît le passé simple et pas très antérieur de l’ancien député socialiste qu’est Dussopt. Disons alors l’écorché et l’écartelé, histoire de faire bon poids. Mais ce n’est pas le sujet.
Le sujet pointé par la journaliste de Mediapart, c’est les relations qui ont pu se nouer, disons subrepticement, durant ce débat homérique sur la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, entre la majorité et le groupe Rassemblement national. Bon, on se calme, on n’est pas en train de vous dire qu’on va assister à un renversement des alliances fantastique sur notre échiquier politique. Non, mais de petits détails relatés dans cet article du Monde veulent peut-être dire beaucoup. En tout cas, ils n’ont pas manqué de sortir de son repos dominical la journaliste de Mediapart. Voici : « Marine Le Pen debout, applaudie par les députés de la majorité, alors qu’elle venait de faire lever son groupe en soutien au ministre malmené. […] Un peu plus tard, Olivier Dussopt croise la représentante de l’extrême droite dans un couloir. "Merci pour vos mots", lui dit-il. "C’est normal", répond-elle du tac au tac. L’Ardéchois n’oublie rien. Quelques jours après, le calme est revenu. "Elle a été bien plus républicaine que beaucoup d’autres dans ce moment-là", justifie l’ancien socialiste auprès du Monde, en ciblant "une partie de la gauche". »
Bien sûr, Olivier Dussopt ne va pas rejoindre le Rassemblement national et Marine Le Pen le gouvernement, mais il faut bien avouer qu’avec de tels épisodes, on est loin de l'exclusion du fameux « arc républicain » si cher à Élisabeth Borne, qui d’ailleurs a sans doute été très heureuse qu’un tâcheron se coltine le sale boulot dans l’Hémicycle. On pourrait, du reste, relater un autre épisode qui a finalement été peu relevé durant ces débats : celui où des députés RN se levèrent pour applaudir Yaël Braun-Pivet lorsqu’elle sortit de ses gonds à juste titre après avoir été attaquée, assez salement, il faut bien le dire, par une députée LFI sur sa possession d’actions Total. Mais puisqu’on évoque cet « arc républicain », il est évident que par le comportement d’un grand nombre de ses députés, la NUPES a semblé vouloir s’extraire d'elle-même de cet arc.
Le 20 février dernier, un sondage pour le JDD révélait que derrière les syndicats (43 %), le Rassemblement national incarnait « le mieux l’opposition à la réforme des retraites » pour 25 % des Français, juste devant la NUPES (23 %) et bien loin devant les LR (9 %). L’écart entre le RN et la NUPES est certes faible, mais il sera intéressant de connaître l’impact final sur l’électorat, notamment populaire et des classes moyennes, de cet épisode parlementaire où la NUPES n'a pas montré son meilleur visage ou, pour tout dire, a révélé sa vraie nature. En début de législature, on reprochait aux députés RN de mettre une cravate. Ils faisaient ça pour faire fréquentable mais il fallait se méfier de ces personnes trop propres sur elles. Puis on a découvert qu’ils travaillaient. Pas possible ! Et voici que Marine Le Pen aurait été bien plus républicaine que beaucoup d’autres. Effectivement, on risque d’avoir un très gros problème en 2027. Au fait, c’est qui, « on » ?
Thomas Bertin
https://www.bvoltaire.fr/on-va-avoir-un-tres-gros-probleme-en-2027/