Après avoir édité un ouvrage très inspiré, La Religion des Celtes, l’univers germain s’est tout naturellement imposé à l’auteur.
De formation universitaire, c’est par la littérature ancienne et moderne des pays germaniques qu’il commence par s’intéresser au sujet, qu’il approfondira en y intégrant la linguistique, la mythologie et le folklore. C’est l’ensemble du monde germanique ancien qui sera étudié, du vieil-islandais à la littérature norroise, du gothique au vieux et moyen haut-allemand, de l’histoire et des institutions des anciens Germains.
Comme l’explique son traducteur Jean-Paul Allard dans sa préface, c’est à lui que revient le mérite d’avoir tranché la présence de la trifonctionnalité dans le monde germanique. Jan de Vries reconnaît par ailleurs le rôle primordial des origines indo-européennes de la civilisation germanique (influence que l’on retrouve dans les légendes germaniques et le genre épique). Et Jean Allard d’ajouter : « Ce fut là l’origine d’un article de pionnier sur Homère et la chanson des Nibelungen et de deux autres, non moins novateurs, sur Le Motif du combat du père et du fils dans le chant de Hildebrand et sur Le Conte irlandais Aïded Oenfir Aïfe et le thème dramatique du combat du père et du fils dans quelques traditions indo-européennes. »
L’ouvrage, avec ses mises en relief (valeurs éthiques, comportements, art et religion), est tout à fait passionnant, qui plus est pour un Français qui ne connaît que si peu son voisin d’Outre-Rhin, mais avec qui il partage pourtant Charlemagne ! De même, bien que nous l’ayons oublié, il fut un temps où les écrivains et poètes regardaient avec sympathie les idées du Sturm und Drang…
Le colloque organisé par Iliade cette année nous expose les changements anthropologiques opérés depuis ces dernières décennies. Il nous montre également les fondamentaux qui nous définissent. Jan de Vries à l’entame de son étude nous livre une pensée qui rajoute une petite pierre à l’édifice de cette journée : « […] à chaque fois que nous voulons nous faire une idée de l’essence des siècles passés, nous nous interrogeons sur ce qu’ils signifient pour nous. Nous sommes comme des voyageurs qui se préparent à un long voyage à travers le temps et, comme tout voyageur, nous n’emmenons en voyage que nous-mêmes. Ne sont-ce pas nos yeux qui observent le monde, n’est-ce pas notre propre esprit qui se fait un jugement ? Nous ne nous débarrassons jamais de nous-mêmes. »
Être soi-même, c’est avant tout se connaître, savoir d’où l’on vient…
Jan de Vries, L’Univers mental des germains, éditions des Amis de la culture européenne, 2022.
Ce texte a été publié dans le hors-série de Livr’Arbitres « Colloque Iliade 2023 ». Pour vous procurer ce numéro et soutenir la revue Livr’Arbitres, cliquez ici.
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