Finalement, on ne sait pas trop à quoi servent les sondages. Plus des trois quarts de la population sont contre la réforme des retraites, mais le gouvernement l'a fait adopter aux forceps en méprisant l'avis de la population. Plus des trois quarts de la population sont contre l'immigration incontrôlée, mais on ne touchera pas au sujet. Au fond, on se demande bien à quoi sert de demander leur avis aux gens, puisque, de toute façon, ça n'intéresse pas le pouvoir.
À rebours de ce que semble penser Gérald Darmanin, dont le reste de crédibilité vient de s'effondrer, les gens ne sont pas des imbéciles. Ils ont des yeux pour voir le Grand Remplacement, des oreilles pour entendre ce que nos hôtes pensent de nous. Ils ont des enfants qui se font agresser et des amis dont la maison est squattée. Ils font leurs courses dans des quartiers presque entièrement africanisés et, malgré la présence constante de la propagande télévisuelle dans leur maison, à la manière du télécran d'Orwell qu'il est interdit d'éteindre, ils ont bien conscience que l'invasion progressive de leur pays n'est pas tout à fait la chance qu'on leur avait promise. Les neurochirurgiens du Wakanda tardent à débarquer sur nos côtes. Les amoureux de Hugo, dont parlait Yann Moix chez Ruquier il y a quelques années, ne sont finalement pas légion à bord des Zodiac™ méditerranéens. Alors, forcément, parce que le réel est fasciste, ils en ont marre qu'on leur raconte des craques. C'est plutôt normal, et même assez estimable.
Il n'y aura, évidemment, pas de loi sur l'immigration (sans même oser parler de loi « contre » l'immigration). Toute opposition à la suppression programmée de la France se heurtera aux discours des belles âmes : pays des Lumières contre discours de haine, passions tristes contre générosité et bienveillance. Marine Le Pen fait 42 % au second tour avec un discours ferme sur le sujet, mais on peut sans complexe mépriser tous ces sales nazis. Seraient-ils 82 % que cela ne changerait rien ; on en a la preuve avec ce sondage. Même s'il ne restait que quelques centaines de hauts fonctionnaires hors-sol pour dire que l'immigration est une richesse, ce seraient eux qui auraient raison.
Combien de temps le peuple supportera-t-il de se laisser ainsi ignorer et mépriser ? Combien de temps pourra-t-on cracher sur la France et torturer les Français impunément ? À vue humaine, ça semble mal barré. N'ayons cependant pas d'amertume : si nous avions été français en 1427, quand la moitié du pays était sous domination anglaise, quand le petit roi de Bourges, terré dans des palais miniatures au milieu d'une cour de pacotille, hésitait à reprendre le pouvoir, nous n'aurions pas eu beaucoup de raisons d'espérer. Deux ans plus tard, Jeanne d'Arc reprenait Orléans et faisait sacrer Charles VII à Reims. La France est le pays qui se réveille à minuit moins deux avant l'apocalypse. C'est, historiquement, comme cela que nous avons survécu. Prenons donc patience et courage, face aux renoncements toujours plus odieux d'un pouvoir qui n'en fait qu'à sa tête. Gardons l'espérance - même si l'heure tourne. 82 % de lucidité, ce n'est déjà pas si mal. Politiquement, on vient d'apprendre que ce n'était rien.
Arnaud Florac
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