Nouveau directeur de la rédaction de Valeurs Actuelles, Tugdual Denis écrit :
Vous avez été nombreux ces derniers jours à nous écrire afin de nous communiquer votre émoi, et votre besoin d’en savoir plus. Cela ne nous étonne guère : vous avez toujours été directs et prolifiques dans vos remarques. Nous sommes ici en famille. On s’étreint, on se gronde, on se rassure. Nous sommes soucieux les uns des autres.
Il y a entre vous et nous un pacte. Pas le pacte des formules ; celui passé en se regardant au fond des yeux et du cœur, celui qui oblige. Voici la vérité.
Le départ de Geoffroy Lejeune ne laisse personne insensible. Il était plus qu’un directeur de la rédaction : un ami, un grand frère, un exemple.
Permettez-moi quelques mots sur une expérience personnelle. J’ai commencé à travailler avec Geoffroy il y a sept ans, durant le mois de juillet 2016. À partir d’octobre 2018, ce garçon pas comme les autres m’a nommé directeur adjoint de la rédaction et permis de vivre les plus intenses et agréables années de ma vie professionnelle. À ses côtés, j’ai découvert comment le journalisme pouvait être transcendé par un esprit mousquetaire, et se déployer hors des pages pour tonner plus fort, encore, contre l’air ambiant. Ensemble, nous avons confectionné en cinq ans un peu moins de 250 couvertures de “VA”. Comme nous sommes intrépides, et, je crois, complémentaires, cela se déroulait parfois à toute allure. J’en garderai à vie le souvenir de moments fluides, féconds, formateurs ; épatants.
Aujourd’hui, il va nous falloir apprendre à vivre sans lui, et il n’y a aucun salarié de cet immeuble qui n’éprouve pas un sentiment de vertige. Nous allons continuer à faire le même journal, avec un unique objectif : faire en sorte que votre magazine soit le meilleur possible chaque semaine. Nous le devons parce que cette marque est belle, sensible et forte à la fois, et parce que nous avons trop d’ennemis paresseux pour leur offrir le spectacle facile d’une quelconque inertie.
Valeurs actuelles a été, est et demeurera un journal de droite conservatrice. Nous en avons eu la garantie absolue et la promesse de la part de notre propriétaire. De très nombreuses fois, dans ces murs, nous avons eu cette discussion et sommes toujours tombés d’accord sur la conclusion : notre ligne politique ne se définit jamais mieux que par notre ligne éditoriale. Il s’agit de tenter de décrire nous-mêmes ce que nous estimons être la droite. Par nos choix de unes détonnantes, d’enquêtes abrasives, de portraits de personnalités que nous voulons mettre en avant, de situations que nous tenons à dénoncer. Par nos reportages dans les endroits qui dérangent, par nos récits des événements qui élèvent.
Les thématiques fortes qui sont les nôtres ne changent pas, ne changeront pas : la culture française et classique, l’histoire et la religion dans leurs profondeurs, un regard mûr sur la géopolitique, une recension sans concession de la vie politique, un portrait éclairant et lucide de la société.
Le contexte dans lequel nous évoluons, vous le connaissez. Les enjeux politiques, sociétaux et culturels de notre époque nous conduisent à la plus grande des vigilances. Certains nous qualifieront de déclinistes. Nous leur opposerons simplement que nous avons le sens du tragique. Ainsi que du réel. L’affaissement du catholicisme et la dilution de sa puissance matricielle bousculent notre pays. Combiné au surgissement d’un progressisme toujours plus woke et déconstructeur, cela produit des basculements anthropologiques majeurs que nous nous devons de blâmer, de surmonter. L’immigration massive pose des questions démographiques et civilisationnelles que nous ne cesserons de soulever, malgré les interdits moraux.
Vous avez très récemment lu chez nous un dossier sur l’asile, ou pour rendre gloire à Henri, le héros d’Annecy. Toujours, nous explorerons les pistes du sursaut. Cette semaine, vous découvrez une couverture sur la mouvance traditionaliste dans l’Église catholique, en plein essor. Inlassablement, nous cheminerons ainsi sur les sentiers de l’anticonformisme. Nous ferons mentir ceux qui pensent qu’il ne peut y avoir de presse de droite courageuse en France. Valeurs actuelles ne viendra jamais garnir le cimetière des victimes du politiquement correct. Et vous, vous qui nous regardez avec bienveillance, avec inquiétude, ou les deux à la fois, sachez que nous donnerons le meilleur de nous-mêmes. Car nous vous le devons, et nous le devons à la grande histoire de ce journal qui ne sera jamais comme les autres.
Malgré les départs de Charlotte d’Ornellas, Gilles-William Goldnadel et Baudouin Wisselman, VA compte donc poursuivre sur la même ligne. Et le numéro de cette semaine, consacré au renouveau “tradi” n’est pas là pour le contredire, avec un dossier dirigé par Laurent Dandrieu, qui a interrogé le cardinal Müller, évoque le succès du récent pèlerinage de Chartres, publie le témoignage de l’abbé Jérôme Sévillia, prêtre de la Fraternité Saint-Pierre, ou encore ces défenseurs du latin venus d’horizons divers comme Max Guazzini, Sonia Mabrouk et Charles Beigbeder.